crédit photo: Pierre Langlois
Dweezil Zappa

Dweezil Zappa au Théâtre Maisonneuve | Les 50 ans de Roxy & Elsewhere et d’Apostrophe vu par le fils de Frank Zappa

Devant un théâtre Maisonneuve plein, le groupe hommage à Frank Zappa le plus légitime, avec des gènes du maître présent sur scène en la présence du guitariste Dweezil Zappa, le fils de Frank, nous a présenté un très long concert de 2h30 en hommage aux 50ème anniversaire des albums Roxy & Elsewhere et Apostrophe (‘), tous deux sortis en 1974 .

J’avais pris ma place pour le concert de Dweezil Zappa à Montréal prévu le 18 mars 2020. Pas de chance, c’était le tout début de la pandémie et ce fut mon premier concert annulé qui précéda une longue liste d’annulations crève-cœur…

Depuis, Dweezil Zappa a pris le temps de décrocher de la scène et c’est tout récemment qu’il a relancé la machine de ce qui s’appelait initialement Zappa plays Zappa avant bien des imbroglios à base de conflits familiaux et juridiques dignes d’un invraisemblable téléroman dont je vous épargne les détails.

Le concept est clair, Dweezil Zappa, le fils, reprend une partie du large héritage musical paternel pour entretenir la postérité du lourd héritage de Frank. Dans les premières itérations du concept, Dweezil était accompagné de musiciens ayant joué avec le père, de Terry Bozzio à Steve Vaï en passant par Napoleon Murphy Brock. Maintenant, c’est un groupe de jeunes musiciens qui ne devaient pas être bien vieux (s’ils étaient nés!) lors du décès de Frank le 4 décembre 1993.

Pour entretenir la légende, Dweezil traîne sur scène quelques antiques guitares jouées par le père, comme la fameuse Gibson Les Paul au fini dégradé présente sur la pochette de l’album Shut Up ’n Play Yer Guitar de 1981 ainsi que l’iconique Gibson SG de l’époque Roxy & Elsewhere. Pour assouvir vos désirs de gear porn, je vous renvoie au fameux Rig Rundown 2025 de Dweezil Zappa de l’excellent magazine Premier Guitar.

Dweezil Zappa est donc à la guitare, à l’animation de la soirée et chante quelquefois. Le multi-instrumentiste Zach Tabori est particulièrement intense et omniprésent aussi bien à la guitare, au chant qu’à la deuxième batterie pour quelques duels épiques de percussions! Scheila Gonzalez est aux saxophones, flûte, chant et percussions, tout à côté du turbulent bassiste Kurt Morgan avec qui s’échangent régulièrement quelques facéties et pas de danse. Bobby Victor chante et joue des claviers de mains de maître et Ryan Brown est à la batterie et aux chœurs.

Si les musiciens du groupe sont très impliqués et font le show en entrant joyeusement de plein pied dans l’univers déjanté de Frank, tout en prenant un large plaisir à interpréter ce répertoire tout de même difficile, Dweezil est statique et réservé, caché derrière son pied de micro et son gros pedalboard. Toujours est-il qu’il offre des solos de guitare dans l’esprit du père avec tout de même sa propre personnalité, avec notamment l’influence de Van Halen pour des parties en tapping sur le manche. Il y a aussi des passages techniquement difficiles où le guitariste semble débordé et tourne les coins ronds. Est-ce que c’est un mauvais soir pour lui ou le poids de la tournée lui pèse trop sur les épaules?

La section de cuivres pour interpréter du Zappa est réduite à la seule présence de Scheila Gonzalez, la seule femme du groupe, et elle brille par ses interventions et sa présence charismatique. Étonnamment, le choix a été pris de laisser aux claviers de Bobby Victor le soin d’interpréter les mythiques parties originales du vibraphone de Ruth Underwood. Je trouve ça regrettable, alors que la force d’un autre groupe hommage à Frank Zappa, the Furious Bongos, repose en grande partie sur la talentueuse vibraphoniste Pauline Roberts.

Pour jouer sur Cosmik Debris, l’invité de la soirée se trouve être le guitariste Ariel Posen. J’avoue être surpris et ne pas saisir l’association musicale entre la musique de Zappa et le blues style bubble gum à la John Mayer de Posen! Mais cela a au moins permis de pousser davantage le jeu de Dweezil avec un échange de solos plus inspirés et recherchés tandis que Posen propose quelques lignes parfaitement maîtrisé de slide guitare dont il a le secret.

Pour se faire plaisir, Dweezil n’a pu s’empêcher d’incorporer quelques reprises sorties directement des années 1980 avec une version du Hello de Lionel Richie et Livin’ on a Prayer de Bon Jovi où le chant est repris et maltraité par une sorte de vuvuzela à coulisse au son particulièrement agressif et désagréable. Si l’effet est comique les premières secondes, j’avais rapidement hâte de passer à autres choses. C’est alors que le groupe enchaîne avec Push Comes to Shove de Van Halen. Le guitariste  Eddie Van Halen reste une grande influence de Dweezil et il lui a même appris ses premiers accords de guitare.

Je ne peux m’empêcher de glisser un rapide mot sur les éclairages très minimalistes et particulièrement statiques. Ils sont vraiment beiges et sans surprises, loin d’être à la hauteur d’un tel concert dans une salle de cette envergure…

Après deux heures et demi, le groupe quitte la scène avec un rappel fougueux sur les titres Uncle Remus et I’m the Slime. Si ce concert jouit d’une interprétation tout aussi intense que son répertoire avec des musiciens de qualité, j’ai tout de même trouvé que certaines longueurs auraient pu nous être épargnées comme ces reprises insipides des années 80 qui n’ont rien apporté au concert. La soirée fut distrayante mais ne restera pas dans les annales, avec un Dweezil Zappa immobile, effacé et distant : ça semblait être la personne qui avait le moins de fun de la soirée.

Si vous voulez encore plus de musique de Frank Zappa avec un autre groupe hommage, la formation Furious Bongos revient au Québec cette année pour trois dates : le mercredi 7 mai à la Salle Anaïs-Allard-Rousseau de Trois-Rivières, le jeudi 8 mai à la Salle Dina-Bélanger de Québec et le vendredi 9 mai à la Salle Sylvain-Lelièvre (Collège de Maisonneuve) de Montréal

 

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