crédit photo: Marc-Étienne Mongrain
Galaxie

Galaxie aux Grands Bois | À demain peut-être, des attentes confirmées à Saint-Casimir

Le 12 avril, sous l’écho du titre prémonitoire de son dernier album, À demain peut-être, Galaxie a confirmé ce que les mélomanes espéraient. Après une absence de six ans, l’énergie contagieuse et l’audace sonore du groupe ont marqué un retour très apprécié. C’est à la salle de la microbrasserie Les Grands Bois, à Saint-Casimir, que leur nouvelle tournée a été inaugurée.

Dans un élan spontané et créatif, les nouvelles chansons ont été lancées sans le tapage habituel. Le 2 février dernier, l’album À demain peut-être est apparu discrètement, démontrant une envie de renouer avec une diffusion musicale plus traditionnelle et spontanée, loin de la marchandisation effrénée soumise à notre attention. Le dernier album se présente comme un kaléidoscope sonore : des riffs puissants, des nuances douces, parfois jazzy, offrant une richesse inédite. L’opus actuel, sans concept prédéfini, contrairement à Super Lynx Deluxe (2018) et à Zulu (2015), invite à un voyage dans le temps, mélangeant le passé et le présent de Galaxie en un amalgame de rock électronique, de funk et de psychédélique. Une signature qui s’est désormais imposée grâce à l’expérience du quintette, composé de Olivier Langevin à la voix et à la guitare, de Fred Fortin à la basse, de Pierre Fortin à la batterie, de François Lafontaine aux claviers et de Karine Pion aux voix et percussions, à travers l’écosystème québécois (Fred Fortin, Gros mené, Karkwa, Les Cowboys fringants, Les Dale Hawerchuk, etc.).

Le concert est lancé… peut-être ?

Nul n’était surpris lorsque le groupe a ouvert le concert avec l’emblématique Piste un, de Tigre et Diesel (2011). Ce morceau, frais même après plus de 12 ans, se distingue aisément des nombreux titres « pistes un » générées par défaut. La soirée s’est éveillée au rythme de cette sulfureuse pièce, une ouverture qui promettait un voyage à travers le cosmos sonore de Galaxie. Les musiciens, acclamés dès les premières notes, se sont imposés sur scène, électrisant l’audience, promettant un voyage inouï, jusqu’à ce que la basse de Fred Fortin s’interrompe. La foule, prête à plonger dans la mosaïque musicale de Galaxie, a été brièvement retenue dans un silence technique. Ce coït interrompu, souligné adroitement par Olivier Langevin avec humour et aisance, a été toutefois transformé en un moment de complicité chaleureuse. Après une pause éclair, le concert a repris avec une vigueur décuplée.

Second départ : un kaléidoscope temporel sur les œuvres de Galaxie

Sans plus attendre, le groupe a plongé dans À demain peut-être, enchaînant avec deux titres, soit Anomie, qui a lancé le public dans un tourbillon de rythmes frénétiques conjugués à de solides riffs, et Le spleen de Montréal, qui a énergisé l’atmosphère avec ses accents et son rythme blues rock caractéristique. Malgré cinq années d’absence scénique, ce dernier titre a résonné comme une célébration, le problème technique du départ étant déjà loin dans les mémoires. Olivier Langevin et ses complices ont ensuite navigué avec brio à travers le répertoire diversifié du groupe.

La setlist a défilé comme une galerie d’art sonore, chaque morceau évoquant un tableau vivant des diverses époques de Galaxie. Le groupe est ensuite revenu sur l’album Tigre et Diesel (2011) avec l’explosion rock de Shanghai, avant de poursuivre avec Phénoménal et Magie magie, tirés de l’album Super Lynx Deluxe. Chaque titre est réimaginé et adapté pour la scène avec des arrangements frais et innovants. La musique a oscillé entre énergie vive et mélodies hypnotiques, le brut et le brillant dans les textures, l’exultant, la rébellion et l’introspection dans les thèmes.

Lune et autres moments forts

La soirée s’est poursuivie avec Lune et à Demain peut-être, deux morceaux du récent album qui ont marqué les esprits, notamment grâce à l’interprétation de Lune et son ambiance Beatlesque, ses textures guitaristiques et sa référence à Piaf : « Rien, je ne regrette rien / Non, rien de rien ». La nostalgie était aussi palpable dans Dragon, où les paroles « câline de doux blues » ont résonné comme un pont entre les générations, Galaxie ayant le chic de remettre les anciennes passions au goût du jour, de combiner les époques et d’en étager les essences. Ces moments accrocheurs ont certes été les plus beaux de la soirée. Les interprétations de Interstice et de Zulu, de l’album du même nom, ont tenu leurs promesses sur scène et leur âme a su faire résonner la salle.

Pour clore le spectacle, la formation a enchaîné avec Jusqu’à la fin, de l’album Tigre et Diesel, un titre phare au texte poignant qui établit certaines correspondances avec Foulard du nouvel album (que nous n’avons malheureusement pas eu le plaisir d’entendre). Galaxie a ensuite offert au public Ramen soupe, du nouvel album. Les rythmes endiablés et envoûtants ont fait vibrer les murs, et Jusqu’à la fin a invité la foule à se joindre en chœur à cette chanson mélancolique. Le groupe a conclu avec Camouflar de l’album Tigre et Diesel. Vêtu d’un gilet longues manches de la jeune et créative formation Population II, Olivier Langevin a saisi cette occasion pour exprimer sa gratitude envers la foule et Les Grands Bois, exprimant le désir que les futures tournées débutent dans cette microbrasserie.

Succès souvenir « pimpé » à l’esprit du jour

Sous les applaudissements nourris de la foule, Langevin et sa bande sont remontés sur scène pour une conclusion exaltée. Mis à part Cucumber Moon, issue du nouvel album et qui s’est distinguée par son audace et son refrain hypnotique, le rappel s’est surtout résumé au second album du groupe, Le temps au point mort (2006). Olivier Langevin a introduit Loop, Big bang et Chuck Berry « comme des succès souvenirs, pimentés d’une sauce actuelle ». Les instruments ont pris leur envol, tissant un paysage sonore aussi unique que séduisant, confirmant l’engagement de Galaxie à nous conduire toujours plus loin dans leur exploration. La chanson Chuck Berry a offert une opportunité pour un jam de clôture et des expérimentations, libérant tout le potentiel des musiciens, notamment François Lafontaine, dont les doigts dansant sur le synthétiseur ont entraîné la foule dans un tourbillon de rythmes. Cette dernière pièce fut le reflet de l’énergie brute et de la passion qui caractérisent les prestations de Galaxie, prouvant que sa musique reste un pilier du rock québécois, toujours prête à se réinventer.

Dans l’effervescence de la salle, Galaxie a non seulement inauguré sa nouvelle tournée, mais il a aussi célébré avec le public un passé riche et un avenir plein de promesses. La soirée a prouvé que le groupe ne se contente pas de jouer de la musique : il l’incarne à travers une performance à la fois théâtrale et intime, un témoignage de son évolution constante et de sa place indéniable dans le cœur de ses fans. À demain peut-être est bien plus qu’une promesse, c’est une réalité tangible.

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