Leif Vollebekk

Entrevue avec Leif Vollebekk | En parfait contrôle

Quatre ans. Quatre ans qu’on l’attendait le petit nouveau de Leif Vollebekk et le voici avec son troisième opus Twin Solitude paru le 24 février dernier, qu’il lancera le 2 mars prochain au La Tulipe. Sors-tu.ca l’a rencontré pour discuter de la chose.

« J’avais pas complètement saisi la chose. Mais je ne sais pas c’est quoi la chose. Je focusse moins sur ce que les gens disent musicalement. Je suis juste focussé sur…la chose. » On pouvait voir les méninges tourner après lui avoir demandé ce qui avait changé durant ces quatre années sans nouvelle pièce, l’une d’entre elles même sans spectacle. Leif Vollebekk a pris son temps avant de faire paraître Twin Solitude pour se recentrer et contempler là où il en était rendu, ici, maintenant, en début de trentaine.

Son rapport à la musique a changé après être tombé en amour avec Prince, un peu avant sa mort– un drôle de timing, comme le soulignait Vollebekk. « Pour moi, une chanson sans paroles, ça ne fonctionnait pas. C’est comme tomber en amour avec quelqu’un que tu trouves belle, mais que ce qu’elle dit ne te touche pas. Pour moi, la production et la musique, c’était toujours secondaire. Mais, avec Prince, les paroles sont honnêtes donc elles n’ont pas besoin d’images hyper flyées. Tout est dans la musique. »

Je l’ai vu à Montréal la journée que j’enregistrais. Il avait annoncé ça trois, quatre jours avant. J’ai acheté un billet, sachant que j’essayais de finir mon album. Je leur ai dit: ‘Faut que j’y aille, je ne sais pas quand il va revenir.’

Ayant lui-même réalisé son album au studio Breakglass, Leif Vollebekk a pu amené le son là où il le souhaitait. Un peu comme le spectacle de Prince en duo piano-voix qui l’avait tant touché, le chanteur s’est permis un son beaucoup plus simple. « Je savais quel son je voulais pour les drums, je savais que je voulais le bass drum des années 1930 que j’ai acheté à Cincinnati. Je savais que le piano à Breakglass serait le bon piano, quel micro je voulais utiliser. On a passé une journée à trouver les sons que je voulais, que j’entendais dans ma tête. Je voulais que le drum soit identique, qu’il unifie un peu l’affaire. »

Critiqué dans les médias comme quoi son album était trop linéaire, Leif Vollebekk nous assure que c’était la volonté derrière la réalisation. Lui-même avait déjà essayé le format classique en ballades avec morceaux plus énergiques comme sur North Americana (2013) ou Inland (2010), mais préférait la linéarité pour ce troisième opus. Il a choisi cet atmosphère afin de créer quelque chose de constant, de chaleureux. « Ce sera le mood pour quelqu’un, quelque part, ce sera le mood qu’il cherche, dont il a besoin. »

En boucle

En vue de la sortie de l’album, on mentionnait souvent un désamour de la part de Leif pour ses anciens morceaux parce qu’elles ne le touchaient plus autant. Il préférait plutôt jouer des reprises, des chansons qui le sortaient du répétitif de tournée. Cette abnégation envers ses propres chansons reflète plutôt bien ses habitudes d’écoute musicale. « J’écoute juste des chansons en repeat pas mal. J’aime pas trop écouter différentes choses, parce que j’aime pas écouter la musique que j’aime. J’aime écouter la musique que j’adore. Ces chansons-là me disent quelque chose. Quand je trouve une pièce qui me touche, je l’écoute constamment, jusqu’à la connaître par coeur. Tu ne sais pas pourquoi tu l’aimes donc tu l’écoutes encore, et encore, et encore. Et quand je suis done, je suis pas mal done et je passe à autre chose. Mais, ça prend un bout de temps. »

Il est fasciné toutefois que ses propres morceaux peuvent être écouté en boucle par d’autres. « Un ami m’a écrit pour me dire qu’il avait écouté ma chanson Elegy sur repeat, et lui, c’est comme un rock n’ roll drummer. On ne sait pas qui va écouter la musique. Mais pour moi, quelqu’un qui écoute mes chansons en boucle, je trouve ça intéressant de voir qu’elles peuvent avoir cet effet-là sur les autres. »

Leif Vollebekk a dévoilé Elegy, le premier extrait de Twin Solitude paru en décembre, en plus d’un vidéoclip pour celle-ci réalisé par Kaveh Nabatian. Pour la première fois, Leif a senti que la chanson s’accompagnerait parfaitement d’un vidéoclip et que cette plage de Floride traduirait bien la couleur et l’émotion du morceau. Il s’est retrouvé en tête à tête avec Kaveh Nabatian, d’un bord et l’autre de la caméra. « La manière dont il voit les choses, c’est la manière dont j’aimerais voir les choses. Je lui faisais confiance. Lui me faisait confiance. Lui filme, moi je danse, and we’ll see what happens. Il a compris mon idée et l’a réalisé. »

Laisser aller les choses

Lors du lancement du 2 mars prochain, Ludovic Alarie assurera la première partie et Leif Vollebekk est enchanté. « Je lui ai demandé de faire ma première partie. Je le trouve vraiment fantastique! Des fois je le décris pour des anglos comme le lovechild de Serge Gainsbourg. C’est tellement musical que ça me transporte. C’est tellement simple, mais c’est groovy. »

On pourra retrouver Leif parcourant les scènes ce printemps pour promouvoir Twin Solitude, et ce sera peut-être l’occasion, déjà, d’entendre du nouveau matériel. « J’ai presque fini un autre album, mais je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas quand je vais l’enregistrer, je ne sais pas comment et je ne sais pas avec qui. Avec Twin Solitude, j’ai l’impression que je savais plus — mais en même temps, j’avais plein de temps. Je m’étais donné un an sans show pour travailler l’album. Là, je m’en vais en tournée, donc ça fait peut-être du sens que je ne sache pas trop. Je ne veux pas que ça prenne autant de temps, le plus que j’y pense, le pire ça va être. J’essaie pas trop de penser à l’avance parce que c’est jamais ce qu’on pense anyway. » 

Il choisi plutôt la méthode du laisser aller, du que sera, sera pour ce qui s’en vient de son côté. C’est tout de même rassurant de savoir qu’on n’aura peut-être pas quatre ans d’attente la prochaine fois! D’ici là, le nouveau matériel de Leif Vollebekk nous suffit et nous comble parfaitement. Vivement voir tout ça sur scène, à commencer par ce 2 mars qui vient au La Tulipe avec Ludovic Alarie en première partie dans le cadre de Montréal en Lumière.

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