Skrillex

Critique concert: Skrillex à Montréal

Vendredi 14 octobre 2011 – Métropolis (Montréal)

Le Métropolis fourmillait de jeunes adeptes de dubstep ce soir puisque Skrillex s’y trouvait, en tête d’affiche de la tournée The Mothership Tour. Comme l’avait fait son mentor Deadmau5 deux semaines plus tôt, Sonny Moore a su occuper l’espace de la grande salle montréalaise avec son visuel impressionnant et des décibels à la tonne!

L’événement devait au départ se dérouler dans un endroit nommé New City Gas, mais se voyait déplacer au Métropolis il y a quelques semaines en raison de la forte demande. Le Métropolis affichait d’ailleurs complet depuis plusieurs semaines.

Nous ne saurons donc jamais quel genre d’expérience sonore nous aurait réservée Skrillex dans cet environnement inusité. Une chose est sure toutefois, le Métropolis était tout à fait approprié pour l’exercice.

Une fois que Vilify, Construct, Nadastrom, Two Fresh et 12th Planet eurent littéralement réchauffé l’atmosphère, Skrillex est entré en scène vers les 23h15 et n’a pas perdu de temps pour faire vibrer le plancher le plafond le Métropolis tout entier avec sa musique axée sur des basses fréquences d’une puissance assourdissante, des rythmes dubstep saccadés et des effets sonores (un peu surexploités, mais bon…) qu’on pourrait comparer à une « perceuse industrielle robotisée ».

Ancien leader de la formation From First to Last, le jeune musicien et DJ traîne avec lui un bagage post-hardcore flagrant qui déteint dans l’approche un peu violente et industrielle de sa musique en tant que Skrillex.

 

Plein les tympans et plein la vue

Le visuel s’inscrit dans la lignée des Deadmau5, Amon Tobin et compagnie: d’immenses projections sur des structures cubiques qui entourent le DJ, plus élaborées encore que ce que Skrillex traînait avec lui en tournée de festivals cet été, selon ce que l’on a pu constater à Coachella, au Bluesfest d’Ottawa et à Lollapalooza.

Les jeux d’éclairages ajoutent du mouvement aux projections à l’occasion, alors que l’arrière-plan du décor de Skrillex présentait souvent un robot ou cyborg imitant les mouvements de Moore. Une bonne idée… encore une fois surexploitée.

Si le décor techno de Skrillex en jette un peu moins que celui de son maître à mixer (on parle ici, à nouveau, de Deadmau5), l’aventure musicale qu’il nous propose fait peut-être preuve de plus d’audace et de variété.

Bien sur, le dubstep/techno-house nouveau genre domine, mais les nombreux remix de Skrillex – on pense notamment à In For the Kill de La Roux, Be Faithful de Fatman Scoop et Hypnotize Me de Notorious B.I.G. – les accents reggae des pistes récentes, les ballades « fromagées » comme Cinema et le côté dance de titres comme All I Ask Of You viennent casser l’aspect répétitif des morceaux plus typiques de Skrillex (Crush On You et Scary Monsters and Nice Sprites, par exemple).

Il arrive même qu’à l’intérieur d’une seule pièce, différentes facettes soient démontrées, comme pour la pièce de fermeture First of the Year (Equinox).

Nul doute qu’à 23 ans, Sonny Moore a déjà un flair pour activer la frénésie de son jeune public et propose une expérience multisensorielle exaltante qui rappelle les belles années du techno, mi-90, déployée toutefois avec des moyens technologiques tout à fait actuels.

Avec le temps, la maturité le poussera sans doute à mieux doser ses effets de style afin de créer des climax au lieu de conserver l’intensité dans le tapis du début à la fin.  Skrillex pourrait ainsi plaire à un public avide d’autre chose que d’adrénaline en concentré.

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