crédit photo: Antoine Saito
Orchestre Symphonique de Montréal

Clôture de la 90e saison de l’OSM à la Maison symphonique | Le majestueux éclat de l’orgue

L’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) mettait un terme, mardi, à sa 90e saison en présentant quatre œuvres postromantiques et modernes ayant pour dénominateur commun le Grand orgue Pierre-Béique, fêtant cette année les dix ans de son inauguration. Les quatre organistes qui se sont succédé et l’ensemble ont su brillamment faire valoir la fascinante complexité de l’instrument célébré.

On entend quelques « wow » dans le public quand l’organiste Olivier Latry est aperçu sur la plateforme en haut du chœur, seul moment dans la soirée où le Grand orgue Pierre-Béique ne sera pas joué à partir de sa plateforme mobile, sur scène.

L’orchestre et l’organiste français de renom (qui est d’ailleurs titulaire du grand orgue de Notre-Dame de Paris) s’attaquent à la fin du spectacle à la Symphonie no 3 en do mineur, op. 78 de Camille Saint-Saëns, composée à la fin du XIXe siècle. L’œuvre débute très doucement avec les cordes et les bois prenant peu à peu leur place. Le motif saccadé du thème principal est parfaitement interprété par de l’orchestre, on entend également particulièrement bien le basson : on sait à quel point il est compliqué de reproduire des rythmes comme tels à l’anche double.

Jouant à merveille un rôle plus discret dans l’enveloppant et touchant Poco adagio, Olivier Latry expose la profondeur de son registre à travers la phénoménale interprétation du Maestoso – Allegro en do majeur, puissante et solennelle. La finale est grandiose : Rafael Payre, les bras écartés, vient chercher le plein potentiel des quelques dizaines d’instrumentistes sur scène. Les cuivres se font entendre dans un trémolo soutenu des cordes, l’intensité atteint son apogée sur la note finale faisant résonner la Maison symphonique de plus belle.

Clap de fin.

* Photo par Antoine Saito.

Vent de fraîcheur

Cette clôture de la 90e saison de l’OSM a également laissé place à la création mondiale de Jubilate!, une fantaisie pour orgue et orchestre du compositeur québécois Denis Gougeon et une commande spéciale de l’OSM.

L’œuvre révèle une partition contemporaine assez accessible, mais à la fois très chargée harmoniquement. Les signatures rythmiques sont audacieuses, et les différentes ambiances proposées sont particulièrement intéressantes. Jubilate! est quelque peu éreintante à l’écoute, mais dans le bon sens du terme. On ressent peut-être quelques influences russes modernes à travers les lignes de l’orchestre.

* Photo par Antoine Saito.

Jean-Willy Kunz, organiste en résidence de l’OSM qui totalise près de 300 visites à la Maison symphonique à son compteur, s’en sort avec brio malgré la partition complexe, faisant valoir son jeu de pieds au cours d’une cadence pour pédalier s’inspirant d’un segment similaire de la Toccata festiva de Barber, entendue plus tôt dans la soirée.

Denis Gougeon monte sur la scène à la fin de l’interprétation de l’œuvre pour se faire applaudir par la Maison symphonique.

* Photo par Antoine Saito.

L’organiste sud-coréenne Shin-Young Lee ouvrait le spectacle avec une interprétation de la Toccata festiva de Samuel Barber. À noter que Shin-Young et Latry sont mariés, et performent souvent en duo ou simplement dans le même concert. Il y a pire comme activité de couple, disons.

Shin-Young Lee parvient à s’illustrer dans la partition éclectique, tirant autant ses influences dans la musique ancienne que dans la manière contemporaine de créer. La boucle est bouclée pour le couple, qui avait performé à l’inauguration du Grand orgue Pierre-Béique, en mai 2014.

Si la performance de Shin-Young Lee tricotait davantage dans l’intensité, Isabelle Demers a quant à elle offert une interprétation dans un tout autre registre, plus convenue et retenue, avec la plutôt secrète Symphonie concertante, op. 81 du compositeur belge Joseph Jongen. La pièce n’avait jamais été interprétée auparavant par l’OSM.

La Symphonie concertante est contemplative et émotionnelle : peut-être manquait-il un peu de nuances dans l’interprétation de l’orchestre, s’il faut pointer du doigt un paramètre moins maîtrisé. Le quatrième mouvement, la Toccata, s’emporte et laisse place à un (énième) final déjanté.

L’orgue est sans doute l’un des instruments les plus fascinants jamais créés, et il est réjouissant de savoir que l’OSM a su trouver la place, autant dans la clôture que dans la série Les 10 printemps du Grand Orgue Pierre-Béique, dans le programme de sa saison pour pleinement mettre en valeur l’instrument aux 6500 tuyaux (incroyable comme chiffre, mais vrai).

Madeleine Careau, cheffe de la direction de l’OSM notamment responsable de la création de la Virée classique et de la résidence de l’Orchestre à la Maison symphonique, faisait cette semaine ses adieux au public et à l’ensemble, après 25 ans passés à occuper ce poste. L’émotion se ressentait dans sa voix durant son discours de remerciement, au début du spectacle. Mélanie La Couture succédera à Carreau pour la prochaine saison.

L’Orchestre symphonique de Montréal offrira deux autres représentations de son spectacle de clôture cette semaine. Vous pouvez vous procurer des billets pour l’une des deux prestations en cliquant ici.

* Photo par Antoine Saito.

Photos en vrac

* Photo par Antoine Saito.

* Photo par Antoine Saito.

* Photo par Antoine Saito.

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