Car Seat Headrest

Festival d’été de Québec 2018 – Jour 5 | Car Seat Headrest à l’Impérial: Une alternative valable aux Foo Fighters

Si Car Seat Headrest se pointe à l’Impérial mais que la salle est seulement à moitié pleine, est-ce que le spectacle a réellement eu lieu? La compétition était peut-être un peu trop forte pour un groupe de rock qui se produisait en même temps que les Foo Fighters, deux kilomètres plus loin. Reste que pour les quelques festivaliers présents, la performance du groupe indie de Virginie ne sera pas oubliée de sitôt.

Même s’il s’agissait à la base du projet solo de Will Toledo, et qu’il reste le visage de la formation, Car Seat Headrest est bel et bien un groupe où tous les musiciens contribuent. C’est sans doute pourquoi Toledo a laissé tomber sa propre guitare et, hormis quelques rares et courtes exécutions sur un clavier, ne s’occupait que de chanter dans le micro. Il en dépendait donc des cinq autres musiciens de transporter les pièces dans leurs passages instrumentaux parfois longs et sinueux, surtout lorsque Toledo restait assis sur scène à les regarder.

* Photo par longsho photographie

Un peu de temps pour débloquer

Autant le groupe que la foule ont eu besoin d’un peu de temps avant de se mettre dans l’ambiance du spectacle. Ce n’est donc qu’au milieu de Vincent, deuxième des huit chansons du groupe, que la connexion a semblé s’établir. La symbiose semblait particulièrement atteinte lorsque Will Toledo s’est écrié « And half the time, I’M LIKE THIIIIS! », laissant ainsi tomber la pièce dans un raz-de-marée de feedbacks grinçants, la scène submergée d’un éclairage monochrome écarlate.

Pendant le spectacle d’un peu moins d’une heure, Car Seat Headrest a puisé dans ses deux derniers albums, Twin Fantasy (Face to Face) paru plus tôt cette année et Teens of Denial paru en 2016. Ce sont d’ailleurs les chansons de ce dernier qui ont semblé plaire le plus au public. Pour Fill In The Blank, la batterie simple et carrée de la version originale laissait place à une section rythmique plus dansante à la Franz Ferdinand. À l’inverse, Drunk Drivers/Killer Whales se rapprochait beaucoup plus de ce que l’on pouvait entendre sur l’album que de la version écourtée et épurée qu’il avait fait paraître quelques mois plus tard.

Cette interprétation de Drunk Drivers a par ailleurs été le point culminant de la soirée, alors que la foule chantait à l’unisson les paroles du refrain. Elle était d’ailleurs plutôt belle à voir aller, sautillant si haut qu’elle aurait presque pu atteindre le balcon, qui était fermé pour l’occasion.

Travail d’équipe

La soirée de travail de Will Toledo et ses musiciens s’est conclue avec une performance inspirée de Nervous Young Inhumans, premier extrait du dernier album. Comme plusieurs autres pièces de Car Seat Headrest, celle-ci alternait entre des passages dansants, un refrain fort et accrocheur et un très long monologue de Toledo sur une trame instrumentale douce et mélodieuse. On donne d’ailleurs une note de 3/10 sur l’adresse des pas de danse du chanteur, mais un B+ pour l’originalité de sa chorégraphie drôlement maladroite. Pendant qu’il calmait ses articulations pour se concentrer à chanter le refrain, un beau mosh pit bien huileux a éclaté au milieu du parterre, là même où dansait maintenant une bonne partie du public. Fidèle à son habitude, le groupe a su naviguer entre toutes les sections et les humeurs de la chanson comme si c’était facile. De son côté, la foule, bien disciplinée, savait toujours quand sauter et quand se laisser bercer par le moment, anticipant les moindres variations.

* Photo par longsho photographie

Au final, la poignée de mélomanes présents pour le concert n’ont pas vraiment de raisons d’être déçus d’avoir préféré le projet indie émergeant de Car Seat Headrest au post-grunge commercial des Foo Fighters, si ce n’est que le spectacle aurait pu durer plus longtemps. La virtuosité des musiciens et l’énergie brute du groupe ont plus que compensé au départ un peu mou. Ceci étant dit, avec un concert qui se terminait à 22 h, il ne fallait qu’une demi-heure de marche environ pour attraper la fin du spectacle de Dave Grohl et ses chums, qui finissait beaucoup plus tard.

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