Coup de coeur francophone 2022 – Jour 10 | Marilyne Léonard et Rau Ze, jeunes et gonflées à bloc

L’été de Marilyne Léonard était rempli de festivals, signe d’une carrière qui démarre du bon pied, mais pas de spectacles à elle seule, comme celui livré ce soir au Ministère dans le cadre du festival Coup de coeur francophone. Son deuxième seulement, après le lancement de son très bien accueilli premier opus Vie d’ange.

Pour une nouvelle venue dans le milieu, rien ne semble hors de portée. Pas même la scène, que l’artiste de 21 ans occupe avec un naturel flagrant. « Merci, what the fuck », lance-t-elle tout de même, surprise devant une foule qui l’acclame sans reste du premier au dernier morceau.

C’est que, voyez-vous, Marilyne Léonard détient une recette gagnante. Ses chansons pop sont taxés de couplets saccadés, presque rap, et de refrains très catchy, que plusieurs personnes présentes dans la foule fredonnent. La chanteuse, guitare électrique au cou, et ses musiciens et musicienne élèvent les pièces déjà prometteuses vers des produits complets, convaincants et bien plus rock que sur l’album – agréable surprise.

L’électro-dansante Quand tu parles confirme le potentiel que revêt la scène pour la jeune artiste. Rose Perron, qui a assuré la première partie, se joint à elle pour chanter les paroles rapides et nuancées. Le saxophoniste prend le devant de la scène d’assaut pour y pondre un solo qui se marie à merveille avec le rythme bondissant du morceau. Marilyne clôt la totale avec un segment au tambour, question de rendre l’énergie de la batteuse Sarah Dion encore plus contagieuse. La foule est satisfaite ; c’est un des meilleurs moments de la soirée.

Un répertoire élastique

Signée avec la populaire maison de disques Audiogram, récipiendaire de la bourse Découverte de Bell Média à l’ADISQ cette année… L’ex-candidate de La Voix a la confirmation que ses affaires roulent bien. Elle reste cependant fidèle à ce qui l’a fait connaître sur les réseaux : des reprises de classiques.

C’est ainsi qu’elle garnit son spectacle de Girls Want Girls de Drake (« Il prend place dans un sujet qui n’appartient qu’aux femmes »), d’une version un peu trop rapide et étourdissante de La bohème et de Baby One More Time (la plus réussie), pour ne nommer que celles-ci. Le plaisir qu’elle semble prendre à s’approprier des chansons universelles est évident, preuve d’une grande créativité, et on sent qu’elle n’est pas près d’arrêter.

C’est toutefois pour son œuvre qu’on vient la voir. C’est ma lady, parue fin octobre, marque un autre sommet dans le spectacle. Le single au pont déjanté, où la basse et la guitare électrique sont présentes et pesantes, est ici aussi meilleur sur scène. Assurément pleine de talent, l’artiste est également confiante, audacieuse et bouillante devant public. Aussi co-réalisatrice de son album, elle coche des cases que plusieurs mataient de loin à son âge. Son succès est encore jeune, mais force est d’admettre qu’il est bien là.

Rau Ze et sa « nouvelle » composition

La moyenne d’âge sur scène ce soir? Comme Marilyne Léonard, Rose Perron, la voix de la formation gagnante des dernières Francouvertes, Rau Ze, n’a que 21 ans. Elle montre elle aussi que la relève féminine est forte et prometteuse, à coup d’envolées vocales à la trame écorché qui épatent à chaque fois.

Le groupe joue les pièces qu’on lui connaît (Francouvertes et autres apparitions dans des festivals), malgré qu’elles ne soient pas disponible sur les plateformes d’écoute encore, et une « nouvelle », lance dans un rire Rose Perron. Heureusement qu’elle et ses acolytes soient en studio présentement. Écouter leur matériel un peu pop, un peu jazz et un peu RnB sur scène, c’est génial, mais le faire à tout le moment, ce sera encore mieux.

Le band n’est pas complet ce soir : ils et elle ne sont que trois. Ça permet cependant de laisser plus d’espace à la précision et à la présence sobre, mais affirmée des deux musiciens qui accompagnent Rose aux claviers et à la basse. Pour Rau Ze, c’est réussi, encore une fois.

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