crédit photo: Normand Trudel
Bridge City Sinners

Bridge City Sinners à Québec avec Yes Ma’am et Bosko Baker | Le son des street bands à l’honneur

« Complet » et « Je cherche un billet pour le show » ont été les mots d’ordre quelques semaines avant ce spectacle, qui s’arrêtait à l’Anti pour son étape à Québec samedi dernier. Avec The Bridge City Sinners, Yes Ma’am et Bosko Baker à l’affiche, pas étonnant que la billetterie ait été prise d’assaut dès le début du mois d’avril.

The Bridge City Sinners, en tournée « What the Puck » au Nord des États-Unis et au Canada du 4 mai au 3 juin 2023, étaient accompagnées de Yes Ma’am pour leurs dates à Toronto, Ottawa, Montréal, Québec et Sherbrooke. À l’occasion de leur arrêt dans la capitale, Bosko Baker a rejoint la fête pour une soirée à saveur bluegrass, americana, dark folk – et punk dans l’âme, il va sans dire.

Un groupe basé à Québec pour chauffer les planches

C’est à Bosko Baker et ses deux acolytes de scène – désignés avec affection par « the little fiddle » et « the big fiddle », respectivement violon et contrebasse – que revenait la responsabilité de préparer la salle. Les trois musiciens, dont le chanteur originaire du Midwest est installé à Québec depuis plusieurs années, ouvrent le show sur une reprise de la chanson I Like Pie, I Like Cake des Four Clefs, en version bilingue revisitée et bien pensée.

À la suite de cette mise en bouche, le groupe interpelle la foule et lui lance un défi : prouver que le public de Québec n’a rien à envier aux précédentes destinations de la tournée… avant d’entonner un morceau au refrain significatif, I’ve Got Your Back. Pour sceller ce pacte, les musiciens proposent un « toast irlandais », qui annonce le titre Good Ships, Wood Ships.

Les trois musiciens dégagent une très belle présence sur scène, on tape du pied en se laissant entraîner par la musique sans même y penser. Et pour bien faire les choses à la québécoise, le groupe clôt sa prestation par une chanson à répondre. La recette parfaite pour faire embarquer l’assistance déjà nombreuse à cette première partie d’une trentaine de minutes. Ajoutons une mention spéciale à la chanson Reel It In qui s’apparente à un fourchelangue aux paroles lancées à toute vitesse par le chanteur.

Psst! Si vous l’avez manqué pour ce concert à l’Anti Bar & Spectacle, Bosko Baker jouera au Festif de Baie-Saint-Paul le 22 juillet prochain.

 

Yes Ma’am en scène : yessir!

C’est simple : le mosh pit a commencé dès le deuxième morceau!

Visiblement, de nombreux spectateurs connaissaient déjà les paroles sur le bout des doigts, un écho se faisait entendre de la scène jusqu’au fond de la salle.

Si les musiciens ont commencé à deux sur scène, ils ont soudain été quatre après quelques chansons. Peut-être l’effet de l’alcool, direz-vous – et l’on se demandait si l’on voyait double, jusqu’à ce qu’un cinquième musicien ne les rejoigne sur scène. Un point pour l’effet de surprise.

Il s’avère que les planches chatouillaient déjà les pieds des Bridge City Sinners, puisqu’il s’agissait d’eux – n’accusons pas la bière trop vite ! Blague à part, certains musiciens des Sinners se produisent sur l’album Runaway de Yes Ma’am, enregistré en 2019 par Flail Records, la maison de disques DIY qui promeut les deux groupes. Une histoire de famille, somme toute!

Vous savez ce que l’on dit : à deux c’est bien, à cinq c’est mieux. Les adeptes de tapage de pieds et de bousculade ont été servis avec les mélodies de Yes Ma’am version familiale, soutenues par l’entrain contagieux des musiciens et surtout la voix claire et bien campée du chanteur.

Finale avec Weight of the World, qui apparaît sur l’album Bless This Mess, pour laquelle le public s’est carrément transformé en backvocals à chaque rengaine du refrain : « I love my baby but she don’t love me » et un rythme qui donne envie de sauter sur le prochain train qui passe.

The Bridge City Sinners dans un nuage de bulles

Pour rappeler la foule devant la scène après une deuxième pause cigarette, quoi de mieux qu’un très efficace I Wanna Rock and Roll All Nite de Kiss et une machine à bulles lancée à bloc?

Stratagème visiblement très efficace, puisque la salle était comble au moment de l’entrée en scène des cinq musiciens des Bridge City Sinners, avec Libby Lux au banjolele et au micro – rose, très bon choix ! –, Michael Sinner pour la guitare à résonateur, Lightnin’ Luke au violon, Clyde McGee au banjo et Scott Michaud à la contrebasse.

Après quelques mots pour les salutations usuelles de la chanteuse Libby Lux, et un « 1-2-3 – 666! », c’est la chanson Kreacher de l’album Here’s to the Devil qui ouvre le bal, suivie par Devil Like You, Song of the Siren, The Devil’s Swing, Rock Bottom, le tout ponctué par les commentaires impudents et le large sourire contagieux de Libby Lux.

À souligner chez les Bridge City Sinners – hormis bien entendu leur musique, leur présence sur scène, leurs airs entraînants – c’est l’unicité de chaque musicien, qui apparaît comme une entité propre dans le projet, à l’image des personnages de la commedia dell’arte incarnant chacun un archétype spécifique du théâtre de rue.

 

Comme un vent de voyage

À la fois pour la prestation de Bosko Baker, de Yes Ma’am et des Bridge City Sinners, leurs origines de street bands perçaient et imprégnaient l’atmosphère – dans cette même noble lignée que des groupes québécois comme les Stompin’ Trees, HomeBrew Remedy ou encore Street Meat pour ne citer que ceux-là.

Une vraie musique de bord de chemin aura secoué l’Anti le temps d’une soirée aux codes décalés, un vent de voyage comme on les aime, et qui aura certainement su éveiller chez plusieurs des souvenirs de grandes étendues et des envies de sortir son sac à dos pour un nouveau départ sur le pouce.

 

Photos en vrac

Yes Ma’am

Bosko Baker

Vos commentaires