Scott Walker

Critique album | Scott Walker – Bish Bosch

Scott Walker - Bish Bosch Scott Walker Bish Bosch

Suavité vocale et étrangeté musicale font bon ménage sur Bish Bosch, oeuvre baroque de Scott Walker marquante et déroutante, aux textes dadaïstes. Étrange (parfois même terrifiant) et exigeant, ce douzième album en 45 ans de carrière ne se laisse pas apprécier facilement, mais le mélomane aventureux s’en trouvera joyeusement secoué.

Artiste au parcours inusité, Scott Walker approche la soixante-dizaine en s’éloignant de plus en plus de son passé de chansonnier pop au sein du trio de faux frères The Walker Brothers, dans les années 1960. Difficile de croire qu’il s’agisse du même homme.

C’est qu’au cours des deux dernières décennies, Walker s’est aventuré hors des sentiers battus sans boussole. Faisant fi des courants de la pop, il a plutôt exploré le free-jazz, les musiques expérimentales et d’avant-garde, et l’électroacoustique, tout en affinant cette sublime voix, à mi-chemin entre Bowie et Antony Hegarty (Antony & The Johnsons).

Pas si étonnant, donc, que son nouveau-né défie les conventions de la structure de la musique populaire avant autant d’aise, en s’inspirant autant des compositions classiques postmodernes que du cauchemar.

La voix de Scott Walker survole les trames musicales parfois atonales et aux rythmiques imprévisibles avec une mélodie généralement parfaitement définie. Le contraste est souvent bouleversant, notamment sur la première pièce ‘See You Don’t Bump His Head’.

Scott Walker brave même quelques interdits de la bienséance musicale, insérant de longs silences complets de 15 secondes entre deux phrases sur SDSS14+13B (Zercon, A Flagpole Sitter) ou en incorporant des bruits de flatulences (!) sur Corps de Blah.

S’il est vrai que la musique fait voyager, Bish Bosch nous transporte dans une jungle sauvage perdue d’Hawaii par une nuit de pleine lune. Et comme en témoigne le vidéoclip de l’excellente Epizootics! (voir ci-bas), Hawaii n’a rien de bien rassurant dans l’esprit de Scott Walker…

Presque chef d’oeuvre, pour public averti.

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