crédit photo: Marc-André Mongrain
Mumford and Sons

Bluesfest d’Ottawa 2023 – Jour 6 | Guerre aux drogues, muffins au son et alertes de tornades

Tout le monde était sur les dents jeudi soir à Ottawa. On annonçait des faibles chances de tornades et de fortes chances de Mumford & Sons. Un cocktail pour le moins menaçant, qui laissait flotter un sombre spectre au-dessus des Plaines Lebreton.

Imaginez la scène : vous vous trouvez à bord d’un autobus qui roule à vive allure sur la 417, direction Ottawa, pour vous rendre dans un festival extérieur. Soudainement, une quinzaine de téléphones de passagers à bord émettent tour à tour l’infâme son des alertes Amber.

C’est une alerte d’urgence météorologique. Votre autobus est littéralement en train de vous reconduire tout droit dans la gueule d’une catastrophe naturelle. Nice. Tout ça pour aller voir Mumford & Sons.

Une autre alerte nous mettait en garde. « Mettez-vous immédiatement à l’abri si un air de banjo menaçant s’approche. »

Tels de braves chasseurs de tornades, nous avons ignoré les alertes et tout de même poursuivi notre chemin vers les Plaines.

On fait des blagues, mais mine de rien, la météo catastrophe a causé l’annulation crève-coeur du spectacle des Cowboys Fringants au FEQ. Un spectacle qui, on le devine, tenait grandement à coeur au groupe et aux fans. Heureusement, on apprenait ce matin que le spectacle est remis à lundi, ce qui étirera le festival d’une journée supplémentaire.

Du côté d’Ottawa, le pire de la tempête était passé, et le ciel s’est même dégagé à temps pour le début des spectacles.

On a donc pu voir The War On Drugs à l’oeuvre, ce qui nous a rappelé à quel point Adam Granduciel — nom de famille à propos en cette journée d’inquiétude météo! — et sa bande forment un groupe solide, qui sait étirer les chansons en jam enivrants.

Granduciel nous semblait en grande forme, content d’être là, ce qui fait contraste avec le spleen des premières chansons interprétées soit Oceans of Darkness, Pain et Red Eyes. Le leader de TWoD a sombré il y a plusieurs années dans une dépression terrible qui lui a permis de créer certaines de plus belles chansons de rock à fleur de peau des dernières années, et c’est magnifique de le voir les défendre avec une bien meilleure mine.

La bande est belle à voir, et agréable à entendre. Le batteur Charlie Hall est particulièrement expressif derrière les tambours, et Eliza Hardy Jones, qui suit le groupe en tournée pour des ajouts de claviers et percussions, est également tout sourire. On sent un réel plaisir partagé au sein du groupe.

Le public, lui, ne semblait pas être venu pour voir (et écouter) The War On Drugs. Ça jasait fort au parterre durant la prestation, pourtant très solide.

On se demandait d’ailleurs si cette « première partie » de Mumford and Sons allait durer 60 ou 90 minutes. Surtout que rendu à la barre des 60 minutes, Eyes to the Wind sonnait comme une spectaculaire fin de spectacle. Mais il manquait encore des gros titres à interpréter. Alors Granduciel et ses musiciens ont poursuivi avec Under the Pressure, dont la finale sonnait également comme un grandiose climax, puis la touchante I Don’t Live Here Anymore.

C’était finalement ni 60, ni 90 minutes, mais bien 75 minutes, sans interpréter la magistrale An Ocean In Between The Waves, qui semble avoir été évacuée de leur setlist. Dommage. Mais ça demeurait un excellent moment en compagnie de The War on Drugs. Les vrais fans seront toutefois mieux servi au MTELUS ce soir, puisque le groupe jouera en salle à Montréal, et le public risque d’être autrement plus respectueux.

 

Sudan Archives

Belle découverte ensuite du côté de la scène SiriusXM : on a finalement pu voir quelques chansons de la talentueuse violoniste, chanteuse et musicienne Brittney Denise Parks, alias Sudan Archives, en spectacle.

Seule sur scène, elle s’accompagne de trames pré-enregistrées, de sons créés sur scène avec des pédales de loop, et d’un violon qu’elle tend comme un arc, avec l’archet fixé au dos comme une flèche.

Ses inspirations sont diverses : ça passe de divers courants de musique africaine à la musique électronique et la musique irlandaise, mais toujours dans un rendu relativement pop, très moderne.

Sa présence charismatique embarque la foule à coup sûr. Elle a visiblement fait bon effet.

Muffins au son

Rendez-vous ensuite sur la grande scène, pour aller prendre des photos de Mumford and Sons, que plusieurs — bon, ok, juste moi! — surnomme(nt) Muffins au son, en raison de leur goût fade.

Combattons les préjugés : ça doit faire 7 ou 8 ans qu’on ne s’est pas exposés à la musique folk-pop irlando-britannique de la troupe, qui est, avouons-le, toujours fort populaire. Les Plaines étaient bien remplies pour leur retour à Ottawa quatre ans après avoir fait le Centre Canadian Tire.

Déjà, ça augure mal : les lumières se tamisent, le spectacle commence et… ils font jouer Everything I Do de Bryan Adams… au COMPLET!

Misère. Qu’est-ce qu’on a fait pour mériter ce moment mielleux avant même que les musiciens se pointent?

Le groupe s’installe ensuite pour jouer Babel, Little Lion Man et Roll Away Your Stone, et c’est pas vilain, mais pas remarquable non plus. Les chansons sont un peu paresseuses dans l’écriture et pas très originales, mais bon…

Le chanteur Marcus Mumford est bon joueur et fait bon effet aux jeunes femmes en première rangée qui se pâment devant lui.

Certains en ont même apparemment fait leur musique de mariage.

C’est vrai que ça fait de la bonne musique de mariage, Mumford and Sons : doucereuse, mieilleuse, sans rebondissements… Des petits airs tranquilles qui évoquent l’espoir et la tranquilité.

Tous les musiciens ont l’air gentils et heureux au sein de leur groupe, surtout le bassiste Ted Dwane, très expressif derrière sa basse électrique et sa contrebasse.

L’une des marques de commerce de Mumford and Sons est l’emploi du banjo, et ça fait drôle de voir Matt Menefee, musicien engagé, un peu en arrière-scène. Mais ça se comprend : il remplace depuis mars 2021 Winston Marshall, qui s’est désisté du groupe en raison du malaise causé par ses prises de position politique douteuses. On ne semble pas trop s’ennuyer de lui.

Bref, on est allé plutôt faire un tour du côté de la scène River pour découvrir Declan McKenna, dont les chansons indie pop nous inspiraient un bon petit show de festival.

Et on a été servi.

Fort sympathique, le jeune homme britannique de 24 ans donne un bon spectacle, avec ses chansons fort accrocheuses, parfois pop, parfois sentimentales, et parfois franchement rock. De l’indie pop fait sur mesure pour s’intégrer aux playlists sur Spotify. Dans le meilleur sens possible.

En terminant son set avec la très très accrocheuse Brazil, et l’excellente British Bombs, il semblait évident que les fans enthousiastes allaient exiger un rappel. Declan et ses musiciens ont obtempéré avec une version tonitruante de All Things Must Pass de George Harrison. Bien joué, jeunot!

À notre sortie du site, des feux d’artifice envahissaient le ciel juste au-dessus de la scène principale. Mumford and Sons avaient apparemment réservé une finale digne d’un film Hallmark à ses fans. Eh bin. Ils eurent probablement des enfants et furent probablement heureux.

Le Bluesfest d’Ottawa se poursuit vendredi soir avec Charlotte Cardin en tête d’affiche.

 

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