St. Vincent

Festival de Jazz de Montréal 2014 – Jour 10 | St. Vincent et Groenland au Métropolis

Le Festival International de Jazz de Montréal accueillait samedi soir au Métropolis le groupe montréalais Groenland et  la New-Yorkaise Annie Clark (St. Vincent de son pseudonyme). Un programme double étonnant, mais non mois prometteur, qui a immergé le public dans deux univers totalement opposés, passant d’une pop folk mélodieuse à un électro-rock ravageur issu d’un autre monde.

En territoire familier

C’est avec vitalité et candeur que le sextuor Groenland fait son entrée en scène pour interpréter une dizaine de chansons tirées de leur album The Chase, ainsi que 2 « nouveaux » titres (pièces qui ne figurent pas sur l’album). Fidèle à elle-même, la tête d’affiche du groupe Sabrina Halde sautille et virevolte sur les planches, jongle entre tambour, synthétiseur et ukulélé.

Les titres Superhero et Criminals réchauffent le Métropolis, notamment grâce à la présence d’un ensemble de cuivres qui ornent l’ensemble musical. L’harmonie rayonne particulièrement dans la pièce Immune, qui séduit avec ses longs fragments instrumentaux.

La balade Daydreaming berce le public, avec son ukulélé mélancolique et la voix rauque et apaisante de la chanteuse. Le rythme du spectacle est toutefois brisé lorsque Halde performe un nouveau titre en solo avec son ukulélé, une interprétation qui manquait légèrement d’émotions et de rigueur.

Somme toute, avec son énergie rafraîchissante, Groenland a bien réussi à dégourdir le public pour accueillir l’extravagante St. Vincent.

Photo par Marie-Claire Denis.

Photo par Marie-Claire Denis.

Dans un monde parallèle

Annie Clark est apparue sur scène avec une énergie explosive, exécutant une chorégraphie composée de mouvements saccadés aux allures robotiques. Vêtue d’une robe noire texturée de cuir et ornée d’une énorme fleur dorée, les cheveux tressés et léchés sur sa tête, St. Vincent ressemble à une déesse issue d’un monde parallèle. Une structure cubique lumineuse et une toile de fond qui rappelle la forme géométrique de celle-ci composent le décor et lui donnent un look minimaliste et futuriste.

Dès les premières notes de Rattlesnake, le public comprend qu’il sera immergé dans un univers électro-rock excentrique et quasi inhumain, celui de St. Vincent. La guitare au cou, c’est avec beaucoup de théâtralité qu’Annie Clark exécute des gestes décidés et ultras calculés sous des éclairages stroboscopiques et chante des paroles arrogantes et destructrices. Difficile de ne pas être complètement hypnotisé par sa performance (et sa beauté).

Photo par Marie-Claire Denis.

Photo par Marie-Claire Denis.

Accompagné de ses musiciens qu’elle nomme « êtres humains », l’artiste interprète plusieurs morceaux tirés de son plus récent opus, St. Vincent, dont Digital Witness, Every Tear Dissapears et Prince Johnny, ainsi que quelques pièces de ses précédents albums, notamment les incontournables Marrow et Surgeon.

St. Vincent est en pleine possession de l’espace, tantôt couchée sur la structure illuminée (I Prefer your Love), tantôt debout dessus (Cheerleader) ou en duo chorégraphique avec sa claviste Toko Yasuda. Elle ne fait qu’un avec sa guitare électrique,  danse avec elle fougueusement, entre en transe pendant de longues minutes, comme si la guitare la possédait.

Le concert se termine avec Your Lips Are Red, issue de son premier album (Marry Me), une initiative audacieuse, où elle tente une séance de body surfing qui ne fera pas long feu, mais qui fera certainement le plaisir des fans en premières rangées.

Clark s’adresse au public avec sarcasme, lui raconte des faits de vie moralisateurs sans véritable contexte, telle une instigatrice d’un culte. À la fin du spectacle, elle délaisse toutefois sa guitare et son personnage frigide pour remercier son public conquis (et converti), le sourire aux lèvres.

St. Vincent a livré une performance tout à fait brillante, transcendante…

Photos en vrac
par Marie-Claire Denis

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