Critique album | Tarja – Colours in the Dark
De grandes envolées lyriques, des riffs de guitares féroces, des mélodies faciles à fredonner : Colours in the Dark, le plus récent album solo de Tarja Turunen, nous renvoie aux beaux jours de Nightwish tout en faisant évoluer le son de l’artiste, qui semble ici plus en confiance que jamais.
Si ses premiers albums étaient un peu mollassons, la chanteuse finlandaise de 36 ans semble avoir trouvé ici la formule gagnante. On sentait déjà en 2010, sur What Lies Beneath, une tendance à vouloir revenir à des pièces plus musclées, comme celles de son ancien groupe. Les chansons sur Colours in the Dark sont notamment plus longues (en moyenne 6 ou 7 minutes), et contiennent davantage d’expérimentations, avec des changements de rythme et des passages instrumentaux étonnants.
En partant, Victim of Ritual offre un joli contraste entre son rythme militaire – incluant des éléments du Boléro de Ravel — et le chant opératique de Turunen, qui semble en contrôle total de ses moyens.
Lucid Dreamer, quant à elle, évoque des images de cirque, de fête foraine cauchemardesque. Alors que la pièce est une ballade musclée où la voix est appuyée sur de solides guitares, la partie centrale est un mélange de voix fantomatiques (dont celle de la fille de la chanteuse), de mélodies carnavalesques et de bruits divers inquiétants, le tout accompagné de cordes et de chants choraux qui donnent un résultat épique, très « prog ».
Les amateurs de métal pur et dur seront comblés avec Never Enough, une pièce rythmée qui, à la suite d’un passage central plus calme au milieu, se termine par un crescendo de guitares électriques sur lequel flotte la voix de Turunen. En contraste, Mystique Voyage est une ballade rock qui fait appel une fois de plus au tempo militaire, où les chœurs opératiques se mêlent agréablement aux envolées de la chanteuse.
Amatrice de progressif, Tarja rend hommage à l’un des fiers représentants de ce mouvement, Peter Gabriel, en reprenant sa chanson de 2002, Darkness. Si le texte a davantage d’impact dans la bouche d’un homme (« I’m afraid of loving women/ and I’m scared of loving men »), Turunen amène une agréable touche de féminité à cette pièce relativement obscure mais ô combien saisissante.
La chanson la plus courte de l’album, et ce qui se rapproche le plus d’un extrait radio, est 500 Letters, une composition simple et directe aux guitares farouches et à la mélodie qu’on fredonne dès la première écoute.
Pour clore le tout, Tarja fait appel au chanteur du groupe Blue October, l’Américain Justin Furstenfeld, sur une autre ballade envoûtante de plus de 8 minutes intitulée Medusa. Les deux voix s’accompagnent à merveille, et la pièce offre de beaux moments à saveur arménienne grâce au duduk joué par Saro Danielian.
Colours in the Dark, malgré ses longues compositions, est sûrement le plus accessible des albums de Tarja Turunen, offrant un habile mélange de pièces commerciales et d’expérimentations entre l’opéra et le métal. Le disque est une bonne porte d’entrée pour toute personne désirant faire connaissance avec l’artiste, et devrait également plaire aux fans de la première heure.
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