Les Hôtesses d'Hilaire

Entrevue avec les Hôtesses d’Hilaire | « Viens avec moi », pour une dernière fois

Le jeudi 19 décembre prochain, ce sera la fin d’une belle aventure pour Les Hôtesses d’Hilaire. Ce soir-là, ce sera la toute dernière représentation de leur opéra-rock Viens avec moi, au Grand théâtre de Québec. Un spectacle à grand déploiement qui mêle théâtre, parodie de téléréalité musicale, projections, nez géant, invités spéciaux et beaucoup, beaucoup de chansons. Dix-neuf, pour être exacte.

Il faut dire que le groupe en a fait du chemin depuis le lancement de l’album-titre à l’Esco en mai 2018. À l’époque, le collègue Marc-André Mongrain avait interviewé Serge Brideau, leader charismatique de la formation. Un an et demi plus tard, on reprend de ses nouvelles. Est-ce que le calendrier a été chargé depuis la dernière fois? Rejoint grâce à un appel longue distance, le chanteur acadien se met à rire.

C’était pas mal la plus grosse année de ma vie, musicalement. Quand on a sorti l’album, on arrivait tout juste de l’Australie. On était sur un high et ça a pas arrêté depuis ce temps-là. On a fait des spectacles, on a accumulé des nominations et des prix… Je sais pas quoi te dire, c’était une année de rêve.

 

« C’est vraiment la dernière »

À la base, cinq représentations étaient prévues pour le projet Viens avec moi. Mais la demande était trop forte. Le concert du 19 sera la 14e représentation du spectacle. Ou peut-être la 15e : même Serge Brideau n’est pas capable de donner un nombre précis au bout du fil. Tout ça, en plus des nombreux autres spectacles réguliers à travers le Canada francophone et quatre voyages en Europe. Mais voilà que le temps est venu pour les Hôtesses de tourner la page. Est-ce que ce sera pour de bon?

« Je pense qu’on a fait le tour. En plus, les Hay Babies sortent un album, les Deuxluxes aussi ».

C’est que Les Hôtesses d’Hilaire ne sont pas seuls dans leur imposant bateau. Leurs amies des Hay Babies servent de chorale, alors qu’Anna Frances Meyer des Deuxluxes y joue le personnage de Julia. « Les étoiles étaient vraiment alignées parce que les deux travaillaient sur un album, ils n’avaient pas beaucoup des spectacles pour la période de l’opéra. »

Plus ancrés dans le milieu du théâtre, Diane Losier et Robin-Joël Cool sont également de la partie. Il faut aussi ajouter Mathieu Pelgag, invité à donner encore plus de claviers parce que « ça prend deux claviers pour faire ces chansons-là. » Le Théâtre du Futur a également travaillé sur la mise en scène.

« Ça faisait beaucoup de monde à bloquer pour les shows. On en a demandé beaucoup à ces gens-là. Mais là, c’est la fin. Ça va être émotif, ça va être quelque chose de jouer ça pour une dernière fois. C’est tellement un beau projet. »

* Première de Viens avec moi au Club Soda en novembre 2018. Photo par Marie-Claire Denis.

Pas de rappel

C’est donc la dernière chance d’attraper l’opéra-rock Viens avec moi. Après, le groupe se concentrera sur le prochain album. Qui sait? Peut-être aura-t-on droit à une suite?

Serge Brideau se met encore à rire. « Non! Non! C’est fini les opéras rock pour un boute. »

« Ça a quand même pris deux ans juste à écrire l’opéra. C’est vraiment demandant, c’est comme un casse-tête. Pour tout de suite, les albums concepts, c’est comme la joke dans le band. » Le chanteur raconte que l’ingénieur de son du groupe Benoit Bouchard, qui a aussi participé à la réalisation, au mixage et à l’écriture est catégorique: « Il dit que si on l’appelle pour parler d’un opéra rock, il va raccrocher dès que tu dis « opéra », t’auras même pas le temps de dire « rock ». Je dis pas non à un autre album concept, mais pas pour le prochain. »

Impossible d’avoir une idée précise de ce que nous réservent Les Hôtesses d’Hilaire toutefois : même si l’écriture va bon train, rien n’est encore joué. « D’habitude, on écrit le double d’idées de ce qui se ramasse sur l’album. Pour l’opéra-rock, on avait une quarantaine de chansons. Et même là, il y en avait plusieurs qui ne fonctionnaient juste pas : on va revisiter ce stock-là. On en écrit d’autres aussi. Le processus de création, c’est le fun. C’est couper dans le gras qui est plus tough. On se fait beaucoup de sessions d’improvisation, on ne se met pas de restrictions. »

Un nuage d’amour

Reste que tous les efforts que la formation acadienne a mis dans Viens avec moi ne sont pas passés inaperçus. Si bien que le groupe est reparti récemment avec le prix convoité de l’artiste de l’année au dernier GAMIQ. Il y a coiffé Fuudge, Lou-Adriane Cassidy, Marie Davidson et Québec Redneck Bluegrass Project au fil d’arrivée. Ce triomphe a conclu toute une soirée pour Serge Brideau : c’est à lui qu’est revenue la tâche d’animer la soirée, alors que les Hôtesses faisaient office de house band.

Le principal intéressé avoue ne pas se préoccuper trop des galas de l’industrie la plupart du temps. « Mais le GAMIQ, c’est autre chose. Ça fait longtemps que je regarde ça aller, du Nouveau-Brunswick. Avant que je rentre dans le circuit de la musique, c’est de même que je découvrais des artistes : je regardais ce qui était en nomination. »

« De faire partie de cette gang-là, de gagner le prix d’artiste de l’année, ça m’a touché. Ça nous a tous touchés. Franchement, on ne s’attendait pas à ça, pour être honnête. Il y avait beaucoup de bons bands là-dedans que je respecte : on est revenus de ça un peu sur un nuage. »

On leur souhaite que cette ballade en nuage se poursuive au-delà de la dernière représentation de Viens avec moi, le 19 décembre au Grand théâtre de Québec. Pour acheter des billets, c’est par ici.

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