Critique Humour: Martin Petit à Montréal (Monument National)

Mercredi 6 octobre 2010 – Salle Ludger-Duvernay du Monument National (Montréal)

Martin Petit présentait hier soir la première montréalaise officielle de son nouveau spectacle Martin Petit et le micro de feu au Monument National.

Avec sa facture stand-up classique (dont il maîtrise tous les codes), sa livraison presque « marathonienne » et son texte empreint d’une imagination débordante, de philosophie et distillé de tout artifice superflu, Martin Petit a peut-être entre les mains le spectacle d’humour de l’année.

Pas de sketchs, pas de personnages, aucune pause pour laisser retomber la poussière (à l’exception d’une entracte); Martin Petit démontre ses grands talents de communicateur en enchaînant deux longs monologues de 45 minutes chacun, d’un trait chaque fois, avec une maîtrise des liens qui nous permet de suivre le fil hallucinant de son imagination.

S’amuser avec les tabous sans offusquer

Au moment de concevoir ce troisième one-man show, on aurait dit que Martin Petit avait accepté plusieurs paris, dont celui de n’inclure aucun moment tristounet, comme tous ses camarades semblent le faire ces temps-ci.

Sinon, tous les défis qu’il s’est imposés sont reliés à des tabous. Mais même s’il aborde quelques thèmes que d’autres humoristes moins audacieux éviteraient sans même y penser, il est peu probable que Le Micro de feu heurte les sensibilités de qui que ce soit.

En revanche, Martin Petit s’amuse ferme avec ceux-ci et jongle avec les sujets délicats comme d’autres manipulent le feu, justement. Son air bon enfant et sa façon intelligente d’amener ses sujets lui permettent des libertés auxquelles certains de ses comparses n’auraient pas droit.

Franchement réussi, le nouveau spectacle de Martin Petit illustre bien que l’humour québécois peut être à la fois songé, mordant, modérément engagé et vastement accessible.  Oh, et surtout grisant!