Francos de Montréal 2025 – Jour 2 | L’émancipation de Lou-Adriane Cassidy en format géant

On ne vous apprendra rien : avant même la mi-année, on peut déclarer sans trop se tromper que 2025 est l’année de Lou-Adriane Cassidy. Le point culminant de ces six incroyables derniers mois devait se produire samedi soir aux Francos, et comme pour tout le reste, l’artiste n’a pas déçu et a atteint les objectifs.

En janvier dernier, Cassidy n’a pas perdu de temps et a revendiqué 2025 comme étant sienne en faisant paraître son excellent album Journal d’un loup-garou. Puis elle en remettait en proposant une très courte série de spectacles exclusifs au Capitole de Québec et au Théâtre Beanfield, et sans surprise, les billets se sont envolés en un clin d’oeil. Le rendu a épaté tout le monde.

Puis, surprise : elle en rajoute encore en mai en lançant le très bon complément à Journal d’un loup garou, l’album Triste animal, plus posé, intime, aux arrangements plus sobres mais à la plume aussi affinée.

Évidemment, les spectacles s’enchaînent et les festivals se l’arrachent. Les Francos de Montréal allaient bien entendu saisir l’occasion : le moment est bien choisi pour lui octroyer l’immense honneur d’avoir la grande scène de la Place des Festivals à elle seule un samedi soir. Et puisque quand tout va bien, tout va bien, la météo s’est aussi activée pour permettre la tenue de ce spectacle par un samedi soir doux, au ciel dégagé. Le contexte parfait quoi.

La foule était au rendez-vous, et Lou-Ad était en grande forme, avec ses excellents musicien-nes à ses côtés. Haut en paillettes roses, jupe assortie, go-go boots et colier serré orné de coeurs, elle était magnifique et magnétique.

Ceux et celles qui ont vu Lou-Adriane en spectacle récemment n’auront pas été dépaysé : c’était ni plus ni moins qu’une version jumbo du spectacle qu’elle maîtrise de mieux en mieux, adaptée pour plaire au plus grand public possible.

Elle a ce potentiel, Lou-Adriane Cassidy. Elle pourrait bien devenir la prochaine auteure-compositrice-interprète aussi populaire auprès du grand public que de la critique, à la Ariane Moffatt ou Klô Pelgag.

En lançant le spectacle avec sa chanson la plus forte, Dis-moi dis-moi dis-moi, elle s’assure d’emblée de mettre le public dans sa petite poche. Tout le reste sera un jeu d’enfant. Une fois en confiance, Lou-Adriane pourrait charmer les plus sceptiques.

Sa présence scénique a tellement pris d’aplomb au fil des ans que ça en est déconcertant. L’évolution de son émancipation a été spectaculaire, et la voir briller sur une aussi grosse scène confirme que ça n’a rien d’un feu de paille.

Quand, dans Je pars en vacances, elle chante : « De toute façon, on t’aimera pas si c’pas un cover des Colocs / De toute façon, si personne bande, fais-tu vraiment de la musique? », inutile de dire que le contexte la fait mentir, et elle le sait bien.

Elle enchaîne en tout une bonne vingtaine de chansons originales dans une grille de chansons bien construites, sans reprises (ni des Colocs, ni d’autres artistes), ni invités surprises à grand déploiement. Il y aura N Nao pour chanter avec elle sur TDF, mais la seule autre invitée sera toute sauf surprenante, et pourtant, ce sera le clou de la soirée. Sa BFF Ariane Roy vient chanter à ses côtés Ariane, une magnifique lettre d’amitié sous forme de chansons. Assises collées en bord de scène, pattes croisées, gogo boots agencées, elles vivent le moment ensemble, dans un silence total sur la Place des Festivals. La foule est suspendue à leurs lèvres, pendant qu’elles évoquent de belle manière les deux copines « assises sur les balancoires » comme le raconte la chanson. Les yeux plein d’eau. Pas juste pour les chanteuses, pour nous tous aussi.

Au bout de 90 minutes d’excellente maîtrise, Lou-Adriane évoque que « la culture québécoise est jeune » avant de clamer haut et fort « soyons ambitieux et fiers, le meilleur est à venir ». Elle disait ça en général. Mais on ne peut que se dire la même chose d’elle.

Quelle belle soirée!