Ariane Moffatt

Entrevue avec Ariane Moffatt | Sortir la tête de l’eau

L’après-midi touchait à sa fin et l’ambiance était électrique au Never Apart, cette jolie salle événementielle située dans le Mile-Ex. La raison ? Une poignée de privilégiés était conviée au lancement du sixième album d’Ariane Moffatt, Petites mains précieuses, qui sort officiellement ce vendredi 19 octobre.

L’artiste est là au milieu de la salle, dans une tenue élégante, un large sourire accroché sur son visage effectuant les derniers réglages de son pour le lancement. Un sixième opus dont le fil rouge demeure la tonalité soul-disco des années 1970-80 en passant par des incursions dans la chanson française de la même époque avec des artistes comme Michel Berger ou France Gall. « Je trouvais cette sonorité cohérente avec ce que j’avais à raconter, nous expliquait Ariane Moffatt tout juste avant son entrée en scène. Les 70’s, ça évoque pour moi ce groove, cette proximité qui cadraient bien avec ce reflex d’écriture « très confessions, très intime » que j’ai développé pour cet album.»

En effet pour cet album, les textes de l’auteur touchent plus que jamais au personnel et à l’intime, ce qui fait de Petites mains précieuses une sorte d’objet disco-mélancolique.

J’ai cette image en tête, d’une boule à facettes dans un chalet vide. Je n’ai pas voulu que ça sonne comme un disque des années 70, juste en prendre les racines et faire lien entre les deux époques ; le fun et la musique de cette décennie avec le sentiment un peu amer que nous inspire notre époque actuelle, en particulier dans la chanson Pour toi.

Donner la vie

Il faut dire que le processus de création de ce sixième album s’est fait dans des conditions un peu particulières. « C’est arrivé environ deux mois après la venue au monde un peu compliquée de mon fils. C’est là que j’ai commencé à écrire d’une manière plus frénétique. »

On dit souvent que pour un auteur, écrire est thérapeutique. « Vraiment, ça l’a été plus que jamais, avoue la chanteuse. Ça m’a aidé à extérioriser des trucs plutôt choquants. »

Un vrai retour aux sources pour l’artiste qui pour l’écriture de Petites mains précieuses a ressenti la même frénésie que pour son premier opus Aquanaute. À une différence près : « Sur Aquanaute, on peut me voir la tête plongée sous l’eau tandis que sur la pochette du dernier, j’ai la tête hors de l’eau, précise-t-elle. Comme une envie de sortir de ce liquide amniotique et de voir le monde. » La boucle est bouclée.

 

Montrer le vrai

Pendant toute la période d’enregistrement de l’album, un documentaire a été réalisé par Antoine Bordeleau pour permettre aux fans de la chanteuse de vivre la genèse de ce sixième album. « J’arrivais au studio, pas maquillée, pas coiffée, ce n’était pas voulu, j’étais là pour travailler mais en même temps je trouve que ça colle bien avec le coté authentique de l’album, explique l’artiste. Je venais d’accoucher aussi, et je voulais montrer qu’il y avait la femme, la mère et l’artiste. » Une forme de militantisme ? « Je n’irais peut-être pas jusque là, mais c’était des thématiques intéressantes à explorer et montrer que c’est possible de le faire. »

Il est temps pour l’artiste de rejoindre ses convives et présenter Du souffle pour deux, pièce d’introduction de l’album. Après un beau discours de remerciement, Ariane entame sa chanson, sans micro accompagnée par un piano, une guitare et une batterie au balcon. Le silence est quasi religieux tandis que la chanteuse envoûte la salle. Puis tout doucement, l’assistance se met à reprendre le refrain, de plus en plus fort jusqu’à la conclusion dans une sorte de va-et-vient, comme une respiration à l’unisson. Inspire, expire, inspire, expire….


* Ariane Moffat sera en spectacle le 22 février 2019 au MTELUS.

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