Une vie pour deux

Critique théâtre: Une vie pour deux à l’Espace Go

Evelyne de la Chenelière présente à l’Espace Go, jusqu’au 19 mai 2012, sa pièce Une vie pour deux | La chair et autres fragments de l’amour. L’auteure, inspirée d’une œuvre de Marie Cardinal et qui incarne également l’un des trois personnages du spectacle au côté de Jean-François Casabonne et de Violette Chauveau, surprend, trouble et émeut son public avec des mots qui déboulent, qui frappent et qui font vivre des émotions comme rarement une pièce réussit à le faire.

Photo par Caroline Laberge

Un couple, Jean et Simone, sort de son quotidien et s’offre des vacances en Irlande. L’amour est usé, le temps a fait son œuvre : les enfants, le ménage, l’absence d’un homme qui veut vivre de passions et le désespoir d’une femme qui souhaite plus que tout revoir le regard de l’homme qu’elle aime se poser sur elle.

Dès leur arrivée, Jean part seul marcher sur la plage, alors que Simone termine de ranger leurs effets personnels. Jamais il ne s’attendait à y faire la découverte du cadavre d’une jeune femme. Une belle et douce jeune femme morte noyée, dont le corps est maintenant habité par les traces de l’océan. Malgré tout, Jean est attiré par cette femme et le mystère qui entoure sa mort.

On découvrira un peu l’histoire de cette mystérieuse morte, Mary, avec les quelques faits lus dans les journaux, mais également à travers beaucoup de lignes inventées par le couple. Il s’amusera à reconstituer l’histoire de la jeune femme, et par le fait même, à exprimer ses propres sentiments à travers elle.

 

Violette Chauveau : une performance marquante et impressionnante

Photo par Caroline Laberge

Violette Chauveau, dans le rôle de Simone, est tout simplement incroyable. Les mots coulent de sa bouche avec une justesse déstabilisante, les cris sortent de sa cage thoracique comme des fils électriques qui atteignent notre esprit et nous transmettent directement toutes les émotions vécues par ce personnage en manque d’amour. Un tour de force de la comédienne qui restera certainement gravé dans la mémoire de tous ceux qui assisteront à ses prouesses d’interprétation.

Pour l’appuyer, Jean-François Casabonne, dans le rôle de Jean, est juste, calme, posé. Il adopte le jeu parfait pour laisser à l’avant-plan la démesure de Simone, qui capte toute notre attention. Entre les deux amants fatigués s’insère le personnage de la noyée, interprétée par l’auteure Evelyne de la Chenelière, qui ébranle notre esprit avec sa gestuelle, ses postures et son ton de voix. Elle a su doser parfaitement son interprétation pour nous faire croire, dur comme fer, à ce personnage de morte qui prend vie à travers le couple qui se plaît à lui en inventer une.

Ajoutez à ces comédiens hors pair une mise en scène simple, juste et parfaitement adéquate d’Alice Ronfard et un décor qui présente les mêmes qualités, tout en subtilité et vous obtenez une pièce marquante, touchante, belle. À voir, tout simplement.

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