Festival international de la littérature (FIL)

Festival FIL 2016 | Les 100 ans d’Anne Hébert : Une lecture émouvante

Anne Hébert, la grande dame des lettres québécoises, aurait eu 100 ans cette année. Pour marquer le coup, Michelle Corbeil, directrice générale et artistique du Festival international de la littérature (FIL), a fait appel à Karine Assathiany, qui a souvent travaillé avec Jean-Louis Trintignant, pour choisir des extraits de l’œuvre de cette auteure respectée et diriger une lecture où les mots d’Anne Hébert seraient finement théâtralisés.

La Cinquième Salle de la Place des Arts où se tenait la lecture était bondée. Tout en douceur, mais avec aplomb, l’auteure et comédienne bien connue Évelyne de la Chenelière, jumelée à la comédienne et metteure en scène française Azyadé Bascunana, ont livré pendant une heure et demie de lecture l’essence même de l’œuvre d’Anne Hébert d’où émanent lumière, liberté, humanité et poésie.

Photo par Pierre Crépo.

Photo par Pierre Crépo.

Tour à tour, les deux artistes ont lu en les interprétant des extraits des œuvres suivantes : Un habit de lumière, Est-ce que je te dérange?, L’enfant chargé de songes, Les enfants du Sabbat, Les chambres de bois, et enfin trois poèmes tirés de Œuvre poétique 1950-1990. Le très beau titre donné à la soirée, soit Le chant de la cigale crépite comme un feu de bois, est inspiré de Les chambres de bois, son premier roman, écrit dans une chambre d’hôtel à Paris, et paru aux Éditions du Seuil en 1958.

Sur scène, trois petits pupitres où repose un bouquet de fleurs, et suspendue, la charpente en bois d’une grande fenêtre par où s’infiltre la littérature lumineuse d’Anne Hébert. Il faut souligner la conception des éclairages d’Anne-Marie Rodrigue Lecours qui isole la parole feutrée de l’écrivaine selon l’interprète. Dommage que la lecture n’ait eu lieu qu’un seul soir.

Anne Hébert, qui a vécu en plus grande partie à Paris, écrivait inlassablement ses histoires en s’inspirant du Québec où sont situés la majorité de ses romans. Il fait bon d’entendre parler de L’été des Indiens, plutôt que de L’été indien comme le disent les Français. L’écrivaine, étrangement, avait besoin de ce facteur de distance, de recul pour mieux faire parler ses personnages québécois. Mais, elle a toujours refusé de parler d’exil. Deux ans avant sa mort en 2000, Anne Hébert est revenue dans son pays d’origine qu’elle n’avait jamais quitté vraiment.

Le FIL, qui en est à sa 22e édition, accueille chaque année autour de 200 écrivains et artistes. Pour Michelle Corbeil, ceux qui aiment le théâtre, l’opéra ou les arts visuels aiment le plus souvent en même temps la littérature. Et pour elle, la littérature se donne aussi bien en spectacle.

D’ailleurs, ce jeudi 29 septembre au Théâtre Outremont, Robert Lalonde lira du Jack Kérouac, icône de la Beat Generation, avec sa toujours surprenante modernité.

Et les 1er et 2 octobre à la Cinquième Salle, pour souligner les 50 ans de la parution du premier roman de Réjean Ducharme, L’avalée des avalés, Lorraine Pintal dirigera une lecture avec les comédiens Sophie Cadieux, Maxime Denommée et Louise Marleau, qui deviendront les interprètes à fleur de peau de cet écrivain fantôme dont on ne célébrera jamais assez le génie.

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