Ariane Roy

Francos de Montréal 2025 – Jour 5 | Ariane Roy au Club Soda : La Dogue a trouvé sa niche

On se demandait si c’était une manoeuvre ingénieuse ou dangereuse : attendre trois mois après la parution d’un nouvel album pour le lancement de celui-ci, dans le cadre des Francos de surcroît. Si un lancement vise à monopoliser le plus possible l’attention médiatique, il y avait des chances qu’Ariane Roy se perde dans le tourbillon de la riche offre du festival, avec notamment Tiken Jah Fakoly, Galaxie et Zouz en spectacles extérieurs gratuits, de même que Philippe Katerine sold out au MTELUS. Mais se poser cette question, c’était visiblement sous-estimer le pouvoir d’attraction de la comète qu’est devenue Ariane Roy depuis quelque temps…

C’était plein à craquer au Club Soda hier, le 18 juin. Des fans à la pelletée, des artistes excités de voir la relève se déployer et éclater le plafond de verre, des journalistes du Devoir, de La Presse, du Canal Auditif. Et de Sors-tu?. Pas question qu’on manque ça!

Le nouvel album d’Ariane Roy est résolument pop, très dansant, décomplexé mais raffiné, finement travaillé. Du plaisir pur qui défie un peu les fans de la première heure d’Ariane puisque les chansons sont moins arrangées « rock-pop ». Ça éclate davantage les limites, sans rien perdre du flair de l’auteure-compositrice.

Qu’en serait-il sur scène?  Ça, on s’en doutait : après avoir l’avoir vue live à quelques reprises au cours des dernières années, notamment au sein du merveilleux trio Le roy, la rose et le lou[p], on savait très bien qu’Ariane se transformait devant nos yeux en bête de scène. Pas surprenant qu’elle ait opté pour Dogue comme titre pour son album qui a du chien et en masse de mordant!

Blague canine à part, son entrée sur scène a fait l’effet d’une puissante détonation. Les cris étaient… comment dire… l’expression même d’une jeunesse qui s’investit à 100% dans une nouvelle idole.

Parce que c’est une idole, Ariane Roy.  Un modèle de jeune femme assumée, accomplie, à la fois puissante et accessible.

Dès les premières secondes, Ariane Roy impose son univers. Si Dogue est plus « synthétique » que son matériel précédent, on comprend rapidement que la version live sera éclatante.

Son entourage, tous vêtus de chemises blanches et de cravates, l’appuie parfaitement : Jeanne Laforest aux voix et synthés, P-E Beaudoin à la batterie, Dominique Plante à la basse et Vincent Gagnon aux claviers. Le quintette a tout ce qu’il faut pour envoyer du lourd!

Fait intéressant, Ariane Roy a travaillé avec Navet Confit, qui navigue entre musicien rockeur lo-fi dadaïste, réalisateur extraordinaire et polyvalent, et concepteur sonore de théâtre absurde, pour la mise en scène du show, qui n’a pourtant rien d’absurde. L’excellent Blaise Borboën-Léonard, qui brillait d’ailleurs avant-hier soir aux côtés de BéLi lors de sa première partie de Philippe Katerine, signe la direction musicale.

Ajoutez à cela le fait que la troupe ait donné une bonne douzaine de spectacles un peu partout en région avant cette « rentrée montréalaise / lancement » trois mois après la sortie de l’album, et ça donne un spectacle très bien rodé, qui navigue parfaitement entre la douceur occasionnelle et les moments musclés que les chansons exigent.

Ariane, au centre de cet univers, est absolument magnétique, et mise en valeur par les éclairages qui se veulent tantôt psychés, parfois disco, par moments sobres parce que le rock prend toute la place.

En toute fin de performance, elle dira de ce spectacle qu’il lui permet de « libérer ma colere, me sentir libre et me donner le droit d’exister ».  Et c’est le fil conducteur de tout l’univers d’Ariane Roy : l’énergie brute, libératrice. Lâcher son fou, sans être écervelé-e.

Principalement axé sur Dogue, le concert n’hésite pas à revenir à des titres familiers du premier album pour mieux varier les rythmes et les émotions.

Le concert ressemble à une célébration collective : Ariane ne se contente pas de chanter, elle entraîne son public dans la fête. Une joie contagieuse, malgré les mini-pépins techniques.

Mais le concert révèle aussi la dimension politique de ses chansons : un féminisme subtil, teinté d’ironie et de sarcasme, comme évoqué dans Tous mes hommages – avec ses chorégraphies féroces et acclamées – et d’une manière plus générale dans l’esthétique de Dogue.

Le tandem avec Lou‑Adriane Cassidy pour clore en apothéose a cristallisé cet esprit d’union et de fraternité. Si leur moment ensemble samedi dernier durant le show de Lou-Adriane tirait les larmes, cette fois-ci, c’était plutôt un effet envirant de grande fête!

Le spectacle d’Ariane Roy s’est donc avéré électrisant, un tour de force artistique, et une démonstration de ce qu’Ariane Roy est devenue : une artiste phare, fière représentante d’une nouvelle génération de stars potentielles, capable de captiver et transformer un lieu en tribune vivante.

Une supplémentaire est ajoutée à Montréal le 21 mars 2026, cette fois au MTELUS. Ariane Roy donnera plusieurs spectacles un peu partout au Québec entre-temps.

Les Francos de Montréal, elles, se poursuivent jusqu’à samedi.

Photos en vrac

Événements à venir

Vos commentaires