Coleman Hell

Coleman Hell au Théâtre Fairmount | Le gourou pacifiste de la pop à Montréal

Relativement bien rempli, le Théâtre Fairmount a été l’hôte, vendredi soir, de deux artistes canadiens émergents offrant une pop aux saveurs diamétralement opposées. La fusion entre Ria Mae et Coleman Hell a donné droit à une soirée réussie totalement  survoltée et envoûtante.


Ria Mae en première partie

Pendant plus de 35 minutes, Ria Mae, originaire d’Halifax, a enfilé les chansons d’amour indie accrocheuses devant un public malheureusement peu réceptif. Montréalaise depuis peu, Ria Mae a fait connaître son matériel sobrement, et cela lui convenait à merveille. Elle n’a pas laissé les minimes pépins techniques assombrir sa performance. Bien qu’elle ait été, à l’occasion, enterrée par les lourdes basses et la percussion, la chanteuse a prouvé qu’elle peut livrer une prestation solide, même elle ne possède pas la voix d’Adele et la présence scénique d’une Beyoncé.

Se la jouant, de son propre aveu, Guns N’ Roses en improvisant de longs solos avec ses musiciens, Ria Mae a remercié les stations radiophoniques montréalaises, spécialement Virgin Radio, d’avoir été les premières à lui donner une chance en tournant en boucle les pièces Ooh Love, Gold et Clothes Off. D’ailleurs, cette dernière lui a valu un prix à la SOCAN en septembre dernier. Et, évidemment, ce titre sensuel a soulevé la foule, mais Crazy et I Don’t Wanna Know sont également dignes de mention.

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Coleman Hell nous emmène à Summerland

Dès que Ria Mae a quitté la scène, une musique quelque peu  éreintante a envahi la salle à mesure que de petites chandelles étaient installées au devant d’un piano. L’atmosphère s’annonçait maintenant plus solennelle. Le visage dessiné de Coleman Hell se formait sur un écran géant au son d’une voix féminine invitant les spectateurs à joindre Summerland, une ville fictive où tous les rêves deviennent possibles. La foule bouillonnait déjà d’impatience et d’excitation.

À 21 heures précisément, le chanteur de 27 ans a fait une entrée fracassante en amorcant son concert avec Summerland, extrait de l’album du même nom paru en octobre dernier. Coiffé bizarrement, affublé d’une lune sur le front et tout de blanc vêtu, l’artiste, avec son ample manteau agrémenté de fourrure, constrastait avec Ria Mae, qui ne jurait que par le noir. Question de bien mettre dans sa poche les spectateurs, il a enchainé avec le succès Fireproof. Dès lors, la scène s’est transformée en un véritable plancher de danse, et le public a semblé apprécier cette ambiance électrique.

Artistiquement parlant, le Canadien de Thunder Bay, qui en est à son troisième passage à Montréal en 2016, ose, avec tous les travers que cela implique. Le spectacle d’hier se résumait à une quête vers Summerland, cet endroit qui transpire le bien-être et la sérénité. Ce voyage vers la Terre promise comportait son lot de désirs (Flowerchild, Run Wild), de désillusions (Sitcom), de dévouement (Devotion), de party (Heat Of The Night) et de magie (Thumbalina, qui renvoie curieusement au film animé du même nom mettant en scène une fée plus minuscule qu’à l’accoutumée). Les beats qui enveloppaient ces thématiques se ressemblaient beaucoup trop, mais cela n’a point empêché à l’audience de sauter frénétiquement.

Même s’il a utilisé à bon escient des éclairages vifs et des projections vidéos, Hell a d’abord et avant tout impressionné par la puissance et le contrôle de sa voix. Ses déplacements constants ne l’ont pas essouflé. Les spectateurs entassés tout près de la scène n’ont jamais perdu leur intérêt, scandant sans la moindre hésitation les paroles de Summerland et l’EP Coleman Hell. Ils obéissaient au doigt et à l’oeil aux ordres du gourou de la paix, que ce soit jouer aux choristes ou hurler comme un loup dès qu’il agitait sa tambourine sur Howling Moon.

Le moment le plus touchant de la soirée a également été le plus sobre. Au piano, Coleman Hell a interprété Hidden Camera sur laquelle, ironiquement, une caméra a filmé la frénésie de la foule. Pour les rappels, avant de clore sur un bang avec le hit planétaire 2heads (qui était étonnamment moins percutante live que sur disque), la vedette et ses musiciens ont chacun enfilé une immense tête de monstre pour offrir All The Monsters. Un ajout visuel fort intéressant qui illustre très bien l’univers éclaté, coloré et amusant de Coleman Hell.

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Liste des chansons (Coleman Hell)

  1. Summerland
  2. Fireproof
  3. Flowerchild
  4. Sitcom
  5. Devotion
  6. Run Wild
  7. Thumbalina/Love Yourself (Reprise de Justin Bieber)
  8. Take me up
  9. Howling Moon
  10. Northern Soul
  11. Possessed
  12. Heat Of The Night
  13. Cold Feet
  14. Hidden Camera

Rappel

1. All The Monsters

2. 2heads

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