crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin
Francouvertes

Francouvertes 2024 – Soir 1 | 3, 2, 1… c’est parti avec Fantômes, Collation et PRINCESSES

Lundi soir, une fébrile ambiance animait le Cabaret Lion d’Or pour le lancement de la 28e édition des Francouvertes. Au cours des sept soirées préliminaires du concours-vitrine, 21 artistes et groupes tenteront tour à tour de séduire l’auditoire et les juré.e.s de l’industrie afin de se faufiler en grande finale le 13 mai prochain.

Sur le bloc de départ, les formations Fantômes, Collation et PRINCESSES nous ont chacune présenté leur version d’un spectacle rock, en français. Tout juste avant qu’elles se lancent, VioleTT Pi a eu la mission de réchauffer les planches dans le cadre de la série J’aime mes ex.

L’auteur-compositeur-interprète de l’exquis album Baloney Suicide, paru en 2023, s’est présenté seul sur scène avec sa guitare et a interprété des versions dépouillées de leurs riches arrangements musicaux les titres Pollen Saturnien, Butane, Le dernier des dragons et Baloney Suicide. Sans être une grande voix, les textes, l’humour et l’authenticité de VioleTT Pi lui confèrent un charme indéniable. Il a réussi à faire avec une loop (qui me faisait penser à du Balkan Disco à la Shantel) sur Biscuit Chinois un moment de bonheur musical. Chapeau bas à ce premier Ex.

Fantômes 🎵 🎵 🎵

C’est trois notes qu’on décerne à la performance de Fantômes, en référence au vote auquel était convié le public qui va, selon ma propre interprétation, de “bien essayé” (🎵) à “écouter sans retenue » (🎵 🎵 🎵 🎵).

Fantômes, c’est un intéressant projet qui mélange la musicalité du folk, du rock et de la new wave. C’est aussi le projet musical de l’auteur-compositeur-interprète Bobby Lehoux, qui faisait paraître en 2023 son deuxième album Vampiricide, un opus de 11 titres réalisés par Antoine Corriveau.

Accompagné de trois musiciennes (clavier, guitare et basse) et d’un musicien (batterie), le Beauceron d’origine a brillamment brisé la glace de ces préliminaires. Visiblement à l’aise sur scène, il n’a pas mis de temps à conquérir le public et le jeu engagé des musicien.ne.s donnait l’impression qu’ils avaient huilé la machine dans l’espoir d’aller très loin.

Toute la richesse musicale a rapidement été démontrée lors du premier titre, Les Vampires, un morceau d’abord planant et porté par un fort groove de basse, qui à mi-chemin a pris un détour bossa nova pour terminer sur un solo de guitare. C’est la force des arrangements musicaux de Fantômes : chaque musicien peut exprimer en tout temps le plein potentiel de son caractère, sans toutefois brimer la cohésion de l’ensemble.

Quant aux textes, Lehoux explore la plupart du temps des thèmes anxiogènes comme sur Shoegaze, où il dit « Il n’y a aucun montage, il n’y a pas d’effets spéciaux pour vaincre tes démons », mais sait toutefois démontrer une originale sensualité, comme sur Langue Nouvelle où il confie « Je suis rescapé par une langue nouvelle, tes mots secrets dans ta bouche comme du miel ».

On y serait allé de quatre 🎵 n’eut été que la très agréable voix feutrée de Fantômes hésitant un peu trop souvent à se déposer sur une note, oscillant plutôt entre deux voisines. Il y a des moments, comme dans Langue Nouvelle, où ce son très organique à l’opposé de l’auto-tune trouve son charme, mais d’autres comme sur Margo où ça dérangeait. Un petit défaut à corriger, ou à assumer pleinement en l’exploitant.

Collation 🎵 🎵

C’est avec le désir de recréer, en français, l’univers de la scène indie rock que les trois amis Louperivois (eh oui, c’est le gentilé de Rivière-du-Loup) ont formé Collation. Le trio constitué de Pierre-Olivier Thériault (guitare et chant), Philippe Boucher (basse et chant) et Allen Malenfant (batterie) s’est formé au secondaire, dans un garage. Sur scène, un deuxième guitariste (Mathieu Boucher) complétait le trio.

Alors que sur leur album éponyme paru en 2023, le son de Collation est agréablement lourd et rappelle celui des enregistrements réalisés dans des garages, sur scène, hier, l’ensemble avait un son saturé. Les deux guitares semblaient souvent redondantes, et les jeux de basses et de batteries, quoiqu’efficaces, étaient trop simples pour apporter une quelconque couleur à travers celui des guitares.

C’était tout de même une performance agréable pour le temps qu’elle aura duré. Sur Coup d’épée, il y a eu un intéressant changement d’ambiance entre le couplet planant et le refrain plus anarchique. Sur Les couleurs, le meilleur des sept titres joués, le son était moins saturé et on pouvait entendre de la texture, du grinçant.

C’est difficile de mettre le doigt sur le bobo, celui qui empêche d’obtenir trois, voire quatre 🎶. Une piste à explorer est certainement celle du partage de l’espace musical entre les deux guitares. Autrement, Pierre-Olivier Thériault a la voix de l’emploi et une présence qui, avec plus d’assurance, pourrait faire davantage lever les foules.

PRINCESSES 🎵 🎵 🎵 🎵

Même si elles ont débuté leur performance très tard pour un lundi soir, le trio formé de Flavie Léger-Roy (guitare), Marie-Philippe Thibeault-Desbiens (basse) et Chouchoune (batterie) y sont allés d’une performance électrisante et déchaînée.

Dans la vidéo qui précédait leur performance (chaque prestation des formations invitées est précédée d’une vidéo de présentation), les PRINCESSES ont affirmé que le projet est né du désir de se défouler, de dénoncer ce qui les touche. On compte parmi  leurs influences musicales le (feu) groupe engagé Rage Against the Machine.

Dès les premiers accords, on constate que la mission qu’elles se sont donnée est accomplie. Le son est lourd, elles se défoulent, et on voit aisément qu’elles y prennent un malin plaisir.

Flavie Léger-Roy, au chant, a une palette assez variée, chantant parfois d’une voix harmonieuse et soyeuse, et parfois poussant le cri. Marie-Philippe Thibeault-Desbiens meuble bien l’ensemble de ses lignes de basses et dégage un enthousiasme contagieux. Et Chouchoune… on ne sait pas, on ne le voit pas.

Côté texte, elles abordent des thèmes universels, quoique rarement ou jamais exploités. Sur Ga, il est question de la pression de se maquiller, sur Chaton, de l’amour insoumis, dans Vite, elles dénoncent cette manie de tout vouloir faire rapidement, et sur Médaille, elles dénoncent le système parental qui consiste à élever des enfants parfaits à coup de médailles insignifiantes.

Il n’y a rien d’évident qui clochait dans la prestation de PRINCESSES, hormis que ce n’est pas un spectacle à écouter assis, mais debout. Il aura fallu bien piocher du pied et de la tête pour compenser. Ce n’est pas par hasard qu’elles étaient en nomination au GAMIQ dans la catégorie Espoir 2024.

Verdict

Au terme de la soirée, PRINCESSES se hisse au premier rang du classement, alors que Fantômes occupe le deuxième rang et que Collation ferme la marche en troisième.

Au menu du Soir 2 des préliminaires, ce soir (mardi 12 mars), c’est Maud Evelyne, Paruline et Soleil Launière qui fouleront les planches du Cabaret Lion d’Or dès 20h.

Classement après 1 soir :

  1. PRINCESSES
  2. Fantômes
  3. Collation

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