Les Violons du Roy

Charles Richard-Hamelin et les Violons du Roy | Soirée de rencontres et de découvertes

Dirigés par Mathieu Lussier, les Violons du Roy avaient samedi soir un invité de choix qu’ils accueillaient parmi eux pour la première fois. En effet, le pianiste Charles Richard-Hamelin s’est joint à eux dans le 22ème concerto pour piano de Mozart, K482. Le reste du programme mettait en lumière deux compositeurs classiques très renommés à leur époque mais beaucoup moins joués de nos jours : Johann Baptist Vanhal et Étienne Nicolas Méhul.

D’emblée, cette soirée s’annonçait riche en découvertes : tant au niveau du programme, certes inhabituel, qu’au niveau du mélange des styles avec un Charles Richard-Hamelin que l’on a beaucoup entendu dans Chopin et les Violons du Roy, plus habitués à jouer un répertoire baroque et classique.

L’un des choses les plus frappantes chez ce jeune pianiste qui mène déjà une carrière conséquente, ses prix à plusieurs concours prestigieux internationaux l’ayant propulsé sur le devant de la scène internationale, est cette impression d’amusement et de redécouverte incessante du piano. Métamorphosé depuis sa finale au Concours International de Montréal en 2014 à la Maison Symphonique, c’est maintenant un jeu perlé, sensible, avec beaucoup d’expression qui le caractérise.

En vrai poète des sons, Richard-Hamelin nous a prouvés qu’il pouvait s’affranchir de cette étiquette ‘Chopin’ qui lui colle à la peau pour nous offrir un Mozart frais, mêlant classicisme et romantisme mais toujours en mettant en avant le ludisme présent dans la musique de cet éternel enfant qu’était le compositeur.

Il a ainsi apporté sa touche personnelle à un concerto trop peu joué mais pourtant si représentatif du génie autrichien, prenant la parole avec autorité et finesse et s’effaçant à d’autres moments pour laisser dialoguer l’orchestre. Les Violons du Roy furent très à l’écoute du soliste et extrêmement réactifs malgré quelques passages un peu nébuleux. On leur pardonnera volontiers tant l’accompagnement fut de belle qualité.

En première partie, ce fut la Symphonie en ré mineur de Vanhal, compositeur né en Bohême et ayant étudié à Vienne, qui ouvrit le concert. De forme assez traditionnelle (elle comporte quatre mouvements et possède une instrumentation assez épurée), cette symphonie reprend les codes classiques et se situe entre Haydn et Mozart. On peut reconnaître en effet les surprises thématiques si chères au premier et les doutes harmoniques propres au second. Mathieu Lussier et son orchestre ont proposé hier soir une interprétation très ancrée dans le classicisme, dynamique et assez droite. On pourrait peut-être regretter la petite baisse d’énergie sentie dans le second mouvement et des contrastes un peu trop neutres parfois.

Finalement, la 1ère Symphonie en sol mineur du français Méhul fut aussi une belle découverte, tout particulièrement les deux derniers mouvements. L’un des aspects les plus fascinants de cette symphonie est qu’elle utilise le thème de la fameuse 5ème Symphonie de Beethoven alors qu’elles ont toutes deux été écrites à la même époque : aucun des deux compositeurs n’a emprunté le thème à l’autre pour écrire son oeuvre. Chez Méhul, on retrouve plutôt les traces musicales de Beethoven et on sent déjà une certaine émancipation du classicisme pour s’en aller tranquillement vers le romantisme.

À nos yeux (à nos oreilles?), ce fut la pièce la plus aboutie concernant l’interprétation des Violons du Roy : on y a senti la cohésion d’un tout où les contrastes étaient intégrés avec une grande intelligence.

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