crédit photo: Charles-Antoine Marcotte
Reno McCarthy

Entrevue avec Reno McCarthy : Les difficultés de la musique anglophone indépendante au Québec

Lors de notre passage au festival Artefact à Vaudreuil-Dorion le week-end dernier, nous avons profité de l’occasion pour rencontrer certains des artistes qui s’y produisaient. Voici le premier de nos portraits, avec l’auteur-compositeur-interprète montréalais Reno McCarthy.

C’est après son test de son que l’auteur-compositeur et interprète m’attendait patiemment devant la scène principale avec son groupe pour l’entrevue. Il profite de sa visite à Vaudreuil-Dorion pour présenter son univers musical, quelques semaines avant la parutiom de son 2e album en octobre. En cherchant un peu de tranquillité pour notre rencontre, nous nous sommes dirigés vers les loges du festival pour trouver un magnifique espace devant la Baie de Vaudreuil et en deux temps, trois mouvements, nous étions prêts à partir la conversation.

C-A : Nous sommes aujourd’hui ici, au festival Artefact et c’est ton premier spectacle depuis les évènements de la pandémie ?

Reno : Ouais, c’est mon premier avec mon projet. J’ai fait quelques spectacles comme musicien pour aider des amis et j’ai aussi réalisé un spectacle avec mon autre projet musical qui s’appelle Conifère, un projet avec mon ami et musicien Arthur Bourdon-Durocher. Sinon, c’est le néant depuis 2 ans.

C-A : Tu as sorti ton premier album studio Counterglow en 2019. As-tu eu le temps de te promener avec l’album ?

Reno : Ouais, je dirai qu’il a vécu ce qu’il devait vivre.

C-A : Tu l’as produit de façon indépendante ? Qu’est ce que ça t’apporte ?

Reno : Ouais, toujours de façon indépendante.  Je suis un peu « control freak », ça me permet de satisfaire un angle de ma personnalité. Ça me permet aussi de rester proche de tous les éléments qui viennent avec le fait de faire la musique. C’est ça qui est agréable aussi : tu ne fais pas juste de la musique, tu touches plusieurs branches et je suis intéressé par tout ça.

C-A : Et la reconnaissance de tes pairs, es-tu capable de l’obtenir même si tu es indépendant.

Reno : J’ai la reconnaissance de mes amis dans le domaine de la musique (rires). C’est plutôt l’idée du sentiment de communauté qui est plus difficile, surtout quand tu es un artiste anglophone à Montréal.

C-A : Mais justement, trouver des occasions pour jouer en anglais dans un milieu où on met l’emphase sur la protection et le partage de la musique francophone, est-ce facile ?

Reno : Non. C’est totalement valable et important que ce soit fait, défendre la langue française dans la scène artistique au Québec. Mais c’est sûr que ça laisse à la musique anglophone un peu le rôle de mouton noir. J’pense que ce qui est plate, au-delà du fait qu’il y a peut-être un peu moins d’opportunité dans les radios indépendantes, c’est plus difficile de trouver la communauté. Je suis comme n’importe qui, je passe mon temps au Quai des Brumes et à l’escogriffe et à toutes ces places-là, mais c’est toutes des places qui sont au coeur de la scène francophone. Il y a moins cette communauté anglophone musicale en ce moment à Montréal. Ça dépend des périodes, mais pas ce moment.

 

C-A : Personnellement, ce que je remarque, c’est que plusieurs artistes anglophones québécois sont signés dans des maisons de disques américaines comme No Joy chez Joyful Noise ou MUNYA chez Luminelle Recording. Malgré ton côté « Control Freak », est-ce que ça te donne envie, malgré ton amour d’indépendance, de rejoindre une maison de disque canadienne ou américaine ?

Reno : Oui, je n’aurais pas dit ça avant, mais être en charge de tout, ça vient avec toute sa charge mentale. Ça serait agréable pour moi de déléguer et ainsi pouvoir me concentrer uniquement à la musique.

C-A : En 2020, tu as sorti un petit EP folk magnifique qui s’intitule Angels Watching Us Dance.

Si on compare avec le premier album sorti en 2019, le premier est plus porté sur les synthétiseurs et le EP est plus porté pour les instruments acoustiques. Et les derniers extraits musicaux que tu as offerts en prévision de ton deuxième album qui sort cet automne reviennent sur le même son que le premier album. Est-ce que tu penses que ton public devrait ne pas avoir d’attente et rester imprévisible ?

Reno : Les extraits, à date, laissent présager quelque chose de différent. Il va avoir des surprises dans l’album…

 

C-A : Mais de passer à du folk et de la pop, est-ce le genre de surprises auxquelles on peut s’attendre sur le prochain album ?

Reno : Peut-être 😉

C-A : Quand on parle de tes oeuvres musicaux, j’ai le sentiment que tu n’aimes pas être confortable dans ce que tu réalises, est-ce le cas ?

Reno : C’est très vrai. Ça ne me tente pas de me répéter. Il y a tellement d’affaires qui m’inspirent que c’est toujours motivant de commencer à écrire une chanson et de se rapprocher d’une idée qu’on a entendue dans une chanson ou autre. En même temps, je réfléchis beaucoup alors j’ai tendance à ramener ça dans une vision plus globale, plus cohérente. Mais ça reste une bataille entre essayer de rester cohérent et se permettre d’aller devant des nouvelles directions.

C-A : Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter avec l’arrivée du nouvel album ?

Reno : Souhaite-moi le bonheur!

C-A : Dans la vie en général, es-tu heureux ?

Reno : Depuis une semaine, oui. J’ai décidé, il y a une semaine, que je voulais être heureux.

C-A : Dans ce cas, tu devrais écouter ta musique. Elle me fait du bien en tout cas.


Le deuxième album de Reno McCarthy, Run Up River, est prévu le 29 octobre prochain.

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