Entrevue avec Julien Dassin | L’art de se souvenir

Oui, oui, Julien Dassin, le fils de Joe Dassin. Ce grand Joe Dassin, disparu il y a 45 ans, nous ayant laissé des tubes intemporels comme L’été indien ou Les Champs-Élysées. À travers dix dates dans les deux prochaines semaines, Julien Dassin ramènera de beaux souvenirs à un public québécois âgé, nostalgique, bercé depuis toujours par les belles mélodies de son père, tout en proposant à un public plus jeune d’entendre, probablement pour la première fois sur scène pour certains, ce répertoire incontournable de la chanson française. Entrevue.

« C’est un devoir et une obligation de reprendre son répertoire, nous partage-t-il par conversation sur Zoom. Son public est toujours là et demande toujours à écouter ses chansons. Et moi, je ne fais que les livrer telles quelles, comme il les a connues et aimées. Ce n’est pas moi qui modifierai ses chansons. Ce n’est pas moi qui ferai des remixes. Vous ne me verrez jamais habillé en blanc sur scène. Je ne suis pas Joe Dassin, je suis son fils qui lui rend hommage et qui répond à la demande du public. Tant qu’il sera là, je serai là. »

Alors qu’une majorité écrasante des artistes internationaux visitant le Québec en tournée ne s’arrête qu’à Montréal, et parfois à Québec, Julien Dassin visitera en plus, quant à lui, des villes comme Sherbrooke, Gatineau ou Saguenay d’ici le 5 novembre.

Éternelle chanson française

On a récemment dédié un film à Charles Aznavour. Gainsbourg et Piaf aussi ont mérité leur biopic au 21e siècle. Les chanteurs français et belges de la Belle époque qui sont encore vivants (Sardou, Jonasz, Adamo et d’autres) remplissent encore aujourd’hui des salles d’envergure partout en francophonie. Et les tournées précédentes de Julien Dassin chante Joe Dassin ont rencontré un franc succès, même aux États-Unis! Quel est donc le secret de ces artisans de la chanson française pour que 50, 60 ans après leurs débuts, ils soient toujours aussi admirés?

« Avant tout, c’était vraiment le respect du public, qui, je pense, se perd un petit peu en ce moment. Et il y avait surtout ce perfectionnisme. Je parle là plus de Joe Dassin, mais je pense que les autres artistes ne devaient pas être loin d’être les mêmes, à chercher les mots justes, les belles mélodies et les beaux textes. Ce sont des chansons qui parlent aux gens, qui leur remémorent un bon souvenir, ou peut-être un moment de mélancolie. Mais ça leur parle. »

“Et si tu n’existais pas, dis-moi pourquoi j’existerais.” Vous n’avez jamais pensé ça? Et dans 50 ans, quelqu’un le dira encore!

Drôle d’anecdote racontée par Julien Dassin : Dans les yeux d’Émilie, chanson de son père sorti en 1977 et détaillant son idylle avec une Québécoise, a connu une renaissance depuis 2023 et est devenue un véritable hymne des supporters de rugby et autres amateurs de férias, dans le sud-ouest de la France. Des fanatiques de sport par milliers entonnent le refrain, et même les couplets, les connaissant maintenant, à travers la deuxième jeunesse de ce morceau, sur le bout de leurs doigts. Comme quoi, la musique traverse les âges, mais aussi les différents publics.

Honorer le paternel, hors de la scène

En plus de cette série de spectacles reprenant le meilleur du répertoire de Joe Dassin, Julien Dassin a fait paraître cet été un ouvrage biographique intitulé Il était une fois nous deux : Joe Dassin, mon père. Ayant perdu son père à peine cinq mois après sa naissance, en 1980, Julien Dassin avance qu’il ne connaît pas mieux l’artiste que nous, public. Pourtant, ce projet lui a permis de mieux connaître l’homme derrière.

« Ça me tenait à cœur de rétablir des vérités, de faire un peu l’ultime biographie sur mon père, parce que quand j’ouvre Internet, j’entends tout et n’importe quoi sur sa vie, sur la façon dont il est décédé, dit Julien Dassin. [Pour écrire ce livre], je suis allé voir des amis à lui, mais pas des amis du métier, pas des amis show business, comme on dit. Des amis très proches plutôt, qu’il a connus d’enfance. Si vous saviez le nombre de personnes qui ont connu mon père, la moitié de la planète l’a connu! J’ai parlé à ma famille, bien évidemment. Et à ma mère, qui m’a beaucoup parlé de mon père. »

Une histoire de famille

Les Dassin sont, depuis toujours, des artistes. Jules Dassin, le grand-père de Julien, était un réalisateur à succès à Hollywood. Inscrit sur la « liste noire » américaine pendant la chasse aux sorcières du maccarthysme, Jules et sa famille, dont son fils Joe, sont contraints de s’exiler. « Voilà comment la famille Dassin a atterri en Europe », détaille Julien Dassin. Même s’il était à moitié Américain, né à New York, Joe Dassin n’a jamais rencontré le succès escompté chez nos voisins du sud, nous raconte son fils. Et pourtant, ça a été une expérience tout inverse pour Julien Dassin, après une tournée aux États-Unis plus tôt dans l’année ayant répondu aux attentes commerciales.

« Je ne sais pas si c’est un passage de flambeau, mais on peut dire que la boucle est bouclée! », clôture-t-il sur un ton jovial. Pour prendre connaissance de la tournée complète de Julien Dassin, et pour vous procurer des billets pour l’un de ses spectacles, c’est par ici.