Critique théâtre | La Resistenza à la Place des Arts de Montréal

Le Théâtre de l’Opsis nous convie à un chapitre supplémentaire de son cycle italien, qui s’était clos la saison dernière avec Commedia.  Selon Luce Pelletier, directrice et metteur en scène, une finale plus complète nous attend avec La Resistenza, un collage de poèmes et textes italiens, anciens et contemporains, choisis soigneusement par  l’auteur et metteur en scène Olivier Keimed. Avec Jean-François Casabonne, Monique Spaziani, Olivier Morin, Sharon Ibgui, Morena Prats, David Strasbourg, à la Cinquième Salle de la Place des arts du 3 au 19 octobre.

Photo de courtoisie, par Jérémie Battaglia.

Photo de courtoisie, par Jérémie Battaglia.

L’idée de la résistance ne nous est pas étrangère en ces temps difficiles, et le fascisme entourant l’histoire politique de l’Italie n’est pas sans rappeler certains agissements de dirigeants… plus près de nous.

Six acteurs s’avance pour le premier chapitre, la marche sur Rome, annonçant un spectacle verbeux et statique, mais qui au fil des actes, recèle des moments à la fois savoureux et consternants.  En commençant par citer tout le régime fasciste sous Mussolini et plus tard Berlusconi, qui tient le fil, plutôt ténu il faut avouer, qui relie tous ces textes disparates, divisés en huit actes distincts.

Les thèmes qui ressortent de ces actes sont plutôt universels, bien qu’associés à l’Italie historiquement.  De l’explosion du Vésuve qui engloutit Pompei en une nuit à l’effondrement d’Aquila à la suite d’un tremblement de terre en 2006,  et du machisme nationalisé à la déchéance ‘Fellinienne’, il est évident que ce pays a son lot d’histoires intéressantes et l’essence même de son peuple est complexe à définir en un spectacle.

C’est pourquoi peut-être faut-il avoir flirté avec l’Italie pour saisir totalement les subtilités de La Resistenza, parce que la flèche de la comparaison avec notre situation politique et sociale n’atteint pas tout à fait la cible.

L’urgence n’était pas au rendez-vous, la résistance se dévoilait face à l’injustice des événements passés, dont le constat ne ramenait pas tant d’espoir.  Ce que l’on recevait de la salle ressemblait plutôt à une mitraillette de faits sur lesquels réfléchir plutôt qu’à un hymne à la révolution.

 

Rire pour éviter d’en pleurer

Bien sûr, les citations de Berlusconi décoiffent et nous font presque regretter les Chrétienneries tant elles étaient politiquement correctes à côté des vulgarités machistes sorties de la bouche de l’ex-Premier Ministre italien.  Surtout dites par des femmes, l’effet est saisissant.

Photo de courtoisie, par Jérémie Battaglia.

Photo de courtoisie, par Jérémie Battaglia.

D’ailleurs, Sharon Ibgui se démarquait par son humour particulier et ses interprétations toujours justes et habitées.  Chez les hommes, Olivier Morin volait l’attention sans le vouloir, par son regard incisif et sa présence remarquable.  Le seul moment du spectacle où le silence tendu de la salle s’est fait sentir, c’est Morena Prats qui a réussi à l’arracher à la fin du texte Le combat continue, de Roberto Saviano.

Pour la scénographie, une barricade de chaises était érigée au fond de la scène, dont les acteurs ne se sont servis que pour s’asseoir.  La mise en scène n’était pas sans rappeler celle de La coopérative du cochon, où tous les acteurs restaient sur scène, attendant leur tour.  Même si les mots sont au coeur de ce spectacle, certains d’entre eux sont perdus en longueurs quelques peu stationnaires.

Malgré l’audace de l’idée de Kemeid, celle-ci n’a pas transparu dans le traitement fait de ces bijoux de littérature italienne.  Un show inégal, contenant des moments incontournables qui approfondissent la compréhension de l’Italie, sans toutefois transcender celle du Québec.

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