Francouvertes 2014 | Philippe Brach remporte la finale

Alors que les Bruins mangeaient une volée à quelques pâtés de maisons, Les Francouvertes célébraient au Club Soda la finale de leur 18^e édition et couronnaient Philippe Brach grand vainqueur. Julie Blanche est arrivée bonne deuxième et Deux pouilles en cavale ont complété le ménage à trois. Compte-rendu. 

L’éternel Claude a assuré l’animation de cette ultime soirée du concours-vitrine en accueillant d’abord sur scène Karim Ouellet et Les Sœurs Boulay, coporte-paroles et anciens participants. Ils se sont partagé la scène pour ouvrir les festivités de cette finale de la 18^e édition des Francouvertes : d’abord l’un, avec Plume, puis les autres (après confusion dans le pacing…) avec leur petite nouvelle Les couteaux à beurre, enfin tous ensemble pour la Marie-Jo de Ouellet. Ils ont mis la table pour une soirée sans grand remous — ni grande surprise.

Philippe Brach

D’entrée de jeu, Philippe Brach nous a balancé la douce Alice, plutôt sûr de lui. Il voulait commencer la soirée smooth, vu qu’il lui était échu l’honneur de l’ouvrir (« et que le monde est pas encore en boisson »). Seul avec sa guitare d’abord, puis accompagné de son guitariste pour la suivante, Ressac sur ta peau, une toune de séparation sauvage. Parce que « tu te chicanes en sauvage, après tu baises en sauvage, après tu fais tes boîtes en sauvage, pis tu décrisses en sauvage. » Pour Le matin des raisons, son guitariste nous servira un peu de lapsteel alors que bassiste et batteur les joindront sur scène pour donner un peu plus de corps à l’affaire.

À l’aise comme un poisson dans l’eau, comme à son habitude, Brach officiait doucement, plantant ses chansons comme on sème au printemps — en témoigne son album, La foire et l’ordre, paru fin avril sur Spectra Musique. Le Club Soda et ses équipements à la fine pointe mettaient en valeur toute l’étendue vocale de cet héritier du son du Lac qui s’est révélé plutôt tranquille hier, moins fou et théâtral que ce qu’on lui connaît — reflet de l’assistance, amorphe?

Après avoir cherché sa set list, pour arriver à la scatoludique Ravin, Brach a poursuivi avec T’aurais pas pu nous prendre à deux, habillée d’une impression de reverb qui participait de l’effet religieux de la toune, de sa profondeur. On s’est réjouis qu’il termine un peu moins en douceur, avec C’est tout oublié, plus rock que tout le pacing qu’il nous avait jusqu’alors présenté. On aurait aimé entendre Dans ma tête — parce que ça déménage et que ça illustre bien sa folie, notamment — mais on ne lui en tient pas rigueur pour autant : des trois finalistes, son projet est le plus abouti. Dans la qualité des textes, le registre de la voix, l’étendue des styles et l’authenticité de la performance.

Julie Blanche

De sa voix un peu vaporeuse, un peu éthérée, un peu grave, mais sans profondeur, Julie Blanche et ses musiciens ont succédé à Philippe Brach dans une suite de pièces toutes plus semblables les unes aux autres. Il arrivait par moments qu’on puisse déceler une très vague ressemblance à l’Hôtel Morphée de Laurence Nerbonne, quand on cherchait vraiment, mais il n’y avait rien de la présence, de la puissance et de l’intensité… Julie Blanche manquait de texture, de nuance ; ses mélodies, de variations. On s’est trouvés pris dans une longue pièce sans fin, au style affecté et linéaire. La qualité des textes, poétiques mais un brin déprimants, n’est en rien remise en cause : c’est plutôt l’interprétation qui nous laisse sur notre faim. La voix, qu’elle a somme toute jolie, semble prisonnière ; est-ce de la timidité, du malaise, un manque de technique? Quoi qu’il en soit, public et jury l’ont placée sur le deuxième podium, on lui souhaite bon succès le plus sincèrement du monde.

Deux pouilles en cavale

Ces Deux (trois) mongols ont fait leur entrée sous les acclamations ; à croire que leur prédécesseure n’avait pas trop endormi la foule — ou que celle-ci n’attendait que leur venue. Pour ceux qui ne seraient pas sortis de leur torpeur sous les cris de leurs voisins de siège, la première toune a eu tôt fait de s’en charger : ça punchait en sale.

Ça avait du métal, ça avait du punk, ça avait du Zappa, même, avec moult éclairages, et grosse ligne de basse — c’était original, rythmé, positivement déconcertant. L’air de rien, ils ont aligné plus d’une douzaine de pièces, les unes s’enchevêtrant aux autres dans un fracas absolument hypnotique et à une cadence avec laquelle il était difficile de suivre le fil. En cavale, pas de doute, le diable aux trousses, comme qui dirait, ben de la joie (Ciao Bye Boss!), du plaisir (Braconnier) et du talent, surtout. Ça déménageait solide et, à ceux qui n’aimeraient pas le genre, on réplique qu’on ne peut nier que ces Deux (trois) pouilles en cavale sont de sacrés musiciens. Enfin, on s’entend que ça participe de l’expérience, mais on aurait aimé entendre un peu plus les paroles de leur rock effréné qui se déconstruit chaque seconde, et on s’est étonné d’avoir même envie de se coller ben fort pour danser un slow cochon (Clinique). Stupéfiant.

Le classement et quelques-uns des prix remis aux trois finalistes

1) Philippe Brach

2) Julie Blanche

3) Deux pouilles en cavale

• Enregistrement d’une session studio (Bande à part / Espace.mu) : Philippe Brach
• Vitrine ROSEQ : Julie Blanche
• Réalisation d’un vidéoclip (BRBR) : Deux pouilles en cavale
• Prestation au Festival d’été de Vancouver : Philippe Brach
• Prestation aux Francofolies de Spa : Julie Blanche
• Prestation Mont-Tremblant : Philippe Brach et Julie Blanche
• Prestation à Coup de coeur francophone : Philippe Brach
• Prestation à Diapason : Philippe Brach
• Prestation au FOÉ : Deux pouilles en cavale
• Prestation au Off de Québec : Deux pouilles en cavale
• Tournée Scène 1425 (8 spectacles) : Philippe Brach
• Bourse Artisti (meilleure interprétation) : Philippe Brach
• Bourse SODRAC (Chapeau aux compositeurs) : Julie Blanche
• Prix du public : Bobby One

Photos en vrac
par Pierre Bourgault

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