Too Many Zooz

Festival de Jazz de Montréal 2017 | Too Many Zooz et son jazz animalier

Pas pire découverte du côté du Festival de Jazz de Montréal mercredi soir, alors que le trio new-yorkais Too Many Zooz venait foutre la fiesta dans l’Astral avec une heure de son « brass house », un genre musical inventé qui se rapprocherait d’une fanfare jazz-punk distillée jouant de la pop cokée.

Une grande partie du charme de Too Many Zooz repose sur le look des 3 protagonistes.

Arrive d’abord David Parks, dit le « King of Sludge ». C’est écrit sur sa grosse caisse, on peut pas se tromper. Il martèle le rythme inlassablement sur son instrument, un genre de grosse caisse de fanfare sur laquelle on a vissé des cloches à vache, et des petites cymbales qui sonnent comme des couvercles à casseroles. Percussion artisanale (et portative, c’est pratique).

Photo par Valérie Gay-Bessette.

Photo par Valérie Gay-Bessette.

Le trompettiste Matt Doe, lui, a l’air trop chillax pour la ligue, jouant de la trompette à une main, l’autre étant occupée à tenir son bloody caesar. Facteur stress : – 1000.

Photo par Valérie Gay-Bessette.

Photo par Valérie Gay-Bessette.

Photo par Valérie Gay-Bessette.

Photo par Valérie Gay-Bessette.

Le saxophoniste Leo Pellegrino (surnommé Leo P.) est le plus cartoonesque de la gang, avec ses cheveux de couleur orange vif et son accoutrement pas possible : camisole camouflage, Converse rouges, bas noirs mi-mollet et bermudas fleuris. Doux Jésus. Lui aussi, il joue parfois de son saxophone baryton à une main, question de lancer quelques gestes à la foule, comme s’il était dans un rap battle caricatural. Ça fait partie de son personnage de douche attachant, qui roule du bassin, tournoie sur lui-même et fléchit son biceps droit comme un lutteur d’une ligue de sous-sol. On dirait un méchant tout droit sorti de Riverdale.

L’affaire, c’est que ce trio de voyous new-yorkais fait beaucoup avec peu, et le talent surpasse la gimmick. Formule simple, économie dans la palette de sons, l’approche de Too Many Zooz revire tout de même une salle sans dessus dessous avec leurs pièces endiablées. À entendre (et à voir) Leo P. aller, on hyperventile presque. Les prouesses à la trompette ne donnent pas leur place non plus. Ces gars-là ont du souffle à revendre, et manie les cuivres comme bien des musiciens « sérieux » en rêveraient.

Bon. Soyons francs, les pièces se ressemblent un peu, et la formule s’essouffle un peu au bout d’une heure. On avait entendu dire qu’ils avaient une étonnante reprise de Get Busy de Sean Paul à leur répertoire, et on a eu l’impression de pouvoir chanter « Shake dat ting miss, Cana, Cana » sur la moitié des pièces. Ça fittait presque tout le temps. Mais leur surplus de charisme compense amplement pour l’aspect un peu répétitif du répertoire joué.

Ah et pour la thématique animalière, on a remarqué que Matt Doe portait un jersey des Raptors, le King of Sludge arborait un gaminet de panda et Leo P. affiche des tatous de serpents sur ses bras, en plus de chevaucher son sax comme si c’était un cheval. Mais c’est surtout l’énergie primale qui fait de ce zoo non pas un de trop (comme le voudrait leur nom), mais plutôt un zoo vachement divertissant.

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