Swans

Critique | Swans et Xiu Xiu au National

Soirée de pure terreur sonore, mercredi, alors que Swans était de passage à Montréal, avec Xiu Xiu en première partie. Une expérience dont on ne sort pas indemne…

Le tout a débuté à 20h30 bien juste. Jamie Stewart s’est pointé seul sur scène, prenant place à une table munie de gadgets.

Surgissent trois sillements continus, comme un acouphène collectif, à 110 décibels. C’est ainsi pendant une douzaine de minutes. Peu à peu, les fréquences oscillent légèrement, créant des dissonances encore plus agressantes, puis un vrombissement. Un genre de cauchemar contrôlé.

À ce point-ci, ceux qui ont omis de porter les bouchons d’oreilles ont probablement perdu l’ouïe ou sombrer dans la démence. À bien y penser, probablement les deux.

L’expérience de fascinante torture auditive se poursuit ainsi jusqu’à 21h, bien juste, après quoi Stewart salue la foule et débranche ses gadgets. On n’aura pas entendu le moindre son provenant de son étrange voix étouffée, ni l’ombre d’une chanson de Xiu Xiu. Pas la moindre rythmique ou mélodie, à bien y penser; qu’une demi-heure de noise troublant. L’expérience était certes fascinante, mais pour un spectacle qui affichait Xiu Xiu, il y avait de quoi de trompeur…

 

Swans

Suivirent les vétérans post-punk Swans. Oh la la…

Le grondement sournois d’un gong se fait d’abord entendre, puis le batteur Phil Puleo s’amène afin d’ajouter un jeu de cymbales à cette introduction en douce.

On prend tout son temps sur scène pour installer l’ambiance, pendant que la foule respecte un silence quasi-religieux, bien conscient que le tonnerre allait bientôt gronder…

Les autres musiciens gagnent la scène, avec le charismatique Michael Gira en avant-plan, et il s’installe un jam terrifiant sur un seul accord, véritable tour de force qui mène à la chanson Frankie M, une nouveauté.

L’ambiance créée par le groupe a de quoi faire frémir : le bien-nommé Thor Harris alterne entre le dulcimer (qu’il agresse carrément) et les percussions, la section rythmique frappe fort, et Gira dirige le tout, en plus d’y ajouter son chant si particulier, tout en agitant frénétiquement ses bras comme un vieux fou, notamment lors de l’épique The Apostate. Pendant Just A Little Boy, on aurait cru que Gira avait officiellement perdu la boule.

Il y a une telle maîtrise des dynamiques chez Swans, ce qui permet au groupe d’atteindre des niveaux de décibels inouïs sans jamais se perdre dans le brouillard sonore.  On passe du malaise à l’angoisse, avec une violence indescriptible par moments. D’une intensité sans pareille.

Les pièces sont longues – ils n’en joueront que 7 au total, en deux heures – mais à la manière d’un show de Godspeed, le temps semble se suspendre.

On raconte depuis des lunes qu’un show de Swans, c’est une expérience en soi, un moment qui laisse des séquelles pour le spectateur le moindrement ouvert au noise et au drone. Bien que géniaux, les albums – The Seer, paru en 2012, est un vrai petit chef d’oeuvre – n’arrivent pas à la cheville de l’expérience live. C’est peu dire.

Faut vraiment le voir pour le croire. Et encore. On en ressort ébahi, abasourdi, et plus trop certain de ce qu’on vient de vivre. Tant que ça.

Grille de chansons

Swans
Frankie M
A Little God In My Hands
The Apostate
Just a Little Boy
Don’t Go
Bring the Sun
Black Hole Man

Xiu Xiu
iiiiiiiiiiiiIIIIIIIIiiiiiiiiioooooooowwwwwwwwwwwwwiwiiiiiiiiiiiIIIIIIIiiiiiiiiiiiiiiiiiiIIIIIIIIiiiiiiiiioooooooowwwwwwwwwwwwwiwiiiiiiiiiiiIIIIIIIiiiiiiiiiiiiiiiiiiIIIIIIIIiiiiiiiiioooooooowwwwwwwwwwwwwiwiiiiiiiiiiiIIIIIIIiiiiiiiiiiiiiiiiiiIIIIIIIIiiiiiiiiioooooooowwwwwwwwwwwwwiwiiiiiiiiiiiIIIIIIIiiiiiiiiiiiiiiiiiiIIIIIIIIiiiiiiiiioooooooowwwwwwwwwwwwwiwiiiiiiiiiiiIIIIIIIiiiiiiiiiiiiiiiiiiIIIIIIIIiiiiiiiiioooooooowwwwwwwwwwwwwiwiiiiiiiiiiiIIIIIIIiiiiiiiiiiiiiiiiiiIIIIIIIIiiiiiiiiioooooooowwwwwwwwwwwwwiwiiiiiiiiiiiIIIIIIIiiiiii…. (pendant une demi-heure)

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