crédit photo: Marc-André Mongrain
Alexisonfire

Bluesfest d’Ottawa 2022 – Jour 6 | Toutes les couleurs du punk

Qu’est-ce qui est punk au juste ? Est-ce qu’une cadence de batterie rapide avec des riffs de guitare distorsionnés, c’est automatiquement du punk ?  Si t’as un chanteur ET un screamer dans ton band, c’est punk?  Faut-il revendiquer, communiquer de la colère, un rejet des normes sociales et un désir d’anéatir l’ordre établi ? Le skatepunk, le pop punk et le post-hardcore sont-ils des déclinaisons du punk compatibles pour un public friand de ce genre musical ?

On se posait toutes ces questions mercredi soir, alors que le Bluesfest d’Ottawa avait programmé un triplé punk sur les Plaines Lebreton : Millencolin, Sum 41 et Alexisonfire se succédaient.

On se posait trop de questions, en fait.

Le gars devant nous n’avait pas les réponses non plus, mais nous rappelait avec son derrière de chandail que ce que ces bands ont en commun, c’est qu’ils auraient tous pu jouer au Rockfest. Faut pas chercher plus loin.

Il s’ennuie visiblement du Rockfest / Montebello Rock, le gars devant nous.

D’ailleurs, il se passe quoi avec le Rockfest?  Depuis que le Rockfest n’existe plus, on dirait que tous les festivals du Québec (et de l’Ontario) se sont mis à booker des soirées punk de tout acabit. C’était plus facile à gérer quand ils étaient tous concentrés à un endroit, un week-end, avec du camping et des toilettes qui débordent.

Tout ça pour dire qu’à Ottawa, le groupe suédois Millencolin ouvrait la soirée avec une bonne heure bien tassée de rock qu’on pourrait aisément confondre avec du Lagwagon et du Bad Religion.

On retient que le guitariste Mathias Färm est de loin le plus charismatique de la bande. Il fait des drôles de face, il chante sans micro, bois de la bière comme Stone Cold Steve Austin sur scène et fait des poses pour les photographes. On l’aime beaucoup.

 

Suivait Sum 41, et j’ai immédiatement compris pourquoi les photographes de concert aiment autant les shows punk comme ceux-là.

Ces gars-là savent comment bouger, se placer, faire des gestes exagérés, pointer la foule, etc.  Et ils ont des petits piédestaux pour se mettre en évidence chacun leur tour. Ça dirige le regard.

On le dit pas assez, mais des groupes comme Sum 41, ça excelle en mise en scène. C’est comme un ballet de sympathique piètreries, avec en bonus un gigantesque squelette gonflable en arrière-plan, qui lève quatre doigts d’une main, et le majeur de l’autre (signe de 41, comme dans Sum 41).  Fort. Très fort.

 

Avec des titres archi-connus In Too Deep, Makes No Difference et Fat Lip, et une reprise de We Will Rock You de Queen, Sum 41 et son charismatique leader Deryck Whibley s’assurent d’avoir la foule dans leur poche.

On aime ou on n’aime pas les chansons du groupe d’Ajax, en Ontario, mais une chose est sure : leur show est tout sauf plate.

Puis en fin de soirée, c’était au tour du groupe Alexisonfire, qui a rappelé qu’ils ont tous commencé comme disquaires indépendants et membres de groupes obscures, avant de bénéficier de l’appui indéfectible de leurs fans de la première heure, à l’époque où ils étaient un petit band de St. Catharines, en Ontario.

« Go find a local band, and make them your favorite band », scandait le screamer George Pettit, vêtu d’une sympathique salopette.

 

Le plus beau des cinq collègues demeure Wade MacNeil, guitariste qui a tout physiquement d’un évadé de prison… en one-piece léopard. Vraiment cute !

Le groupe ne manque certainement pas d’intensité, ni d’enthousiasme en tout cas.

Dès le départ, en enchaînant Committed to the Con (nouvelle chanson parue cette année), avec Drunks, Lovers, Sinners and Saints et Boiled Frogs de leur troisième album Crisis, le groupe a affiché ses couleurs. On entendra du neuf et du vieux, sans aucun temps mort ni demi-mesure.

Avis aux intéressés, selon Setlist.fm, Alexisonfire se produira au MTELUS, à Montréal, ce soir et demain… dans le cadre du festival Nuits d’Afrique !

On a bien hâte d’entendre comme ils vont intégrer les influences africaines à leur post-hardcore emo !

 

Pas de côté pas punk

La programmation de la scène principale avait un fil conducteur qui rendait notre article plus facile à écrire.

Mais nous avons aussi fait un petit pas de côté pour aller voir Chicano Batman, du côté de la scène SiriusXM, et ça s’est avéré être notre spectacle préféré de la soirée.

Le groupe latino de L.A. fait dans ce qu’on pourrait appeler du soul psychédélique, plus indie rock sur scène que sur disque.

Encore une fois, les membres sont absoluments magnifiques : le chanteur Eduardo Arenas est vêtu comme un joueur de soccer, mais c’est le bassiste qui vole la vedette en matière de look avec son habit blanc assorti d’une chemise rouge, sa coupe Longueuil et ses bottes de cowboys. 👌

 

On aimait bien ce qu’on entendait sur les albums depuis quelques années, mais sur scène, Chicano Batman est encore plus convaincant, grâce au brio de chacun de ses musiciens.

Un très bon band à voir live. Pour l’instant, le groupe ne semble pas avoir de date prévue au Québec.

Le Bluesfest d’Ottawa se poursuit jeudi soir avec une programmation country sur la scène principale, mais aussi, surtout, Janette King et Lucy Dacus, ainsi que trois groupes qui titillent la nostalgie des années 1990 : The Tea Party, Crash Test Dummies (!) et Wide Mouth Mason.

 

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