crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin
Francouvertes

Francouvertes 2024 – Soir 3 | Corail, Karolan Boily et Folaube : Les femmes demeurent au pouvoir

Après une première semaine marquée par un goût plus rock et traditionnel, Les Francouvertes étaient de retour lundi pour un autre plateau triple des rondes préliminaires. Se sont succédés sur les planches du Lion d’Or : Corail, duo folk de Julien Comptour et Philippe Noël, Karolan Boily, auteure-compositrice-interprète indie rock de Saint-Raymond, et Folaube, trio pop rock montréalais. Seule Boily est parvenue à se tailler une place sur le podium du palmarès, maintenant uniquement composé d’artistes féminines.

Ce soir, on semble avoir reculé d’un mois dans l’ascension vers l’été. En comparaison à la semaine dernière, le climat ne ravit pas. Cela ne se ressent pourtant pas au Lion d’Or. Les friands de culture locale et émergente sont malgré tout au rendez-vous, bravent quoi qu’il arrive vents et marées.

Miss Sassoeur, nom de scène de Myriam Bois, vient avant tout briser la glace dans le cadre de la série J’aime mes ex. Vêtue d’un beau costume à plumes blanches, l’artiste s’assoit derrière son clavier, et avoue que, comme durant son passage au concours-vitrine il y a huit ans, la scène du Lion d’Or demeure intimidante à ses yeux.

Miss Sassoeur présente trois chansons inédites au cours de sa courte performance. Elle a bien respecté les règles, quasiment trop! Les suites d’accords sont parfois trop simples, mais les thèmes abordés dans les textes introspectifs et touchants de l’artiste, comme la solitude ou la peur du rejet, rehaussent le tout et permettent de faire passer un moment agréable au public.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Corail 🎵 🎵

Quelques secondes avant la performance de Corail, Julien Comptour et Philippe Noël, qui composent le projet en duo (autrefois un quintette), détaillent dans la capsule de présentation qu’ils sont colocataires depuis plus d’une demi-douzaine d’années. Des collègues musiciens, donc, mais surtout des amis. Les deux artistes basent une grande partie du projet sur cette relation fraternelle.

Comptour et Noël entrent sur la scène, empoignent leurs guitares et entament la performance avec La bonne voie, en formule guitares acoustiques/voix. Les harmonies ne sont pas aussi fracassantes qu’imaginées, les timbres semblent trop similaires, ou en tout cas, les registres des deux artistes ne sont pas assez distincts pour donner un résultat exceptionnel. Quatre musiciens rejoignent le cœur de Corail vers le milieu de ce premier morceau, ajoutant une belle profondeur aux compositions.

Entre Sur la route et J’ai de la chance, Corail se permet une courte anecdote sur l’aventure cégépienne des deux membres, où ils avaient formé un groupe progressif. « Et nous voici plus tard sur les planches du Lion d’Or », lance Corail sous les acclamations, mettant en lumière la progression de la formation.

Les membres du groupe avaient d’ailleurs lancé leur premier album, Maison, en novembre dernier au Cabaret dans le cadre de Coup de cœur francophone.

Si les harmonies vocales déçoivent à plusieurs reprises, la combinaison de guitares est intéressante, l’une prenant habilement son rôle rythmique et l’autre son rôle solo. Des interventions manquent parfois toutefois de tonus, on se retrouve avec quelques instants de flottement entre les titres. Une mention à l’adorable accolade entre Philippe Noël et Julien Comptour après Rouge jaune bleu, traduisant l’amitié des deux hommes sans dire un seul mot sur le sujet au micro.

Certains aspects de Corail sont encore à travailler, mais le projet est réellement réconfortant et rappelle la tendresse d’un chez-soi. À ce niveau-là, Corail a touché sa cible.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Karolan Boily 🎵 🎵 🎵

Boily l’intrépide, Boily la quasi pyromane. Karolan Boily, que Sors-tu? avait rencontré en entrevue, a lancé en janvier dernier son premier album, Le feu sous le toit. L’artiste raymondoise, armée d’une casquette et d’un veston, gagne la scène sous une ambiance brumeuse et planante, et débute sa performance avec la contemplative Du calme au noir.

Boily l’intrépide et la quasi-pyromane, mais Boily la malchanceuse aussi : après deux chansons, la musicienne se rend compte qu’un problème technique, un bourdonnement constant, vient agacer ses tympans et ceux du public. Karolan Boily devra composer avec l’aléa quelques minutes encore, mais il est dommage que le rendu ait parfois brimé la performance, jouant beaucoup sur le côté ambiance de la chose, sans que l’artiste ne soit à blâmer, évidemment.

Karolan Boily parvient malgré tout à livrer, d’un avis personnel, la meilleure performance de la soirée. Les compositions, voguant entre l’indie rock, l’alternatif, le post-rock et le progressif, sont belles, mais surtout originales sur cette scène québécoise.

Boily, se disant ouvertement fascinée par le feu (comme le suggèrent le nom de son album, les paroles chantées, ou simplement les éclairages rouge orangé de la performance), avoue entre deux chansons qu’elle a vécu une année rocambolesque, des épisodes où elle sentait que tout s’écroulait et brûlait. Si tout prend feu, cela permet aussi de mettre de la lumière sur le reste, et de vivre sa « best life quand même », dit-elle. Voir la beauté dans la destruction, c’est optimiste et résilient.

Boily est dotée d’une belle présence scénique, et sa performance lui a certainement valu une place de choix pour accéder aux demi-finales du concours-vitrine.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Folaube 🎵 🎵

Si les trois loups Emmanuel Harvey-Langlois, Olivier Couture et Clément Fournier-Drouin jouent ensemble depuis 15 ans, le trio Folaube est pour sa part très récent. Le groupe lançait l’année dernière son premier album, Lâcher les fauves.

Dès l’entrée de la formation sur Camarade I, une inédite, un constat frappe le public : Folaube apparaît davantage comme un artiste solo que comme un projet commun. Harvey-Langlois, à l’aise et charismatique, prend place sur les devants de la scène, alors qu’Olivier Couture à la basse et Clément Fournier-Drouin à la batterie sont effacés, et semblent moins confiants, dans le fond de la scène. Peut-être revoir la disposition scénique, car sans la capsule de présentation des 21, une grande majorité du public aurait sûrement cru qu’Emmanuel Harvey-Langlois était le seul à être impliqué pleinement dans le projet.

Les chansons présentées sont inégales, certaines donnent envie de bouger et contiennent quelques très bons instants musicaux indie pop et rock, alors que d’autres pourraient être encore retravaillées. Si la proposition en entier conservait le même niveau que les meilleurs morceaux, Folaube aurait certainement pu aller gratter une meilleure place au palmarès. Une mention au titre Électrique cowboy. Le riff mi-organique, mi-électronique est simplement génial.

Les musiciens, du groupe comme ceux accompagnateurs, prennent plaisir sur scène, et cela se ressent. Si la proposition est la moins marquante de la soirée, laissons le temps au projet de mûrir sans jeter des conclusions trop hâtives ou définitives.

* Photo par Frédérique Ménard-Aubin.

Verdict

Seule Karolan Boily aura su titiller le top trois du palmarès des préliminaires, occupant après trois soirées la troisième position du classement. Corail suit le pas à la quatrième position, reléguant Paruline à la cinquième place, l’artiste qui trônait à la troisième position du palmarès après une semaine. Le top deux reste inchangé. Pour sa part, Folaube a été placé à la neuvième et dernière position du classement.

Classement après le Soir 3

  1. Soleil Launière
  2. PRINCESSES
  3. Karolan Boily
  4. Corail
  5. Paruline
  6. Fantômes
  7. Collation
  8. Maud Evelyne
  9. Folaube

Grille de chansons (Corail)

  1. La bonne voie
  2. Sur la route
  3. J’ai de la chance
  4. Terre
  5. Pour une fois
  6. Rouge jaune bleu
  7. Maison

Grille de chansons (Karolan Boily)

  1. Du calme au noir
  2. Blocage
  3. Depuis toi
  4. Braise
  5. Je ne me comprends pas
  6. Nulle part sauf ici

Grille de chansons (Folaube)

  1. Camarade I
  2. Sentiers battus
  3. Camarade II
  4. Au ralenti
  5. Ne me dis pas on est où
  6. Électrique cowboy

Vos commentaires