Coup de coeur francophone (CCF)

Coup de coeur francophone 2021 | 4 artistes nouvellement solo comparent leurs projets et leurs groupes

Coup de coeur francophone approche à grands pas, et proposera, du 4 au 14 novembre prochain, plus de 90 spectacles dans 15 salles montréalaises. Parmi les nombreux artistes qui s’y produiront, on constate que plusieurs musiciens proposeront leur projet solo, après avoir fait leur marque d’abord en groupes. Nous avons soumis quelques questions à ce sujet à quatre d’entre eux, soit Julia Daigle, Carla Blanc, Jamaz et Cynthia Veilleux, alias Feu Toute!

Julia Daigle

Aussi membre de: Paupière

Qu’est-ce qui est différent dans ton processus créatif lorsque tu travailles sur ton projet solo?

La différence majeure vient des collaborateurs. Je chante, compose les mélodies vocales et écris mes textes. Mais je ne joue pas d’instrument, bien que la voix en est un. Je travaille en collaboration avec un réalisateur, Dominic Vanchesteing. Ensemble, nous avons invité plusieurs musiciens qui ont mis leur couleur. Le processus s’est déroulé sur plusieurs années.

 

Comment décrirais-tu le sentiment d’avoir la foule venue que pour soi, et de présenter un album totalement assumé, pour soi?

Je crois que les gens qui soutiennent le projet pour le moment sont au courant que c’est finalement un travail d’équipe. Nous y avons mis mon nom car la formation live pourrait changer. Les musiciens sont impliqués dans plusieurs groupes. Finalement, mon nom vient du fait que j’ai pris l’initiative de commencer un projet aux couleurs différentes de Paupière.

 

Qu’est-ce qu’une carrière solo ouvre comme possibilités, que le projet de groupe ne permettait pas?

Pour moi, c’était simplement l’intention d’explorer et de mettre de l’avant des influences qui font aussi partie de mon univers.

Quels sujets trouves-tu plus simple ou intéressant à aborder en solo plutôt qu’en groupe?

L’identité visuelle et tout ce qui enrobe le projet sont définitivement plus simples. Les décisions, comme le choix de réalisateur pour des vidéoclip, le choix des photographes et des concepts pour la scène me reviennent. Ce n’est pas que le travail en groupe me déplait, au contraire, mais cela permet d’ouvrir une nouvelle discussion.

 

Julia Daigle présentera son projet solo à l’Hémisphère Gauche, le 13 novembre prochain. Billets et détails par ici.

 


Jamaz

Aussi membre de : LaF

Qu’est-ce qui est différent dans ton processus créatif lorsque tu travailles sur un projet solo?

Je pense que la plus grande différence lorsqu’on travaille en solo est que toute la direction artistique repose sur nous. Lorsqu’il y a plus de personnes impliquées, ça peut être plus difficile de choisir une direction qui nous est propre sans faire de compromis. Aussi, en solitaire, les chansons vont forcément avoir une connotation plus personnelle, on va pouvoir parler de sujets qui nous touchent et qui n’auraient pas forcément été abordés dans le cadre d’une création de groupe.

 

Comment décrirais-tu le sentiment d’avoir la foule venue que pour soi, et de présenter un album totalement assumé, pour soi?

C’est excitant, parfois stressant, mais c’est surtout un défi. Il faut assurer la performance tout seul, on a moins de temps en retrait sur scène pour prendre notre souffle et penser à la suite du show. Donc c’est un peu une montagne russe d’émotions, mais elle en vaut la peine!

Qu’est-ce qu’une carrière solo ouvre comme possibilités, que le projet de groupe ne permettrait pas?

Je pense que ça ouvre des portes, que ça permet d’encore plus s’exprimer. Personnellement, ça me permet aussi de travailler différemment, de rencontrer plus de gens. Je me retrouve dans des situations où je dois prendre plus de décisions que dans un cadre de groupe. Que ce soit pour des séances photo, des vidéoclips ou autre. Ça me permet d’en apprendre plus sur mon milieu et de grandir là-dedans.

 

Quels sujets trouves-tu plus simple ou intéressant à aborder en solo plutôt qu’en groupe?

Je trouve que l’introspection est plus facile à retrouver en solo. On est littéralement face à soi-même donc on finit inévitablement par s’analyser. Je ne pense pas que ce soit plus facile à aborder qu’en groupe vu que ça reste personnel, mais plutôt qu’on peut aller plus en profondeur dans les réflexions.

Jamaz jouera en programme double avec Calamine au Ministère le 11 novembre. Détails et billets par ici.


Carla Blanc

Aussi membre de : dear criminals

Qu’est-ce qui est différent dans ton processus créatif lorsque tu travailles sur ton projet solo ?

Je dois avouer que les cartes se mélangent un peu, puisque en band je travaille souvent seul au niveau de l’écriture de base et que je n’ai probablement jamais eu autant de collaborateurs que depuis que je suis en solo! Je dirais que c’est vraiment au moment de trancher pour les décisions finales que la différence se fait ressentir. Rendu là, c’est à moi et à moi seul que revient la tâche de déterminer si telle ou telle direction est la « bonne », si elle est ou non en accord avec ma vision, vision qui n’en est pas une construite à force de dialogues avec les autres membres mais presque entièrement par moi-même.

Avec les années, je remarque qu’en band il y a quelque chose comme une sorte de compromis créatif qu’on finit par établir. Souvent on finit par prendre des rôles précis et même par laisser un « combat » qui nous tient peut-être un peu moins à coeur au profit de quelque chose à quoi on tient vraiment. Il y a donc une certaine forme de politique dans le processus créatif collectif et c’est précisément cette distribution des rôles qui lorsqu’elle est fait sainement donne la pleine palette de couleur d’un band.

Pour un projet solo et bien on se retrouve la plupart du temps seul à devoir livrer toutes ces petites batailles, prendre toutes ces petites décisions, par nous-même. À certains moments on se sentira donc plus libre, plus entier, plus proche de ce que nous sommes nous puisque nous aurons éventuellement touché et sculpté la moindre facette du projet alors que, d’un autre côté, il arrivera de se sentir contraint, pris à devoir statuer pour une tâche ou un détail qui en temps normal serait délégué ou au moins partagé à plusieurs.

 

Comment décrirais-tu le sentiment d’avoir la foule venue que pour soi, et de présenter un album totalement assumé, pour soi?

Pour ce qui est de la foule, disons que vu les conditions des concerts depuis la sortie de mon premier album solo, c’est assez difficile de prendre le pouls. Je dirais qu’encore une fois ce qui est particulier devant le retour des gens sur ce qu’on fait est de ne pas pouvoir le partager. Honnêtement, c’est la facette du travail en solo que je trouve la plus ingrate. J’ai depuis toujours eu l’habitude de partager avec mes collègues de bands les messages reçus, les critiques, les petites discussions d’après concert avec les fans que l’on poursuivra parfois ensemble, en band, durant des jours. En solo, même si les musiciens avec lesquels je joue, ma gérante ou mon label qui me suivent dans chaque étape du projet, sont attachés à celui-ci et s’y donnent corps et âmes le temps venu, c’est quand même seul que je vis la plus grande partie de tout ça.

 

Qu’est-ce qu’une carrière solo ouvre comme possibilité, que le projet de groupe ne permettait pas ?

Je pense qu’il s’agit d’un voyage extrêmement enrichissant sur le plan artistique et créatif mais aussi sur le plan humain, un voyage que l’on fait avec soi-même et dont nous récolterons les fruits en grande partie individuellement. Bien que l’expérience du band soit tout autant gratifiante puisque je ne m’enorgueillirai pas plus ou moins des réussites de mon projet solo, en partie parce qu’un projet solo ça ne se fait jamais vraiment tout seul, je n’ai jamais senti qu’un processus créatif avait autant le pouvoir de moduler qui je suis qu’avec le projet solo. La recherche que je fais est avant tout une recherche sur moi-même. Aussi, c’est certain que la liste des collaborateurs est d’autant plus importante quand nous travaillons « seul » et qu’il est juste physiquement impossible de finir par tout faire sans aide. Ainsi, le projet solo permet en ce qui me concerne de m’ouvrir à plus de collaborateurs, ce qui est aussi très constructif mais aussi par moment assez confrontant puisque la matière première et bien c’est un peu soi-même et qu’on doit donc apprendre à se livrer, à se montrer vulnérable, tout le temps; pas toujours évident mais, encore une fois, très porteur d’un point de vue humain.

Quels sujets trouves-tu plus simple ou intéressant à aborder en solo plutôt qu’en groupe ?

Tout ce qui est relatif à la personne que je suis ou même à celle que je voudrais me voir être (c’est beaucoup ça Carla Blanc) est beaucoup plus facile à aborder seul. Bien que mon groupe Dear Criminals soit très introspectif je n’ai pas l’impression d’y toucher autant à l’Intime pour la simple et bonne raison que le propos est porté par l’ensemble du band. À travers mon projet solo j’ai le sentiment qu’il m’est permis de me réinventer sans avoir à revenir toujours à une direction artistique établie, commune, soit celle qui nous définie comme entité créative, puisque quoi que je fasse et peu importe la direction que je prenne je resterai toujours moi-même (comment faire autrement?) avec toutes les facettes et les incohérences que ça implique. Comme je suis quelqu’un de très changeant et bien je pense que si Dear Criminals est mon ancrage il faut s’attendre à voir mon projet solo prendre toutes sortes de directions dans les prochaines années.

Carla Blanc sera en spectacle avec Laura Lefebvre au Cabaret Lion d’Or le 5 novembre. Détails et billets par ici.


Feu toute!

Aussi membre de : Garoche ta sacoche

Qu’est-ce qui est différent dans ton processus créatif lorsque tu travailles sur ton projet solo?

La grosse différence pour moi a été de composer et d’écrire seule, puisqu’avant, je faisais ça à deux. Ça a été un défi de trouver ma façon de faire en solo. Je me suis rendue compte dans ce processus que ce qui est important pour moi, c’est de m’amuser et de me laisser aller. En fait, c’est ce qui est la base et la motivation de ma création. La genèse de Feu toute!

 

Comment décrirais-tu le sentiment d’avoir la foule venue que pour soi, et de présenter un album totalement assumé, pour soi?

Pour moi, le feeling reste le même. Il faut dire que j’étais tout autant investie dans mon projet duo que je le suis dans mon projet solo. Ce qui me fait tripper c’est de monter sur scène et d’offrir un show. Que ce soit avec mon ancien duo ou mon projet solo, le feeling est sensiblement le même.

 

Qu’est-ce qu’une carrière solo ouvre comme possibilité, que le projet de groupe ne permettait pas?

Je crois que c’est de pouvoir suivre mes envies à 100%.

 

Quels sujets trouves-tu plus simple ou intéressant à aborder en solo plutôt qu’en groupe?

Je dirais que le thème de la solitude est peut-être plus intéressant à aborder en solo. J’ai écrit une chanson dans la dernière année qui parle de ce sujet et je crois que ça prendra tout son sens quand viendra le moment de l’interpréter.

Feu toute! sera en spectacle au Verre Bouteille le 10 novembre. Billets et détails par ici.


* Cet article a été produit en collaboration avec Coup de coeur francophone.

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