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Critique | Dans l’arène face à Death Grips au Théâtre Corona

Le trio de Sacramento, Death Grips, était de passage au Théatre Virgin Corona de Montréal samedi soir. Quoi de mieux que ce band de hip-hop expérimental pour fêter l’indépendance de l’Amérique? (cf : le drapeau de leur tournée nord américaine).

Assister à un live de Death Grips c’est un peu comme assister à une corrida. Rien n’indique qu’il s’agit du band. Rien de rien. Seules quelques lumières, rouge de préférence, sont placées pour éclairer la scène. Le reste : un synthé, une batterie, et le chanteur. That’s it.


Entrez dans l’arène

Le rouge est bien connu pour énerver la bête. Rien n’est laissé au hasard. Death Grips est à l’image du toréador. Le claviériste, lui, capuche noir sur la tête, bidouille déjà ses boutons. Quant au batteur, il percute ses caisses comme un attardé. Il n’en fallait pas moins pour exciter la bête déjà affamée.

Les cercles dans la foule se forment et tourbillonnent déjà. Quelques minutes plus tard, c’est au tour du chanteur d’entrer sur scène. Fidèle à lui-même : torse nu, full tatoué, la barbe, crâne rasé, et le micro filaire (5 mètres au moins) à la main. Le combat pouvait commencer.

Une furie monstre

Affamée, la foule l’été. Assoiffée? Nan! Dès les premières notes et les premiers cris du chanteur, la bière éclabousse dans tous les sens. Les corps s’entrechoquent et chacun(e)s se piétinent. Pas une seule personne ne se devait de rester statique. Vu des rambardes le spectacle a pris une tournure apocalyptique. Le public du fond est complètement absorbé et hypnotisé par la prestation du band. Quant à la foule, elle, continue de bouillir et de rugir face aux refrains assassins et gueulards de Death Grips. Ça colle, ça swing, ça crie, la bière coule à flot et les crowd-surfing n’en finissent plus.

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Une performance surréaliste

Du quasi jamais vu. Aucune pause entre les titres. Près d’une heure et vingt minutes d’une shot. Si le chanteur s’est hydraté deux fois, c’est le grand maximum.

L’énergie dégagée par les artistes est hallucinante. Physiquement (pour le batteur) c’est malade! Le micro à la main, Stefan Burnett claque le long fil par terre comme pour haranguer la bête et gueule toujours autant. Son corps part en transe et fait constamment de grands gestes comme pour demander à son adversaire d’en donner toujours plus. A savoir qui gagnera le combat, nul ne le sait encore.

Plus d’une heure de show et Death Grips, comme la foule, sont loin de baisser les armes.

L’arène ne désempli pas, mais le show touche à sa fin. Death Grips s’avoue quasiment vaincu. Et comme pour planter le coup fatal, Stefan Burnett lance un furtif « thank you » avant de jeter le micro par terre et de quitter la scène.

Death Grips c’est un style, un concept. On entre dans l’arène… ou pas, c’est au choix!

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