Edouard van Praet

Entrevue avec Edouard van Praet | Rockeur dans l’âme, tendre sur les bords

Jeune artiste bruxellois en vogue, Edouard van Praet vient présenter pour la première fois ses chansons en solo hors de la Belgique. Après des dates à Chicoutimi et à Trois-Rivières, c’est au tour du Petit Campus, à Montréal, de se mériter ce soir une visite du Bruxellois. Edouard van Praet se produira aux côtés de Cure-Pipe et de Vincent Paul.

Comme il est bien souvent le cas, Edouard van Praet a décidé de fonder un groupe avec son ami durant son adolescence, intitulé Tissue. Inspiré par le vieux rock, notamment The Beatles ou The Doors, mais aussi le folk de Leonard Cohen, van Praet s’est par la suite lancé en solo avec un premier EP en 2021, Doors, et un autre paru l’année suivante, appelé Cycles.

« Le titre le laisse entendre, le concept de Doors était vraiment d’ouvrir des portes, d’ouvrir enfin un projet, explique l’artiste. Avec Cycles, je suis peut-être passé sur un truc un peu plus sombre, plutôt clair-obscur en fait », poursuit van Praet.

Que ce soit au niveau des influences ou des ambiances, Edouard van Praet carbure en confrontant le meilleur des deux mondes dans son projet. « [Le mélange] reflète un peu ce que j’essaie de faire à travers ma musique, même en termes d’écriture, combiner le cru, l’impur et le sale avec des choses plus pures. Que ce soit le passage d’une chanson à l’autre, j’aime bien avoir une berceuse qui se pose à côté d’un morceau extrêmement violent. J’adore les contrastes », dit le musicien.

L’EP est éclectique, à l’image du personnage, en tirant autant dans le psychédélique, le garage, la pop, l’électro et même le jazz. La présence d’instruments électriques et organiques constitue également une force majeure du projet.

« Il y a une efficacité et une pureté dans le son du synthétiseur qui est improductible par une guitare, et vice-versa, il y a une imperfection dans la guitare qui est improductible par le synthétiseur. J’aime bien combiner les deux », précise-t-il.

 

Une pincée de Freud

Edouard van Praet est passionné de musique, mais également de psychologie, au point où l’artiste a entamé des études dans le domaine. Sans relever un lien direct entre ses deux intérêts, van Praet se questionne sur l’influence que l’un a pu exercer sur l’autre.

« Effectivement, dans ma musique, on pourrait entendre cette exploration de ce qu’est la santé mentale. D’essayer de comprendre « tiens, qu’est-ce qui fait qu’on perd les pédales par moments? » Ou qu’est-ce qui fait qu’on arrive à s’intégrer [aux autres] », raconte le chanteur.

Les pochettes de ses quelques parutions, EP ou singles, renvoient également dans une moindre mesure au monde de la psychologie.

* Is This Over? (gauche) et Doors (droite).

 

Revenir aux sources

Edouard van Praet est né en Belgique et habite sa capitale, mais tient également des racines canadiennes du côté de son père.

« C’est un truc qui est assez important pour moi, dans ma musique, de réconcilier mes influences anglo-saxonnes et francophones. »

Un seul morceau chanté en français est paru du côté de l’artiste, l’excellent et oppressant Ivresse de minuit, mais la donne pourrait bientôt changer pour van Praet.

« Je parlais en anglais avec mon papa et avec mes grands-parents. J’ai écouté beaucoup de musique en anglais, et quand j’ai commencé à écrire des chansons, c’est naturellement sorti en anglais, fait part le musicien. Mais là, ces derniers temps, il y a quand même plus de français dans mon écriture. »

« J’essaie d’être plus ouvert à choisir naturellement, à laisser venir la langue dont la musique a besoin, à un moment donné. Ça dépend de la chanson, de la mélodie qui vient, et puis des fois, mon humeur du moment. »

L’anglais est pour l’instant au centre de son art, bien que la langue de Shakespeare n’est pas comptée dans les trois langues officielles de la Belgique, le français, le flamand et l’allemand. Le pays est affecté depuis des décennies par ces différences culturelles et linguistiques, causant une fracture entre les peuples et les régions. Une situation regrettable, juge le Bruxellois.

« Si on ne connaît pas les bons endroits, en fait, c’est très difficile de trouver des espaces où on a vraiment le sentiment de vivre dans un pays bilingue. La séparation se ressent assez fort, déplore Edouard van Praet. Et pourtant, il y a des trucs de ouf qui se passent des deux côtés », poursuit le Bruxellois, qui répète de temps à autre au Volta, un espace de création artistique mixte au cœur de Bruxelles.

 

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Edouard van Praet annonce durant l’entrevue qu’il travaille sur un album, qui devrait normalement paraître dans le courant de l’année 2024. Des singles seront lancés d’ici là.

« Il y a toujours plein de tracks qui traînent [rires]. J’y travaille de ouf [sur le disque] », glisse van Praet.

Pour assister à la quatrième et dernière date de la tournée québécoise du Bruxellois, vous pouvez cliquer ici.

* Photo par Haolin Huang.

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