Philippe Katerine

Entrevue avec Philippe Katerine

L’artiste français Philippe Katerine était de passage à Montréal pour faire la promo de son nouvel album, simplement intitulé Philippe Katerine.  Sorstu.ca a profité de la visite du chanteur derrière le succès Louxor, j’adore pour le rencontrer et discuter avec lui de ce nouveau disque controversé.


En créant un album où les textes sont abrégés à leur plus simple expression, Philippe Katerine était loin de se douter qu’il devrait en parler autant.

Photo par Karine Jacques

C’est qu’avec son nouveau disque simplement intitulé Philippe Katerine – lequel contient 24 courtes chansonnettes d’une simplicité que certains pourrait qualifier « d’enfantine », dont une intitulée Bla Bla Bla sur laquelle c’est tout ce qu’il dit, une autre où il récite l’alphabet,  une où il ne fait que nommer les accords joués par ses musiciens et j’en passe – l’extravagant chanteur français a soulevé les passions des critiques français.

Certains ont crié au génie, encensé la liberté de l’artiste et son approche « minimaliste »; d’autres y voient un vulgaire canular ou une insolente démonstration de nonchalance.

Le principal intéressé, lui, ne fait pas grand cas de cet accueil bipolaire.

« Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre, confiait-il à Sorstu.ca autours d’un jus d’orange pressé. Quand t’as eu un peu de succès, poursuit-il, les gens, ils sont plus remontés, plus tendus. Pourtant, moi j’ai écrit mes chansons de façon tout à fait détendue, mais c’est vrai que c’est reçu avec un peu de tension ».


Less Is More

Même s’il réfute sans insistance la thèse de la fumisterie, Philippe Katerine admet avoir décidé d’en faire moins, embrassant le fameux précepte de Mies Van der Rohe.

« Souvent, je me suis fait le reproche de trop en faire, dans tous les domaines d’ailleurs. J’ai écrit beaucoup de chansons; certaines plus écrites et d’autres où il n’y avait presque rien. Je préférais celles-là. Elles avaient plus de personnalité. L’orgueil te dit beaucoup le contraire. L’orgueil te dit : ‘Tu ne vas pas séduire, il faut que tu épates, que ce soit bien tourné.  L’orgueil vous dit tout ça à longueur de temps. »

N’empêche, si certaines pièces partent de petits concepts laissés à leur plus simple apparat, d’autres, comme Liberté ou La Reine d’Angleterre semblent aspirer à une certaine subversivité. Encore une fois, l’artiste désarme: « Ce sont pour moi des émotions, et pas nécessairement les miennes », lance-t-il mollement.

« Il y a 24 chansons comme il y a 24 heures dans une journée finalement. Il y a des moments où l’on dort, d’autres où l’on est en colère.  Des fois on a envie de se marrer ou d’être dans la confidence ».


« Reviens chez toi », disait la voix

Peu importe la façon de l’aborder, Philippe Katerine insiste à dire que toute cette audace n’a rien d’une envie de provoquer. Tout ce processus qui a mené à créer un album comme celui-ci est venu naturellement. « Il n’y a pas de volonté; il y a un instinct qui disait: ‘Reviens chez toi’.  C’est un peu ça l’album ».

Pochette du nouvel album de Katerine

Ce « retour au bercail » signifie plusieurs choses pour Philippe Katerine: revenir à sa famille (ses parents posent avec lui sur la pochette, et l’accompagnent sur la perturbante chanson Il veut faire un film), à ses origines, mais aussi à une instrumentation volontairement dépouillée avec ses amis d’enfance Sébastien Moreau (à la basse), Gregory Czerkinsky (batterie) et Philippe Eveno (guitare).

Cinq ans après Robots après tout – qui proposait une sonorité plus électronique et dansante – la nouvelle oeuvre homonyme de Philippe Katerine revient en effet à des arrangements plus bruts, faisant usage des instruments rudimentaires du rock sans trop d’effets.

« Quand on commençait les premiers groupes, on ne savait même pas qu’il existait des pédales, on ne savait pas comment faire des saturations, même si on les entendaient sur les disques. Là c’est pareil, c’est comme à l’âge de 17 ans: on a enlevé toutes les pédales et on s’est contenté d’un ampli et un instrument. La musique peut très vite devenir un réflexe. Moi j’aime bien ne pas tout avoir ».


En concert… éventuellement!

Il faudra probablement attendre à l’été 2011 avant de voir Philippe Katerine à Montréal. « Je ne sais pas ce que ce sera encore, mais ce sera très différent (des concerts précédents avec le groupe The Little Rabbits) ».

La formule n’est donc pas encore précise dans l’esprit de l’artiste, mais encore une fois, la situation ne semble pas le stresser outre mesure.

« J’aime chanter, moi. J’aime chanter en peignoir, en jeans, avec des plumes dans le derrière. J’aime chanter dans toutes les positions ».


*Consultez notre critique du nouvel album de Philippe Katerine *

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