Pourquoi pas?

Critique théâtre : Pourquoi pas? chez Duceppe

Mièvrerie et calvitie

Jeudi 5 janvier 2012 – Théâtre Jean-Duceppe (Montréal)

Jusqu’au 4 février prochain, Duceppe présente la pièce Pourquoi pas? de l’auteur ontarien Norm Foster, traduction de Louis-George Girard et Perry Schneiderman. Les interprètes Claude Prégent, Pauline Martin, Yvan Benoît et Danielle Lépine se partagent la scène sous la direction de Monique Duceppe. Un récit mièvre, à sens unique, où rien n’est neuf sous le soleil.

Dès l’ouverture du rideau, on pourrait croire que l’homme qui s’adresse à la foule s’apprête à animer une partie de bingo plutôt que de raconter la fable de l’amour qui a enflammé vingt-cinq ans de sa vie. Déjà, le ton est léger et fade, et les scènes qui s’ensuivent n’améliorent en rien la première impression. L’écriture de Foster y est répétitive, chaque scène renfermant des informations dites auparavant ou qui ne surprennent nullement. Les personnages, quoique attachants au départ, sont si linéaires dans leur propos qu’ils finissent par lasser.

On y compte entre autres la femme d’âge mûre sabotant sa seule chance d’aimer enfin, après trente-cinq ans d’ennui matrimonial, l’homme prospère et divorcé, qui n’a plus rien à perdre – le Pourquoi pas?- et qui ne lâche pas le morceau, le défunt mari infidèle et macho et surtout, la plus choquante de tous, la bru de trente ans qui considère l’amour et le sexe des sexagénaires comme une aberration.

La seule voix de la génération Y représentée par un discours discrimant et un jugement unilatéral arrogant. On s’en serait volontier passer de celle-là.

 

Une mise en scène convenue, prévisible

Les acteurs peinent à briller tant l’espace gris et carrément plate les confinent. Ils tournent autour du divan, tournent encore quand le divan est parti, et re-tournent autour du banc de parc. Peut-être ces éléments n’auraient pas dérangés si les dialogues avaient eu une durée raisonnable, et n’avaient pas donné le temps au spectateur d’admirer la qualité architecturale de la salle ou de songer à sa prochaine visite chez le dentiste.

Pauline Martin réussit tout de même à se démarquer, incarnant le personnage le plus mordant et rafraichissant, dont l’humour insuffle une vérité presque touchante… presque. Pour ce qui est de Claude Prégent, le décalage de son Bob, sûrement causé par ses apartés de théâtre d’été et sa bonhommie naïve au possible, ne touche pas la cible et jamais n’émeut.

Évidemment, quand un personnage, dans une expostion d’arts visuels, fait un gag tel que « Ah! Vous avez
dit toilettes, je pensais toiles laites! »… c’est difficile à défendre.

Dans l’éventualité où Duceppe voudrait rajeunir son public de têtes blanches, il devra revoir sa façon d’aborder la thématique évidemment universelle de la relation amoureuse, car oui! on se fout qu’ils aient vingt, quarante ou quatre-vingt ans*, tout ce qu’on veut, c’est que le coeur nous débatte. Et que l’on songe à d’autres qu’aux matantes lorsqu’on monte une pièce.

 

* voir le succès des films The Notebook ou Last Chance For Love, auprès des « jeunes ».

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