Indochine

Critique album | Indochine – Black City Parade

Indochine - Black City Parade Indochine Black City Parade

Si pour certains le groupe responsable de L’aventurier et du Troisième sexe était oublié depuis la fin des années 80, Indochine est en vérité plus actif que jamais.

Toujours dirigée par le chanteur Nicola Sirkis, qui est d’ailleurs le seul rescapé de la formation originale, la formation nous offre en ce début d’année son douzième album studio, Black City Parade. Après une période creuse pendant les années 90, le groupe change de son en 1999 avec Dancetaria et s’oriente vers une sonorité beaucoup plus sombre et électronique, chargée d’échantillons, de claviers et de guitares saturées. Avec Paradize en 2002, Indochine revient sur la carte grâce à J’ai demandé à la lune.

Après un point culminant au Stade de France en 2010, le groupe retourne en studio et pond Black City Parade, s’inspirant de plusieurs villes dans lesquelles la formation a séjourné. On notera d’ailleurs que Le fond de l’air est rouge a été écrit en réaction aux grèves étudiantes du Québec au printemps dernier.

Le premier single, Memoria, sorti en novembre, pouvait se montrer inquiétant. En effet, la chanson semblait monotone, ininspirée, et ne répétait que quatre accords sur six minutes. Si elle était emplie d’une ambiance particulière s’éloignant un peu des derniers albums, elle laissait présager le pire.

Exactement trois mois plus tard, on constate avec soulagement que Memoria est, d’assez loin, le morceau le plus faible de l’album. En fait, cet album est difficile à cerner car il emprunte des éléments aux onze albums le précédant, se créant une identité à la fois inédite et familière. Si Le fond de l’air est rouge aurait presque pu se retrouver telle quelle sur La république des météors, sorti en 2009, la pièce Anyway est pleine d’accents orientaux réminescents du Péril jaune de 1983.

Trois décennies d’évolution

Lorsqu’un groupe a un bagage aussi important, la sortie d’un album après 32 ans de carrière ininterrompue est événementielle. On se retrouve ici avec un album qui, s’il n’est pas le meilleur que le groupe ait sorti, reste un de ses points forts. S’il évoque plusieurs périodes antérieures du groupe, l’album se taille une place dans sa discographie et son contenu ne pourrait être confondu avec celui d’un autre opus. Alors que les guitares trop saturées et saccadées occupaient beaucoup de place depuis Dancetaria, elles laissent désormais leur place aux synthétiseurs, aux programmations et à des guitares acoustiques ambiantes.

L’édition deluxe de l’album comprend pour sa part trois pièces: Salomé, The Lovers, écrite par Tom Smith du groupe Editors et chantée en anglais par Sirkis, et l’instrumentale Trashmen. Malheureusement, aucune de ces trois pièces ne se démarque et elles ne manqueront pas à ceux qui préfèrent se contenter de l’édition standard de l’album.

Au bout du compte, Black City Parade est un alien, un album qui semble sortir du catalogue d’Indochine. S’il est très fort en soi, il est déstabilisant car très différent de ce à quoi le groupe nous a habitués. Il reste toutefois un incontournable pour tout fan ou pour tout nostalgique se demandant ce que l’un des plus grands groupes français des années 80 a bien pu devenir.

Vos commentaires