crédit photo: Karolina Kuras
Crypto (Côté Danse)

CRYPTO à la Place des Arts | La dernière création de Guillaume Côté est enfin à Montréal!

Le public montréalais et la distribution ont été patients. Après deux annulations consécutives (saisons 2019/20 et 2020/21), Crypto est enfin en représentation au Théâtre Maisonneuve pour clôturer la saison 2021/22 de Danse Danse. Dans cette dernière création du chorégraphe et danseur étoile de renom Guillaume Côté, on verra un couple qui bat de l’aile, une créature mythique et un chirurgien, évoluer sur une scénographie multimédia.

Vous vous souviendrez peut-être de la forte présence médiatique de Crypto en 2019. Une première version de cette création contemporaine alliant danse, théâtre et multimédia avait été présentée au Festival des Arts de Saint-Sauveur, un festival dont le chorégraphe est aussi le directeur artistique depuis 2014.

Seules deux représentations avaient alors eu lieu. Depuis, la moitié des interprètes (2/4) a changé et trois ans se sont écoulés. Entre les représentations de 2019 et celle à laquelle nous avons assisté ce mercredi soir, un travail important de transformation a été fait. Le Crypto de 2022 est plus minimaliste au niveau de sa trame sonore.  Suite au changement de distribution, les rôles de Crypto et du chirurgien ont été adaptés/retravaillés avec les deux nouvelles artistes. C’est donc un Crypto 2.0 qui est présenté. Si l’histoire reste la même, elle est racontée différemment.

* Photo par Sasha Onyshchenko.

Un conte de fées des temps modernes

La ligne narrative du spectacle est basée sur une histoire inédite issue de la collaboration de Guillaume Côté avec Royce Vavrek (Pulitzer pour la Musique 2017 avec Angel’s Bone). Avec Crypto, finies les amourettes de princes et de princesses des grands ballets classiques que Côté a eu l’habitude d’interpréter. Un couple (le chorégraphe et Greta Hodgkinson) est en perte de vitesse. L’homme est obsédé par une créature mythique (Crypto – Casia Vengoechea) qu’il capture pour raviver une flamme qui s’éteint. Un besoin de contrôle et de beauté dans le couple mènera à l’intervention d’une chirurgienne plastique (Natasha Poon Woo) pour donner forme humaine au Crypto…

Soyons directs, l’histoire à la base ne nous émeut pas beaucoup… pas moins non plus que celle du Lac des cygnes ou de toute autre œuvre classique souvent revisitée. C’est donc avec l’esprit ouvert que nous nous sommes présentés à la Place des Arts.

Des interprètes époustouflants, une création qui nous anime moins

La trame narrative qui nous laissait dubitatifs avant même de nous présenter au théâtre ne réussira pas à nous convaincre une fois sur place. En revanche, impossible de rester indifférent à la performance des quatre interprètes. Peu de surprise ici avec Guillaume Côté : s’il est souvent qualifié comme l’un des meilleurs danseurs de sa génération, ce n’est pas pour rien. Il fait briller sa collègue de 26 années au Ballet national du Canada, Greta Hodgkinson. La complicité entre les deux artistes est évidente.

* Photo par Karolina Kuras.

Notre coup de cœur ira cependant aux deux autres danseuses du quatuor. La précision et les mouvements incessants de la contemporaine Natasha Poon Woo en chirurgienne/scientifique folle, marqueront aussi le public dans un style inimitable. Casia Vengoechea, élégante danseuse aux aptitudes de contorsionniste, fait oublier sa nature humaine par sa gestuelle primitive et sensuelle. Elle est l’artiste parfaite pour le rôle de Crypto. Nous les avons adorées.

* Photo par Sasha Onyshchenko.

Et la musique dans tout ça?

Difficile de conclure cet article du sorteux sans parler de trame sonore. Ici aussi, nous n’avons pas tout aimé. Nous nous sommes plusieurs fois fait la réflexion en cours de spectacle que le mélange de musique classique, de sons issus de la nature et de musique électro du compositeur Mikael Karlsson supportait vraiment l’œuvre et était un réel point positif de la création. En revanche, nous n’étions pas vraiment enthousiasmés par l’ajout de voix hors champs qui ajoutait encore plus de théâtralité au spectacle. Ces voix, nous les avons trouvées superflues, voire même un peu gênantes. Si la danse et la musique sont des langages universels, l’ajout d’une voix hors champs ira d’office exclure ceux qui ne comprendront pas la langue employée. La chorégraphie étant assez explicite, la trame narrative ne nécessitait pas d’après nous de support supplémentaire.

En conclusion, ce sont véritablement les interprètes qui donnent à Crypto son attrait, la même création dansée par d’autres aura probablement peu d’intérêt. Nous restons donc ambivalents face à cette œuvre à l’ambiance un peu glauque. Cependant, pour les amateurs de danse, ce seront 65 minutes passées à voir quatre artistes très différents tous dotés d’un immense talent.

Crypto est en représentation au Théâtre Maisonneuve du 11 au 14 mai à 20h. Une causerie post-spectacle a eu lieu ce mercredi 11 mai et une autre aura lieu le vendredi 13 mai. Détails et billets par ici.

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