crédit photo: Pierre Langlois
Bill Frisell

Festival International de jazz de Montréal 2025 – Jour 6 | Bill Frisell renouvelé

À la fin du concert de Bill Frisell ce mardi 1er juillet au Théâtre Jean-Duceppe, les avis étaient partagés à savoir si le concert avait été plate ou pas. Pour ma part, j’ai trouvé le jeu de Frisell plutôt inspiré même s’il y avait cependant un consensus pour trouver les accompagnateurs de Frisell particulièrement effacés et sans éclats.

C’est avec plaisir que l’on retrouve toutefois le légendaire guitariste Bill Frisell au Festival International de Jazz de Montréal après quelques années d’absence, ce qui m’avait d’ailleurs poussé à faire le voyage jusqu’à Ottawa en mars 2023 pour l’écouter.

Bill Frisell, 74 ans, cherche toujours à se renouveler en s’entourant de musiciens différents et avec des formations à effectifs variables. À son agenda cette année, entre les concerts avec orchestre symphonique et ses prestations solo, il y a tout un éventail de configuration. Hier soir, c’était en trio avec Thomas Morgan à la contrebasse et Rudy Royston à la batterie.

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Et on ne peut pas dire que ce trio soit le plus satisfaisant que l’on ait vu avec Frisell, tout du moins pour ce spectacle : Morgan et Royston restent cantonnés dans leur rôle d’accompagnateurs, mettant en valeur le guitariste, et les quelques solos qu’ils nous proposent sont agréables, mais manquent cruellement d’assez d’éclat et d’originalité pour rester en mémoire.

De son côté, Frisell a révolutionné son pédalier en troquant son mythique looper Line6 DL4 (utilisé depuis plus de 20 ans) par la nouvelle version mkII de 2022. Je sais que la plupart de ceux qui lisent ce détail de gear-porn tournent des yeux en soupirant. Mais là où je veux en venir, c’est que ce soir, Frisell a retrouvé le goût de jouer et de manipuler des boucles comme dans ses belles années plus exploratoires, alors qu’il avait délaissé cette partie caractéristique de son jeu. Il en profite notamment pour nous présenter des boucles plus longues qui supportent les titres avec plus de pertinence.

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C’est aussi un autre plaisir de redécouvrir le standard de Frisell Strange Meeting, initialement sorti sur l’album Rambler en 1985 et présenté ce soir dans une version sobre et particulièrement allégée en notes. Il nous y propose des progressions d’accords originales et différentes qui prouve que le guitariste sait encore se renouveler, même avec un titre enregistré à maintes reprises.

Il y a également un hommage à Burt Bacharach avec le titre What the World Needs Now Is Love qui nous rappelle que Frisell à joué sur l’album Painted from Memory (1998), issu d’une collaboration entre Elvis Costello and Bacharach, tout de même! Frisell avait sorti en parallèle sous son nom The Sweetest Punch (1999) où il présentait sa propre vision des arrangements de ces titres.

Et bien sûr, il y a ces ambiances entre americana, pop et jazz aux harmonies complexes qui sont la marque de commerce de Frisell depuis quatre décennies déjà, avec des mélodies en apparence simple et un son reconnaissable entre mille!

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Au final, j’ai trouvé que Bill Frisell était plus en forme qu’il y a 2 ans à Ottawa et qu’il a livré une prestation plus inventive en prouvant qu’il sait encore se régénérer tout conservant son petit clin d’œil coquin pour nous surprendre. Ses accompagnateurs étant plutôt sur le pilote automatique, la perception du concert peut être différente et plus négative, ajouter à cela un excès de fatigue dû à trop de concerts pendant le festival, ça peut se comprendre!

Roman Munoz quartet en ouverture

En ouverture de Frisell, c’est le quartet du guitariste montréalais Roman Munoz qui présentait ses compositions en compagnie d’Allison Burik au saxophone, Eli Davidovici à la contrebasse et John Buck à la batterie. Avec des compositions de facture plutôt traditionnelles et sages, j’ai senti les musiciens bridés. Quand on connaît le potentiel de Burick ou de Davidovici, c’est dommage de ne pas leur avoir laissé plus de place pour briser la glace davantage, même si le dernier titre joué était un peu plus ouvert et aventureux.

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