Véronique Sanson

Critique CD: Véronique Sanson – Plusieurs lunes

*Manon Fatter contribue régulièrement au site www.sansonquebec.com


Véronique Sanson
Plusieurs Lunes

Véronique Sanson n’est pas née de la dernière lune. Sa carrière dans la chanson française
compte plus de 40 ans. Celle qui fut chez nous, à ses premières visites en 1973, « la moins
française des chanteuses françaises », revient avec Plusieurs Lunes, son quatorzième album studio.

Véronique Sanson a toujours autant de fougue, de rythme et de passion. On ne peut que s’en réjouir.


Du Sanson à toutes les sauces

« D’habitude, j’ai pas de problèmes
Je remets tout à demain
J’ai tellement l’habitude qu’on m’aime
Surtout quand je ne fais rien » (Pas BÔ, Pas Bien)

Il y a un double sens au titre Plusieurs Lunes. Premièrement, l’élément temps, puisque cela fait 6 ans (donc à peu près 72 nouvelles lunes) que Véronique Sanson n’avait pas sorti un album de nouveau matériel. Deuxièmement, l’élément variété de styles et d’instruments : tantôt des musiques aux couleurs rock saveur L.A., R&B, sud-américaines,
cubaines, fanfare de cirque (!), du rock plus pesant, sans oublier les lignes plus classiques menées par le jeu au piano de la chanteuse. Tout ça en 46 minutes.

Les pièces du disque sont unies par une progression et suivent un itinéraire bien tracé. C’est justement cet amalgame des différents genres musicaux qui permet un trajet agréable et surprenant du début à la fin. La séquence des titres est dosée pour obtenir des virages parfois étonnants qui feront tantôt taper du pied, tantôt souffler et réfléchir, pour repartir de plus belle.

L’ambiance générale est définitivement joyeuse malgré des paroles souvent tranchantes. Véronique Sanson nous parle d’elle, des gens qui l’entourent, de son chemin parcouru et de celui qu’elle emprunte aujourd’hui, parfois avec amertume, avec colère, avec mélancolie et un certain humour dans sa philosophie de la vie qui lui a toujours été bien personnelle.

« Qu’on me pardonne
Ou qu’on m’oublie
Je voyage au bout de ma vie… » (Qu’on me pardonne)


Cette voix que j’ai…

Écorchée par la cigarette, le temps qui passe, les années vécues à fond la caisse, cette voix a parcouru bien des chemins. Fragile et solide à la fois, alliant les intonations rock et « bluesées » aux timbres de la ballade et de la pop, c’est une voix qui est définitivement toujours reconnaissable aujourd’hui parmi toutes les autres. Sur Plusieurs Lunes, Véronique Sanson a beaucoup misé sur les chœurs qui appuient tout autant sa voix que la rythmique.

D’ailleurs, un des choristes, Mehdi Benjelloun porte aussi le chapeau de coproducteur (avec Véronique et le bassiste Dominique Bertram). Reste que la voix de Véronique Sanson est un élément déclencheur. Certains aiment, d’autres pas. Ce disque nous la présente en grande forme et même s’il y a eu une baisse naturelle au niveau de la tonalité au cours des 10 dernières années, la puissance et l’émotion restent à l’avant-scène.

Tous les éléments qui ont si souvent caractérisé la musique de Véronique Sanson se retrouvent encore ici. Le jeu de piano fougueux et sensible, les mélodies accroche-cœur, la rythmique dominante, les percussions et les cuivres.

Ajoutons à cela l’introduction d’instruments qui n’ont jamais figuré sur des disques de Sanson (accordéon dans Juste pour toi) et une grande audace dans les arrangements (La nuit se fait attendre) et nous avons droit à un album à la fois
prévisible et surprenant.


Un album qui fait du bien

Ce disque, Véronique Sanson l’a partiellement enregistré chez elle en banlieue de Paris, entourée de ses amis musiciens et de sa famille. Sa sœur Violaine y a contribué avec la chanson Qu’on me pardonne et son fils Christopher Stills en plus d’avoir composé la musique du rock Je me fous de tout, y va d’un duo sur la pièce au son très américain Say my last Goodbye.

C’est une excellente chanson au refrain accrocheur mais qui aurait peut-être plutôt eu sa place sur un album solo du fils. On la prend quand même avec plaisir.

S’éloignant de son habitude à tout composer elle-même (mis à part quelques exceptions parsemées au fil des années), Véronique Sanson partage aussi sa plume avec celles de ses complices de scène et de disque de longue date : Dominique Bertram et Mehdi Benjelloun.

Même si cet album semble moins peaufiné au niveau du traitement du son que les précédents, c’est un disque qui fait du bien. Pas de sirop radiophonique ici, du Sanson cuvée 2010 mûri à point. On peut regretter toutefois que le format CD ne rende pas justice aux photos et textes qui illustrent le produit et la loupe devient presque de rigueur pour apprécier le tout. On se met à rêver d’une version grandeur microsillon…

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