Bluesfest d’Ottawa – Jour 9: Billy Talent, The Tea Party, Tim Robbins & the Rogues Gallery Band

Le présent, le passé et l’intemporel

Jeudi 15 juillet 2011 – Plaines Lebreton (Bluesfest d’Ottawa)

Il y a de ces jours où l’on aimerait pouvoir se scinder en trois. C’était le cas ce soir, au Bluesfest d’Ottawa, où l’idéal aurait été d’avoir une oreille attentive au concert de Tim Robbins & the Rogues Gallery Band, une oreille curieuse à la réunion nostalgie du trio The Tea Party et les yeux au spectacle coloré de Billy Talent. À défaut de jouir du don d’ubiquité, il fallait choisir son camp… ou faire comme bien des gens sur les Plaines Lebreton hier soir: faire la navette entre les trois.

C’était, évidemment, Billy Talent qui occupait la scène principale, à 21h30. Très dynamiques sur scène, le chanteur cartoonesque Ben Kowalewicz et son guitariste à la tête en brosse à souliers Ian D’Sa en mettaient plein la vue dès le départ, devant un immense arrière-plan noir sur lequel était inscrit, en lettrage blanc, « Billy Talent ».

Rien de très élaboré côté mise en scène, les 2 principaux protagonistes étant suffisamment charismatiques pour occuper l’oeil. Cette sobriété est la bienvenue pour un groupe qui incarne le rock moderne, univers dans lequel le tappe-à-l’oeil semble être la norme.

Musicalement, Billy Talent n’a rien à se reprocher. Bien que leurs compositions ne réinventent pas le genre punk, au moins la troupe est bien équilibrée et maîtrise bien les quelques « jabs » de sa musique musclée.

Ceux et celles qui digèrent mal les cris de chihuahua de Kowalewicz feraient toutefois mieux de s’abstenir, ceux-ci étant particulièrement insupportables en concert.

The Tea Party, réunis

Un pas de côté s’imposait, question d’aller voir ce que The Tea Party avait à offrir. Trio marquant de la scène alternative canadienne des années 1990, Jeff Martin (guitare, voix), Stuart Chatwood (basse, clavier) et Jeff Burrows (batterie) semblaient s’amuser ferme à faire revivre leurs nombreux hits post-grunge. Le groupe fait partie des nombreuses formations des années 1990 à effectuer un retour au Bluesfest d’Ottawa cette année (après Soundgarden et A Perfect Circle, ainsi que Jane’s Addiction qui fera de même samedi).

L’ambiance bon enfant qui régnait devant la scène Subway (où une foule très fournie écoutait semi-attentivement) faisait oublier les imperfections musicales de certains titres, notamment The Messenger. La jolie chanson de Daniel Lanois que The Tea Party a transformée en hit au tournant du nouveau millénaire était interprétée de façon un peu paresseuse. Le succès Temptation n’avait rien de très convaincant non plus, alors que Fire in the Head atteignait davantage la cible.

Un constat s’impose toutefois: Jeff Martin n’a rien perdu de sa maîtrise vocale. Voyageant d’un octave à l’autre avec aise, Martin possède l’une de ces voix que bien des rockeurs jalousent, et sait encore très bien comment s’en servir.

Outre son matériel des belles années, The Tea Party a également proposé deux reprises intéressantes: The Last Goodbye de Jeff Buckley en sandwich entre deux bouts de Save Me et le classique des Stones Paint it Black qui sied à merveille au style de The Tea Party.

« Est-ce que The Tea Party devrait rester? », a demandé Jeff Martin à la foule. La réponse semblait unanime…

Tim Robbins & the Rogues Gallery Band

Un peu plus au sud du site, l’acteur Tim Robbins se faisait chanteur, accompagné par le talentueux Rogues Gallery Band. Son folk délicat ne bénéficiait pas du contexte idéal pour se faire valoir, avec les échos de Billy Talent (constat: les cris de chihuahua de Kowalewicz portent très loin!) en arrière-plan.

Il faut dire que Tim Robbins semble avoir le coeur à la bonne place, mais sa voix ne colporte malheureusement pas autant d’émotion qu’il ne le souhaiterait.

L’amalgame musical proposé par Tim Robbins & the Rogues Gallery Band n’est pourtant pas sans charme: une base folk assez traditionnelle avec des effluves irlandais et des propos intemporels. La jolie You’re My Dare et l’air folklorique Oh! Mary Queen of Weep se sont démarqués du lot.

Pas mal pour une star de Hollywood qui fait le plongeon dans la sphère musicale, mais il faudra plus que des bonnes intentions et un groupe de soutien bourré de talent pour que cette aventure ne convertisse les fans du genre.

Grille de chansons – The Tea Party (selon Setlist.fm):