Bluesfest d’Ottawa – Jour 7 : Soirée magique avec Lauryn Hill et Snoop Dogg!
Mardi 10 juillet 2012 – Plaines LeBreton (Bluesfest d’Ottawa)
On dira ce qu’on voudra de Lauryn Hill, de son égocentrisme et de ses retards légendaires. On dira aussi ce qu’on voudra de Snoop Dogg, de son attitude « gangsta » sexiste et de sa fixation sur la marijuana. Il n’en demeure pas moins que les deux stars hip-hop d’une autre décennie ont combiné leurs efforts mardi soir pour offrir, du moins à date, la meilleure soirée du Bluesfest d’Ottawa 2012…
Le programme disait « 20h – Scène Claridge Homes: Lauryn Hill ». Évidemment, sa réputation la précède et personne ne croyait que « Miss » Lauryn Hill se pointerait à l’heure convenue.
Néanmoins, des milliers d’adeptes ont tenté le coup. À 20h, un DJ est arrivé « pour réchauffer la foule ». Il a fait jouer quelques hits de Marley, puis Somebody That I Used To Know, de Gotye. Une toune de NAS, une autre de Drake, puis Jay Z, Sean Paul, Dr. Dre, Chaka Demus & Pliers. « Make some noiiiiiise ». De fois en fois, la foule en faisait de moins en moins, du noiiiiise. Il était 20h30 et toujours pas de Lauryn Hill.
Certains, peu accoutumés à la « malléabilité temporelle » de l’ex-Fugees, commençaient à huer. Les habitués, eux, connaissent (sans comprendre) le petit jeu.
C’est finalement à 20h41 que la diva s’est montré le bout du nez (40 minutes de retard étant pas mal sa moyenne en mode festival), accueillie par un étrange mélange d’euphorie et de sarcasme.
Heureusement, elle semblait en grande forme, la dame à la robe zébrée, si ce n’est d’un petit éraillement de la voix, à peine perceptible. Accompagnée d’une troupe au groove irrésistible – batteur, bassiste, guitariste, claviériste, 2 DJ et 3 choristes – Ms Lauryn Hill n’a pas perdu de temps pour se faire pardonner: Killing Me Softly, version revampée, dès le départ, suivie de Everything Is Everything et Superstar, réactualisée voire presque méconnaissable.
La cadence se poursuit avec Lost Ones, aux multiples changements de tempos, parfaitement maîtrisés, et Ex-Factor, plus dramatique, dédiée aux « ladies ».
Ceux qui s’inquiétaient de voir Lauryn Hill s’arrêter à 21h (après, donc, 20 minutes de prestation) tel que prévu à l’horaire, n’avaient rien à craindre. L’ex-Fugees, voyez-vous, dispose de son propre fuseau horaire.
Elle se lance donc dans une série de chansons des Fugees: How Many Mics, avec son rap endiablé, le méga-succès Ready Or Not, encore une fois passablement modifiée, puis une nouvelle relecture de Killing Me Softly.
Une demi-heure après son temps limite prévu – soit à la même heure que le début de la prestation de Snoop Dogg, en théorie – le dame se retire de scène et son DJ prépare la table… pour un rappel!
On défonce l’horloge avec Turn Your Lights Down Low, Could You Be Loved de Bob Marley et Doo Wop (That Thing). Et tant qu’à prendre le temps pour régaler le public, pourquoi pas inviter ses trois jeunes enfants, qui l’accompagnaient en arrière-scène, à la rejoindre sur scène! Les petits John (9 ans) et Joshua (10 ans) ont même offert chacun un rap. Constatez à quel point John – que Lauryn Hill a tout de même conçu avec un fils de Bob Marley, Rohan Marley – se débrouille plutôt bien pour un bambin:
Snoop Dogg, Deltron 3030 et Asap Rocky
Après cette prestation tout feu tout flamme, Snoop Dogg ne disposait plus que de 50 minutes pour conclure la soirée. Du moins, en théorie. Ottawa allait-elle se montrer plus permissive que sa réputation ne laisse croire?
Le rappeur américain a lancé les festivités avec I Wanna Rock, Tha Shiznit et P.I.M.P., coup sur coup sans trop de flafla, pendant qu’une quantité absurde d’agents de sécurité circulaient dans la foule afin de piéger les fumeurs de marijuana. C’était comme pêcher à la dynamite…
Sans décor ni éclairage élaboré, Snoop Dogg se la jouait relaxe, avec son DJ, deux MC et des pitounes qui performaient des danses lascives vaguement chorégraphiées.
Après avoir emprunté All I Do Is Win de son pot – euh, pote – Wiz Khalifa, Snoop Dogg a même interprété California Gurls de Katy Perry. Une rupture de ton un peu ridicule, mais bon…
Un segment s’imposait pour passer de la mari aux demoiselles, avec Beautiful (pour laquelle il a invité quelques dames à monter sur scène afin de se déhancher) puis Sensual Seduction, au cours de laquelle les pitounes (professionnelles) ont démontré toute l’expertise acquise lors de leur formation dans les stripclubs les plus crades avant de se joindre au show de Snoop Dogg.
De retour aux titres plus rythmés, Snoop Dogg enchaîne avec Jump Around (de House of Pain, bien sur), Drop It Like It’s Hot et Who Am I (What’s My Name)? Du vieux et du neuf, comme tout le reste. Mais une énergie soutenue et du hit mur à mur, qui comble les fans et même les curieux.
Même certains agents de sécurité ont été surpris à se dandiner, ce qui porte à se demander ce qu’ils font du « stock » qu’ils confisquent…
Comme le couvre-feu de 23h approchait et qu’on se doutait que Snoop Dogg le défoncerait allègrement, une visite s’imposait du côté de la Scène Électro, afin de jeter un coup d’oeil sur la fin du spectacle de Deltron 3030, composé de Dan The Automator, Kid Koala et Del Tha Funky Homosapien, désormais plus connu pour sa participation au sein de Gorillaz.
D’ailleurs, au moment de notre arrivée, le groupe – il y avait un batteur, un bassiste, un guitariste, un ensemble de cuivre et un quatuor à cordes, menés par le « chef d’orchestre » Dan The Automator! – se lançait justement dans une version grandiose du succès Clint Eastwood de Gorillaz. Imaginez le fameux tube, rappé par Del Tha Funky Homosapien mais embellit par le scratch de Kid Koala, des cuivres et des cordes! Sublime!
Malgré la présence de Snoop Dogg sur la scène principale au même moment, Deltron 3030 avait réussi à se munir d’une foule assez fournie merci, et visiblement satisfaite de son expérience. À 23h pile, l’expérience Deltron 3030 se terminait et du côté de Snoop Dogg… aussi!
Au final, la star de la soirée aura joué une demi-heure de moins que Lauryn Hill et… 5 minutes de moins que Asap Rocky, en début de soirée. Eh bin. On le reverra (plus longtemps, sans doute) à Osheaga.
Parlant du jeune loup (Asap Rocky), sa prestation sur la scène principale à 19h manquait d’un certain je-ne-sais-quoi. Sa musique, riche en basses fréquences, semblait redondante, tout comme les bruits de fusils entre chaque pièce et l’éternel appel à mettre les mains dans les airs, comme s’il s’agissait d’un holdup collectif.
Très énergique et charismatique, le jeune Asap Rocky a le chien qu’il faut pour devenir une star, aucun doute. Mais le manque de profondeur de son mince répertoire l’empêche d’occuper dignement une heure de prestation.
Photos en vrac
(par Greg Matthews)
Snoop Dogg
- Artiste(s)
- A$AP Rocky, Deltron 3030, Lauryn Hill, Snoop Dogg, Zeus
- Ville(s)
- Ottawa
- Salle(s)
- Plaines LeBreton
- Catégorie(s)
- Festival, Indie Rock, Pop, Rap/Hip-hop, Soul/R&B,
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