crédit photo: Pascal Leduc

Festif! de Baie-Saint-Paul 2023 – Chapitre 3 | Des surprises avec Klô Pelgag, Philippe Brach et Jean-Michel Blais

Outre les « grands » concerts à la Place Desjardins et aux scènes Hydro-Québec et Sirius XM, le Festif! de Baie-Saint-Paul réservait de nombreuses surprises aux festivaliers présents. Les formules inusitées et uniques de performances d’artistes d’ici et d’ailleurs durant les quatre journées du festival caractérisaient un charme propre à l’événement.

Si le concert de Calamine dans un magasin de vêtements a pu en surprendre plus d’un, cette formule ne se révèle qu’être la pointe de l’iceberg du Festif!.

Alors que le samedi 22 juillet, Greg Beaudin, des Dead Obies, donnait une performance dans une caserne de pompier de la ville, le rappeur de Québec Lova accompagnait plus tard dans la journée une vingtaine de festivaliers dans un bus, durant une trentaine de minutes.

Fou, mais vrai.

Le véhicule, aux allures innocentes de l’extérieur, se déplace dans les rues de Baie-Saint-Paul en musique, le public modeste et serré vacillant à chaque virage dans une ambiance rappelant celle d’une boîte de nuit.

Lova rappe en majorité des morceaux de son dernier projet, Tout vient d’en haut, discute avec des personnes présentes, leur demande quel morceau sera le suivant; en termes de proximité, il semble dur de faire mieux.

Une expérience comme nulle autre, probablement le trajet de bus le plus marquant pour chaque festivalier ayant vécu le moment.

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Un grain de folie

À 22h30, alors que le concert d’Amyl and the Sniffers tire à sa fin, les téléphones de Baie-Saint-Paul vibrent d’un coup.

« L’auteur-compositeur-interprète Philippe Brach sera présent pour un concert surprise sur la scène Vitrines Le Pantoum dans 15 minutes », l’arrière-cour d’une micro-brasserie à l’apparence banale où jouaient plus tôt dans la journée les formations Enfants Sauvages et Ping Pong Go.

Des dizaines de personnes accourent vers l’endroit pour y trouver l’artiste, entrant sur l’humble scène vêtu d’un chapeau rouge à pois blancs et brandissant deux petits drapeaux du Québec.

Brach entame son passage à Baie-Saint-Paul avec le grinçant Les gens qu’on aime, tiré de son dernier album (qui porte aussi le titre de Les gens qu’on aime).

Durant le concert, l’artiste pourrait être qualifié de nombres de termes, mais tout sauf statique ou plat. Phillipe Brach enchaîne rapidement sur des succès de Portraits de famine, soit Crystel, Né pour être sauvage ou Alice, sautillant sur les planches, bougeant de gauche à droite pour permettre à tous de bien l’apercevoir.

Musicalement, c’est poussé, Brach semble animé d’une présence et d’un charisme fantastiques lorsqu’il chante.

Un moment fort de son passage : le musicien avoue vers le milieu du concert que le 22 juillet, c’est le jour de son anniversaire.

Il n’en faut pas plus au public pour lui souhaiter en chœur, sous l’air reconnaissable et habituel de Gens du pays.

Là se trouve la magie même des concerts surprises : Philippe Brach aurait sans aucun doute pu assurer l’une des têtes d’affiche du Festif!, mais annoncer une performance à peine quelques minutes avant sa tenue permet à ces chanceux festivaliers de profiter encore davantage de l’événement, grâce à une formule intime récompensée seulement par la réactivité.

Le coup de cœur du festival.

Derrière le clavier

En quittant le site environnant la Place Desjardins, on découvre une partie plus vivante du festival de Charlevoix, une allée mignonne rappelant l’architecture de la Nouvelle-France.

C’est au milieu de celle-ci que se produit le vendredi Klô Pelgag, dans un concert surprise absolument génial et spontané.

Seule au piano, l’artiste gaspésienne interprète une demi-douzaine de ses titres, entourée de part et d’autre de son instrument d’auditeurs attentifs.

Armée de lunettes loufoques traduisant le style décalé de l’artiste, Klô Pelgag pianote et chante doucement des versions épurées de morceaux comme Au bonheur d’Édelweiss ou La neige tombe sans se faire mal, pose le contexte de ses chansons, avant de terminer sur une reprise de Trente, de Karim Ouellett.

Plus d’un an après son départ, l’artiste reste encore gravé dans la mémoire des Québécois, sans l’ombre d’un doute.

Samedi rimait également avec piano, puisque Jean-Michel Blais était invité au Quai Bell pour une représentation de mi-journée.

« [Bienvenue sur] la plus belle scène du monde », annonce la présentatrice, devant l’embouchure de la rivière du Gouffre sur le fleuve Saint-Laurent.

Le décor est enchanteur, au point d’eau et à la forêt à perte de vue, avant que Blais ne monte sur scène pour jouer avec tendresse de son instrument.

Quelques minutes s’écoulent, et le pianiste se fait rejoindre par trois musiciens afin de proposer une version quatuor de son répertoire.

Le violoncelle, le violon et la clarinette (ce musicien interprétera encore d’autres instruments à vent durant la performance) ajoutent cette touche de magie supplémentaire, enrichissent les pièces de Jean-Michel Blais à l’aide d’une couleur différente.

Le temps se suspend.

Juste un instant.

Le pianiste établi à Montréal présente essentiellement les pièces de son album aubades, explique pourquoi il a nommé son projet ainsi.

Le public montre un visage attentif, rit avec Blais quand il taquine son musicien par rapport à sa formation jazz (« Plus je l’écœure, meilleur son solo est », plaisante-t-il), se laisse bercer par les mélodies du quatuor accompagnées de sons de la nature.

Il n’y a simplement que les festivals de région qui puissent offrir ce genre d’expérience, et surtout dans ce genre d’environnement.

Si le trajet à pied du site principal jusqu’au Quai Bell s’avérait plutôt long (aux alentours d’une trentaine de minutes), des micro-performances organisées par le Festif!, au nom de « En route vers le Quai Bell », agrémentaient assurément la route des festivaliers, ceux-ci pouvant s’arrêter quelques minutes écouter avec curiosité les concerts offerts.

 

Aux premières lueurs

En cette quatrième et dernière journée du Festif! de Baie-Saint-Paul, un concert de Safia Nolin pouvait faire office d’une expérience à la croisée des chemins.

Un concert à l’aube, à 4h30 du matin.

L’heure parfaite pour que les lève-tôt ainsi que les fêtards nocturnes, empestant encore l’alcool de cette ultime soirée arrosée, se rencontrent pour la dernière fois du festival.

Des poufs sont disposés à l’intérieur d’un enclos, dans un champ peu éloigné du site principal, alors que les retardataires s’invitent tranquillement dans le fond de l’espace ou sur des serviettes dans l’herbe.

L’endroit devient de plus en plus illuminé par le soleil, révélant le visage de Nolin et celui de son guitariste sur une modeste plateforme, les deux musiciens jouant toutefois discrètement quelques notes de leur instrument depuis l’entrée des premiers festivaliers au cœur de cette unique expérience.

Safia Nolin alterne entre des habituels et des « chansons nouvellement tristes », de ses mots, multipliant les interventions parfois amusantes, tantôt un brin maladroites, singulières au charme du personnage.

Comme dans le Bus Festif, comme au Quai Bell, comme à la série URBANIA, comme durant tous ces instants d’exception vécus durant ces quatre jours du Festif!, bien au concert de Safia Nolin apparaît une expérience musicale hors de la norme, loin de formules de festivals dans le style d’Osheaga ou de concerts aux budgets démesurés.

Le sourire aux lèvres, les quelques dizaines de festivaliers courageux quittent le site rural, certains débutant leur journée comme d’autres regagnant le lit pour un repos enfin mérité.

 

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