CMIM 2017 : Compte-rendu de la 3ème et 4ème séance

Pour cette deuxième journée de concours, en début d’après-midi, nous avons pu entendre deux candidats très contrastés

Le premier Jinhyung Park, un jeune coréen de 21 ans, s’est produit dans un programme autour de Beethoven, Chopin, Liszt et Ginastera. De manière générale, le passage du candidat est plutôt réussi. La sonate op.78 de Beethoven est bien dosée. La Tarantelle de Venezia e Napoli de Liszt semble maîtrisée et délicate sans que ce soit une démonstration technique. On manque cependant un peu de timbre dans le haut de la main droite. La barcarolle de Chopin est interprétée dans une version très différente de celle entendue hier par Mr. Guarrera : moins extravertie, elle est mieux construite et mesurée. La sonate op.22 de Ginastera nous montre le jeu très coloré du pianiste. On pourra peut-être lui reprocher un peu trop de prudence, probablement due à son jeune âge.

Gros coup de cœur pour le second candidat de la journée, déjà finaliste en 2014 et récipiendaire depuis de nombreux prix dans plusieurs concours internationaux : Alexander Ullman. Il est réellement le premier candidat qui sort du lot avec sa personnalité très affirmée. Sa toccata en do mineur de Bach est d’une grande vivacité tout en étant extrêmement claire et pas bousculée. Les Papillons op. 2 de Schumann semblent effleurer le piano avec délicatesse et élégance, tout en étant très colorés : on a l’impression de voir une multitude de papillons différents. Son jeu est très imagé. Il finit avec une transcription de Casse-Noisette de Tchaikovsky par Pletnev qui nous plonge dans un orchestre complet : Ullman ne joue plus du piano, mais il dirige un orchestre avec ses doigts. Il y a beaucoup d’émotions dans son jeu, on sent qu’il vit vraiment ce qu’il fait à chaque instant. On espère de tout cœur que le jury ne lui tiendra pas rigueur de son petit moment de faiblesse vers la fin de sa performance.
Nous n’avons malheureusement pas pu entendre en direct les deux autres candidats de l’après-midi, nous nous réservons donc le droit de ne pas porter de jugement sur leur performance.
La quatrième séance avait lieu mercredi soir, avec des personnalités toujours aussi différentes et un programme très varié.

C’est Teo Gheorghiu, du Canada, qui ouvre la soirée en commençant avec la sonate en sol majeur Hob. XVI : 40 de Haydn avec un touché très doux et une belle sensibilité. Il poursuit avec la Mazurkas op. 59 de Chopin en faisant preuve de plus de caractère, et davantage de franchise dans le n°3. Son jeu soigné et velouté s’illustre parfaitement dans les Valses nobles et sentimentales de Ravel. On pourrait toutefois lui reprocher le manque de contrastes de caractères dans les différents mouvements. Il termine avec Islamey, fantaisie orientale de Balakirev avec une fin triomphante, dans laquelle il parvient à affirmer sa virtuosité. Bien que l’on ait pu être un peu déçu du manque de fantaisie dans le Ravel, ce candidat a su toucher le public par sa sensibilité et sa fluidité de jeu.

Le second candidat, Albert Cano Smit, représentant l’Espagne et les Pays-Bas, a choisi quant à lui un programme assez risqué en interprétant notamment la Sonate n°13 en la majeur op. post. 120 D 664 de Schubert en deuxième position. Sonate difficile à défendre surtout en étant aussi jeune, il se montre plus convaincant dans le Prélude, chorale et fugue de Franck, où nous le sentons plus à l’aise et détendu, ne serait que dans sa posture. Il débute sa performance avec la Toccata en do mineur BWV 911 de JS Bach, affirmant dès le début un son très appuyé et à certains moment presque trop rigide.

Atsushi Imada, du Japon, est le troisième candidat de cette soirée. Il entame son programme avec la sonate Hob XVI : 50 de Haydn avec une pensée plutôt classique et sérieuse mais non dépourvue d’humour dans le final. Son étude de Liszt, La leggierezza, est interprétée avec délicatesse mais sans grande originalité. Pour finir, il s’attaque aux Études Symphoniques op.13 de Schumann. Le jeu du pianiste semble s’améliorer d’études en études : les contrastes se font moins timides et les résonnances plus profondes. En revanche, il manque tout de même de recherche dans les timbres afin de faire sonner le piano plus comme un orchestre symphonique comme indiqué dans le titre de la pièce : la prestation de Atsushi Imada est solide mais un peu trop sage.

La soirée se termine avec la jeune chinoise Ying LI de 19 ans qui démontre une belle énergie et une grande sensibilité sur l’ensemble de son programme. Tout comme Atsushi Imada, elle débute avec la Sonate Hob XVI : 50 de Haydn où elle se montre très convaincante dès le premier mouvement, tout en proposant une vision très classique. Elle poursuit avec la Fantasiestücke op.12 (extraits) de Schumann avec le Des Abends très doux et beaucoup de contrastes dans les autres mouvements. Puis elle termine son programme avec la Rhapsodie hongroise S 244 n°2 de Liszt, rendue toutefois un peu trop haletante. On a quelques difficultés à ressentir la stabilité rythmique notamment dans les passages de doubles croches répétées dans l’aigu. Un choix de programme peut-être légèrement périlleux mais qui néanmoins laisse le public très enthousiaste.

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