Critique | Ariane Moffatt (et Milk & Bone) à Ottawa (CNA) : Tour du chapeau et découverte

On peut appeler ça un tour du chapeau : Ariane Moffatt aura non seulement réussi à faire chanter la salle du Centre national des Arts (CNA), mais à la faire danser et siffler. On en redemandait encore, jeudi soir à Ottawa, autant pour la découverte de Milk & Bone que pour Ariane Moffatt.

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Elle avait déjà flirté avec un son plus électro avec l’album MA sorti en 2012, mais 22h22 nous apporte loin dans cette ambiance des années 1980, remplie de synthétiseurs.

Accompagnée de Jonathan Dauphinais (guitare et le keybass) et d’Étienne Dupuis-Cloutier (batterie synthétique), deux musiciens et producteurs qui n’ont plus à faire leurs preuves sur la scène culturelle québécoise, Ariane tenait aussi à intégrer la relève pour compléter le quatuor avec Laurence Lafond-Beaulne (voix et clavier) de la formation Milk & Bone.

C’est donc dans un décor épuré et symétrique que les musiciens foulent le sol jonché de panneaux métalliques et une scène simplement décorée de synthétiseurs, d’une batterie synthétique, d’un piano à queue et d’un écran panoramique qui servira à projeter des images abstraites aux couleurs du nouvel album, 22h22.

On connait Ariane pour son audace en spectacle à toujours vouloir pousser l’expérience un peu plus loin et elle rend la marchandise avec Hasard (Aquanaute) revisité aux couleurs du nouveau projet.

C’est une Ariane radieuse et en plein contrôle qu’on retrouve alors qu’elle adresse quelques mots pour exprimer sa gratitude de revenir sur scène après avoir été transformée par l’expérience de la maternité. Elle enchaîne avec Retourner en moi, une pièce exprimant l’importance de profiter de la vie et de ne pas “être sur le pilote automatique”.

Chanson de circonstance

Tireur fou (22h22), qui parle du non-sens de la violence extrême, prend un sens particulier alors que le CNA se trouve à quelques mètres seulement des tragiques incidents qui se sont déroulés à l’automne dernier sur la colline parlementaire.

La mise en scène permet à cette pièce d’exprimer la violence insensée et la détresse avec les stroboscopes appuyant la batterie en guise de métaphores musicales pour reproduire le son et l’effet visuel des balles.

La ligne directrice autant au niveau sonore que de la mise en scène (Marie Brassard) sont brillamment orchestrés, faisant naviguer le spectacle entre la découverte du nouveau projet d’Ariane, 22h22, sans casser le rythme et l’ambiance en revisitant ses succès d’Aquanaute, MA, Le coeur dans la tête et Tous les sens.

Le temps s’arrête alors qu’Ariane s’installe au piano pour partager Imparfait et Poussière d’ange à la demande du publique.

Fidèle à la tradition,  c’est  In the Air Tonight (Phil Collins) qui fera vibrer la douce voix d’Ariane pour le cover de la tournée, un choix logique et naturel qui colle au son du nouvel album.

S’en suivra une chute toute en énergie et une participation impressionnante du public avec Mon corps, Debout et Miami alors que la salle se lève, danse, tape frénétiquement des mains. Le fun est pogné au CNA comme on dirait.

C’est sans surprise qu’Ariane revient pour un rappel acoustique. Elle est seule sur scène avec sa guitare sèche pour nous faire découvrir Je veux tout sous un nouveau jour en douceur.

Le publique suit Ariane en sifflant lors du deuxième rappel (Montréal).

Elle devra revenir à nouveau sur scène après une impressionnante ovation et finalement terminer avec Toute sa vie  où elle troquera le clavier pour la batterie, comme pour faire l’effet d’un feu d’artifice en guise de chute d’une soirée réussie.

 

Milk & Bone (en première partie)

C’est le duo montréalais à la pop-électro indie rafraîchissante Milk & Bone qui assurait la première partie d’Ariane Moffatt. Si vous n’en avez pas encore entendu parlé, ça ne tardera pas.

Les deux jeunes Montréalaises ont offert cinq des huit pièces de leur premier album Little Mourning en guise d’appât-découverte pour un des premiers spectacles de leur jeune carrière qui promet.

Pressure, Elephant et Coconut Water s’enchaînent pour terminer avec les pièces Watch et New York où l’on confirme la justesse de leurs puissantes voix.

Leur image autant que leur son est net et efficace. Armées de synthétiseurs/claviers rouge et d’une énergie authentique, Camille Poliquin et  Laurence Lafond-Beaulne pourront sans aucun doute remplir des salles d’Ottawa à New York.

 

Grille de chansons

(Ariane Moffatt)
22h22
Hasard
Mon rêve
Retourner en moi
Tireur fou
Nostalgie des jours qui tombent
Imparfait
Poussière d’ange
In the air tonight (cover Phil Collins)
Mon corps
Soleil Chaleur
Debout
Réverbère
Miami

Rappel
Je veux tout
Montréal
Toute sa vie