Wanda Jackson

Critique concert: Wanda Jackson au Festival de Jazz de Montréal

Samedi 2 juillet 2011 – Club Soda (Festival de Jazz de Montréal)

Que ce soit l’effet Jack White ou un respect ligitime pour ce livre d’histoire du rock’n’roll, il y avait quelque chose de surréaliste à voir la pionnière du genre Wanda Jackson se produire dans l’ambiance d’un Club Soda bondé de jeunes gens majoritairement vingtenaires.

Photo par Jean-F. Leblanc

Il faut dire qu’à 73 ans, Wanda Jackson a encore beaucoup à offrir à cette « nouvelle génération de rock’n’rollers », comme elle la surnomme.

Après quelques titres interprétés par son groupe de musiciens The High Dollars (mené par le grisonnant mais dynamique Heath Haynes à la guitare et à la voix), la grande dame s’est pointée sur scène avec sa coiffure de corbeau et son veston rose gomme balloune à paillettes, acclamée à tout rompre.

Le cours d’histoire a alors commencé. Wanda Jackson, dont la longue carrière a été marquée par de nombreux allers-retours entre le rock’n’roll/rockabilly et le country/western, a d’abord mis le public dans sa poche avec les classiques Riot in Cell Block #9 et Rock Your Baby.

Multipliant les anecdotes en guise d’introduction à ses chansons, Wanda Jackson a survolé sa carrière en revisitant d’abord des titres de son jeune temps: I Gotta Know (1956) et l’excellente Funnel of Love (1961), qui trouverait sans doute sa place sur une trame sonore de Tarantino.

Appréciant chaque note de ce buffet rétro, la foule a frôlé la frénésie lorsque la dame a interprété son « hymne de jadis »: le country I Betcha My Love, avec son refrain yodlé.

 

Les années Elvis

Tel une vieille tante racontant ouvertement ses idylles de jeunesse, Wanda Jackson s’est ensuite lancé dans un long monologue au sujet d’Elvis Presley, qui l’a convaincue de se convertir à ce « nouveau genre » musical qu’était alors le rock’n’roll. Elvis et Wanda, comme on le sait, ont entretenu une relation amicale teintée de romance.

Évidemment, Wanda Jackson en a profité pour interpréter 2 titres du « Roi du rock’n’roll »: Good Rocking Tonight, le jump blues de Roy Brown que Elvis avait remis au goût du jour dans les années 1950, puis le classique Heartbreak Hotel.

Photo par Jean-F. Leblanc

 

L’année Jack White

Il n’y avait pas que le passé à l’honneur, hier soir au Club Soda. Passant d’un grand jeune séduisant (Elvis) à un autre, Wanda Jackson a par la suite fait honneur à son plus récent album, The Party ain’t Over, lancé en janvier dernier et produit par Jack White.

Au sujet de ce dernier, qu’elle qualifie de « brique recouverte de velours », la chanteuse admet avoir pu conquérir un nouveau public grâce à son génie et ses méthodes incitant doucement mais fermement au dépassement.

La prestation s’est poursuivie avec plusieurs titres tirés de cette collaboration avec l’ex-White Stripes. L’excellente Shakin’ All Over était particulièrement bien rendue par les High Dollars, tout comme l’étonnante reprise de You Know I’m No Good d’Amy Winehouse, avec un 2e couplet réécrit par White (l’original étant jugé « trop sexuellement explicite pour une dame de mon âge »!).

La reprise récente de Rip It Up (un autre titre d’Elvis) et Nervous Breakdown ont également fait flèche de tout bois.

Wanda Jackson a par la suite replongé dans le passé avec son succès japonais Fujiyama Mama (1959), l’incontournable Right or Wrong (1961) et Whole Lotta Shakin’ Goin’ On, rendue célèbre par Jerry Lee Lewis, au rappel, afin de conclure cette prestation digne d’une résurrection de carrière.

Quelle que soit la raison de ce regain d’intérêt envers la dame intronisée au Rock and Roll Hall of Fame en 2009 à titre de Pionnière (catégorie Early Influences), Wanda Jackson a démontré avec brio que les classiques peuvent parfois se réinventer et servir une jeune génération avide de ce riche pan de l’histoire musicale moderne.

* Le 8 juillet prochain, ce sera au tour de jeunes « rock’n’rollers » de Québec d’avoir droit à la visite de Wanda Jackson sur les Plaines d’Abraham, dans le cadre du Festival d’été de Québec. La grande dame sera ensuite de passage au Bluesfest d’Ottawa, le 10 juillet.

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