Coup de coeur francophone 2021 | On plane avec Jamaz et Calamine
Jamaz et Calamine ont partagé la scène du Ministère le 11 novembre au soir, assurant une ambiance aérienne, permettant à la foule de planer sur leurs nouvelles compositions. Jamaz présentait son dernier album Les Ennuis avec son « frère de sang et de son » OCLAZ, aux platines. Du côté de Calamine, la foule a pu assister à une présentation bien rodée des pièces tirées de son opus Boulette Proof, ainsi que de quelques nouvelles pièces à paraître prochainement sur l’album joliment nommé Lesbienne woke sur l’autotune.
Ces deux artisans du rap ont encore une fois su prouver qu’ils ont une niche bien à eux sur la scène du rap québécois. Bien que chacun des deux artistes exploite des thèmes généralement différents l’un de l’autre, on remarque une certaine similarité au niveau des arrangements musicaux, ou du moins de leurs énergies. Ils ne font pas dans la facilité au niveau des couplets; les beats doux et rythmés font flotter.
Celui qui opère avec la formation Laf, signée avec Disques 7em ciel, a ouvert le bal tout en aisance, dans sa zone. Manifestement, la scène est un lieu où Jamaz se sent chez lui: le sourire aux lèvres en permanence, il invite la foule à plonger dans son univers. Le rappeur aborde les thèmes de la romance, des réflexions et des questionnements identitaires avec douceur. Sans tomber dans les clichés, sa prose se démarque de celle des autres rappeurs québécois.
À tour de rôle, ses collègues de Laf, Bkay et Mantisse, le rejoignent sur scène pour interpréter Zepam puis Nuée, sur lesquelles ils figurent respectivement. La chimie entre les rappeurs est évidente. Même s’il s’agit du projet solo de Jamaz, on reconnaît les sonorités des producteurs de la formation montréalaise dont les trois rappeurs sont issus.
Devant lui, la foule savourait calmement les sons et les rimes sortant des boîtes de sons. Bien assise, elle se permettait toute fois de légers hochements de tête. Suite à l’invitation à se lever lancée par le rappeur, la foule se permet un léger déhanchement, puis se laisse aller pour de bon. Comme l’a si bien dit le rappeur: « il faut porter le masque, mais on peut quand même viber ».
Après un court entracte, c’est au tour de Calamine de monter sur scène sous une pluie d’applaudissement. La rappeuse est un peu plus hargneuse que celui qui occupait la scène avant elle. Parfois romantique, toujours militante, sa prose est plus rythmée.
Les arrangements musicaux, eux, sont toujours en douceur, mais teintés de jazz, ce qui donne à la foule un peu plus de marge de manœuvre pour se déhancher. La musique fait planer, et le saxophone de Valérie Lachance-Guillemette est savoureux. Les odes aux vélos et au polyamour sont entraînantes.
Au premier rang, une petite fille de 9 ans en robe de princesse sautille sur place et headbang abondamment. Calamine la reconnait: la petite Emma n’en était pas à son premier spectacle de la rappeuse. « Ça tombe bien que tu sois là Emma, c’est pour les générations futures qu’on fait ce qu’on fait », lui a lancé la rappeuse, afin de la remercier d’être là.
La fière résidente d’Hochelaga a profité de sa tribune pour faire la promotion du nouvel album de Petite Papa, le duo de rap dont elle fait partie aux côtés de Sam Faye. Hier soir, ce dernier n’était pas présent; c’est donc le producteur et bassiste de Calamine, Kèthe Magané, qui a rappé à sa place sur la pièce Jurassic.
Depuis l’édition 2021 des Francouvertes, lors de laquelle elle était finaliste, Calamine a beaucoup gagné en aise sur scène. Elle a plus de souffle, plus de cran. Sourire fendu jusqu’aux oreilles, elle semble toujours aussi abasourdie par ce qui lui arrive. De notre côté, son succès ne surprend pas. Son rap est original, innovateur et juste. Son aspect revendicateur lui permet d’avoir un contenu plus intéressant de ce qui se fait ailleurs.
Jeudi soir, elle a présenté quelques nouvelles chansons aux spectateurs: deux chansons plus dansantes que celles se trouvant sur Boulette Proof, dont Gouine Officielle. Ceux qui la voit souvent en spectacle commenceront certainement à la reconnaître.
La dernière gagnante du prix Félix Leclerc et Jamaz ont fait planer la foule au Ministère et ont offert de solides performances, prouvant encore une fois qu’ils font partie de la crème de la crème du rap québécois.
- Artiste(s)
- Bkay, Calamine, Jamaz, Kèthe Magané, Mantisse, OCLAZ, Sam Faye, Valérie Lachance-Guillemette
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Le Ministère
- Catégorie(s)
- Festival, Rap,
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