Orchestre National de Jazz de Montréal

Festival de Jazz de Montréal 2018 | Hommage à Carla Bley par l’Orchestre National de Jazz

Le Festival International de Jazz de Montréal nous a fait découvrir lundi soir l’œuvre de Carla Bley au Monument-National. La pianiste et compositrice ne pouvant être présente pour des raisons de santé, le concert qui devait se dérouler sous sa direction a finalement été orchestré par la cheffe Christine Jensen.

Alors que la vingtaine de musiciens de l’Orchestre National de Jazz s’installe sur scène, le public apprend avec surprise le nom des sept solistes qui remplaceront au pied levé la pianiste Carla Bley. Après un moment de présentation de la cheffe Christine Jensen, l’orchestre entame une longue pièce, The Black Orchid Suite, en compagnie de la pianiste Gentiane MG.

Bien que dynamique, ce premier morceau paraît un peu long. En trente minutes, on a déjà l’occasion de cerner une bonne partie des possibilités techniques de l’orchestre et des traits de composition de Carla Bley. Mais, The Black Orchid Suite est tout de même une belle entrée en matière puisqu’on profite du talent des nombreux solistes et de la douceur des arrangements.

Les autres morceaux s’enchaînent, et c’est avec joie qu’on découvre de nouvelles pianistes pour chaque pièce. Ce format un peu spécial, qui s’explique probablement par des contraintes techniques, est finalement une très bonne manière d’appréhender la musique de Carla Bley à travers des sonorités extrêmement différentes, tantôt très intérieures, tantôt plus techniques. Orchestre et pianistes se répondent sans cesse, et laissent une belle place aux multiples solos. Si certains morceaux, comme All Fall Down, sont très dansants, d’autres sont plus subtils comme Greasy Gravy. La direction est talentueuse, la rythmique irréprochable, les musiciens ont l’air d’apprécier et de profiter de ce qu’ils jouent. C’est un très bel hommage rendu à la compositrice.

Plusieurs surprises ont agrémenté cette soirée de jazz : la présence d’Ingrid Jensen sur deux morceaux, par exemple, qui illumine l’ensemble grâce à sa maîtrise de la trompette jazz. L’interprétation d’Awful Coffee est d’ailleurs la performance qui nous a le plus marqués, à travers des couleurs incroyables et des tuttis d’orchestre impeccables. Le pianiste François Bourassa est également présent, arrivé entre deux morceaux pour interpréter seul une de ses propres pièces, écrite en hommage à Carla Bley.

C’est à une soirée pleine d’émotions qu’on a assisté lundi soir. Si le jazz de Carla Bley reste très cérébral et parfois peu accessible, le dynamisme des musiciens et de leur cheffe, tout comme les changements de pianistes et les nombreux solos digne de virtuoses, ont apporté au talent de la compositrice un esprit vivifiant.

 

Grille de morceaux et pianistes invités :

  1. The Black Orchid Suite (pianiste : Gentiane MG)
  2. All Fall Down (pianiste : Marie Fatima Rudolf)
  3. Greasy Gravy (pianiste : Marianne Trudel)
  4. Awful Coffee (pianiste : Helen Sung ; trompettiste : Ingrid Jensen)
  5. Pièce solo dédiée à Carla Bley (pianiste et compositeur : François Bourassa)
  6. On the Stage in Cages (pianiste : Marie Fatima Rudolf)
  7. Fresh Impression (pianiste : Lorraine Desmarais ; trompettiste : Ingrid Jensen)

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