Mike Ward

Critique: Le Gala Juste Pour Rire de Mike Ward – Fuck les variétés!

Mercredi 18 juillet 2012 – Salle Wilfrid-Pelletier (Place des Arts, Festival Juste Pour Rire)

Que du stand-up: voilà le concept, tout simple, du Gala Juste Pour Rire que pilotait Mike Ward mercredi soir. Avec une prémisse aussi parfaite pour les puristes de l’humour et un titre aussi savoureux (Fuck les variétés!), on se serait toutefois attendu à une soirée plus relevée…

Mike Ward pilotait le gala. Photo par Martin Charbonneau.

« Me donner un Gala Juste Pour Rire, c’est un peu comme faire garder tes enfants par Guy Turcotte », soulignait Mike Ward en introduction de la soirée! Le ton était lancé: on pouvait s’attendre à un Gala un peu moins pépère qu’à l’accoutumée, à une cavalcade de blagues déplacées qui nous secouraient les puces et causeraient des malaises, pour une fois.

Mais malgré toutes les bonnes mauvaises intentions de l’animateur, son gala s’est avéré intéressant par moments mais bêtement conventionnel à d’autres instants.

Korine Côté. Photo par Martin Charbonneau.

Dès le départ, il a fallu attendre une bonne vingtaine de minutes avant d’avoir droit à une présence soutenue d’un(e) humoriste. Après un numéro terne de Guillaume Wagner sur l’indépendance du Québec et un autre complètement décousu des Denis Drolet (même par leurs standards), Korine Côté a présenté un monologue d’abord timide, puis franchement convaincant, au sujet des adeptes du Mac. Forme classique, sujet moderne, bien livré.

Mike Ward lui-même a bien su soutenir cet élan avec un exposé bien écrit sur la crise étudiante et l’inutilité d’exiger l’opinion des humoristes.  Bien mené.

Olivier Martineau. Photo par Martin Charbonneau.

Difficile de dire quel(s) thème(s) abordait Olivier Martineau dans le numéro qui suivait, mais son tour de force hyperactif/tchatcheur a soulevé la foule, littéralement (ovation bien méritée) comme au sens figuré. Rafraîchissante découverte, celui-là.

Ça se poursuivait bien avec un Maxim Martin vigoureux, en rogne. Le pro du stand-up socialement informé ne manquait certainement pas de mordant à l’endroit de nos dirigeants, du système de justice (encore le cas Turcotte) et de nos travers anti-écologiques. Ferme et efficace, tout en étant drôle.

 

L’erreur Godfrey

Puis, Mike Ward a tenté une expérience. Visiblement nerveux du pari qu’il avait pris, il nous expliquait qu’un humoriste américain anglophone allait présenter un numéro en anglais, alors que son texte traduit allait défiler sur un écran à l’arrière, pour le bénéfice des unilingues francophones.

L’humoriste américain Godfrey. Photo par Martin Charbonneau.

Un peu casse-cou, surtout que pour Godfrey, le stand-up est une forme d’humour qui doit laisser place à une certaine improvisation.

Mais ce n’est pas tant sur le plan technique que l’expérience a eu des ratés…  C’est plutôt l’ombre que la présence de l’as des comedy clubs de New York allait jeter sur le reste de ses compatriotes de gala.

Pourtant très simple, son numéro – il abordait des sujets de voyage, comme le passage aux douanes américaines et les particularités d’un vol en avion et des vidéo de consignes de sécurité – son numéro, donc, soulignait à grands traits à quel point le « meilleur du stand-up québécois » présenté en cette soirée a des croûtes à manger. Fluide, dynamique, en parfait contrôle d’une foule qui lui était pourtant tout à fait étrangère, Godfrey donnait une leçon d’humour qui mettait la barre beaucoup trop haute pour les invités à venir.

Même en s’exprimant en anglais devant une foule 100% francophone, Godfrey savait susciter le rire puis le maintenir, autant avec ses propos, ses gags courts et bien punchés, que son faciès et son expression corporelle. La totale. Le public était plié en deux pendant 10 minutes.

Une finale avec Cathy Gauthier, Mike Ward et Jean-François Mercier. Photo par Martin Charbonneau.

Comme si le défi d’enchaîner n’était pas suffisamment imposant, un bête numéro « d’intervention dans l’animation » du Français Jérémy Demay suivait. Le pauvre humoriste avait du mal à vendre son concept, surement prometteur sur papier mais inefficace en application. Mike Ward s’en est sorti avec les meilleurs gags de l’échange, notamment avec une hypothèse savoureuse sur le « bronzage orange » de Philippe Bond: « Pour moi, son père a fourré une clémentine pis c’est Philippe Bond qui est sorti… ».

La dernière demi-heure du gala nous réservait le plus faible: un sketch insignifiant et sans originalité où Peter Macleod énumérait des événements du futur, et une finale décevante où Cathy Gauthier et Jean-François Mercier se sont joints à Mike Ward pour un concours de bassesses finalement pas très audacieuses. Une chèvre, une pipe en char, la masturbation… De la banale vulgarité, si on peut dire, comme on en entend tellement en humour ces temps-ci. La finale du numéro de Maxim Martin était franchement plus « choquante » que ça…

Comme dans tout gala, il y avait du bon et du moins bon, mais le rythme de la soirée a beaucoup souffert des numéros plus faibles. Et la finale étant « l’arrière-goût » d’un gala, il aurait été astucieux de trouver mieux.

L’animation de Mike Ward, toutefois, était plutôt réussie, mais force est d’admettre que le « meilleur du stand-up québécois » n’était pas au rendez-vous.

Photos en vrac
(Par Martin Charbonneau)

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