Estas Tonne

Estas Tonne à New York | Dans les profondeurs de nos émotions

Estas Tonne terminait sa première tournée Nord Américaine par un pluvieux dimanche de décembre à New York. Le guitariste d’Europe de l’Est nous a emmené avec lui dans un voyage musical et méditatif, au seul son de ses doigts sur une guitare, mais aussi grâce à un charisme et une sensibilité uniques.

La nuit est tombée sur Manhattan, et la pluie froide contraste avec la chaleur de la performance qui se prépare au Tribeca Art Center. Une douce musique instrumentale joue dans la salle. Une scène simple où trônent trois guitares et une chaise au milieu. Puis les lumières s’éteignent, et apparaît sous une ovation le mystérieux troubadour aux cheveux longs.

« Ce concert n’est pas un concert. C’est un voyage. Il vous emmènera dans plusieurs émotions. Certaines plus intenses, d’autres plus douces. À vous de rester ouverts et vous laisser porter. Bonne route. »

Avec une voix d’un calme fascinant, c’est par ces mots qu’Estas Tonne introduit son spectacle. Par cette invitation à s’immerger complètement dans la musique, et s’aventurer au-delà de la frontière qui sépare le public et l’artiste sur scène. Ce soir est la dernière date d’une tournée de deux mois qui l’a emmené aux quatre coins des Etats-Unis.

Dès les premières notes, on ne peut qu’être captivé par la profondeur du jeu, l’intensité et la passion ressenties dans chaque note. Les pédales d’effet font raisonner la guitare classique dans cet écho mystique qui fait la signature du son d’Estas Tonne. Tout en restant authentique. On peut entendre le claquement des doigts sur les cordes, des ongles sur le bois de l’instrument, les respirations du musicien : on entend de la vie ce qu’il joue.

Une expérience sonore unique et éphémère

Au long du concert, on peut reconnaître certains thèmes inspirés de l’album Internal Flight, ou du morceau Cuban Dance. Il semble même lancer quelques notes du thème de sa célèbre Song of The Golden Dragon, mais ne jouera pas le dit-morceau. Et c’est précisément ce qui fait toute la beauté d’une performance d’Estas Tonne. On ne vient pas assister à un concert pour entendre nos chansons préférées. On vient plonger avec le musicien dans une expérience sonore unique et éphémère, avec ses variations créées sur le moment. Même si on retrouve évidemment l’esthétique sonore et le style qui font la personnalité de l’artiste.

C’est ainsi qu’il nous fait naviguer pendant presque deux heures de mers calmes en océans déchaînés, passages plus intenses assez impressionnants de rapidité et de force sur l’instrument. Avant de jouer un dernier morceau sur une petite guitare, Estas Tonne ne manque pas de remercier tous les gens impliqués autour de lui, en n’oubliant pas le public. Il est presque dommage de le voir jouer dans des théâtres assez grands – où certaines personnes regardent leurs téléphones et portent moins attention – qui perdent un peu en âme et chaleur, en proximité pour encore plus s’immerger dans l’introspection proposée par l’artiste. Il faut parfois fermer les yeux pour mieux voir la variété des couleurs et motifs évoqués par la musique, et mieux ressentir ce qu’elle va chercher en nous.

Le guitariste quitte la scène devant une salle debout qui l’ovationne. Retourner sous la pluie, dans le brouhaha incessant de New York et les lumières de la ville, c’est comme se réveiller d’un rêve et retomber sur Terre, dans la réalité. Mais avec la force et l’inspiration donnée par un musicien unique en son genre. Merci Estas Tonne pour le voyage. En espérant le voir un jour dans nos contrées.

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