Charlotte Gainsbourg

Bluesfest d’Ottawa 2015 – Jour 6 | Future Islands, METZ, John Butler… et la pluie

Au lendemain d’une veillée nostalgique sur les Plaines d’Abraham, le Bluesfest d’Ottawa répliquait avec sa propre soirée classic rock : Lynyrd Skynyrd en tête d’affiche sur les Plaines LeBreton. Pendant que des milliers de festivaliers à chaises pliantes attendaient impatiemment leur « Sweet Home Alabama », Sors-tu.ca a préféré opter pour des options beaucoup plus au goût du jour, malgré une météo exécrable.


C’était pourtant bien parti, côté ciel, vers 18h lorsque le groupe montréalais Operators performait au gros soleil. Dan Boeckner et sa nouvelle troupe électro-rock dansante ne jouissait pas d’une foule très fournie, mais une petite cinquantaine de curieux se faisaient tout de même cuire l’épiderme en dansant timidement. L’ambiance était tout de même agréable, et le groupe se donnait sans relâche.

Personne ne semblait très familier avec les chansons du band, et c’est bien normal : ils n’ont qu’un EP à leur actif. Ils en ont d’ailleurs joué la majorité, ainsi qu’une nouvelle chanson nommée Evil, que le groupe aurait carrément écrite la semaine dernière. On est loin des succès souvenirs de l’éventuel headliner.

METZ et l’apocalypse

À 19h, le groupe torontois METZ produisait son imposant vacarme du côté de la scène Canadian, près de la rivière. Abrasif sur disque, le trio l’est trois fois plus sur scène. Il est difficile d’éviter les comparatifs avec Nirvana, époque Bleach : ton de basse à la Novoselic, Jag-Stang qui résonne la distorsion, batterie sans merci… Ça ressemble à une version actualisée de ce qui se faisait de meilleur à l’époque du grunge.

Le ton menaçant des chansons de METZ a visiblement inspiré Dame Nature, qui s’est fâchée elle aussi. Si les pièces du trio ressemblent à une trame sonore de l’apocalypse, on aurait dit que le ciel servait de décor, se noircissant progressivement.

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Puis, c’est tombé comme des clous, au grand plaisir du moshpit qui y voyait une petite coche d’intensité supplémentaire. Petite scène oblige, les techniciens ont tenté de couvrir l’équipement avec des bâches transparentes, mais il pleuvait trop, et METZ a dû écourter son spectacle d’une chanson ou deux.

Belle occasion d’aller voir Samuel T. Herring sur la grosse scène, qui résistait un peu mieux aux intempéries.  On dit Samuel T. Herring, parce que bien franchement, l’intérêt d’aller voir Future Islands repose sur ses épaules.

Ses petits pas de danse sont devenus une référence dans le milieu du festival, au point où le Willamette Week a publié un petit guide illustré (et animé) pour danser comme Herring.

En gros :

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Et n’allez pas croire qu’être détrempé allait arrêter le maître Herring. Oh que non. Ceux qui ont déjà vu Future Islands en spectacle savent qu’il a l’habitude d’être mouillé. D’habitude, c’est sa propre sueur.

Sous la pluie, il se tape généreusement la poitrine, faisant éclabousser les gouttelettes, et grogne autant qu’il chante, de sa magnifique voix de crooner qui dévie parfois vers des cris death metal.

 

Black Lips et John Butler Trio

Une fois la pluie un peu calmée, les Black Lips faisaient ce qu’ils savent faire de mieux : avoir l’air d’un band amateur. La troupe la moins tight du circuit indie rock demeure plus agréable à voir en spectacle, parce que leurs chansons sont accrocheuses et leur attitude de va-nu-pieds les rend sympathique.

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La soirée s’est terminée avec un groupe beaucoup plus appliqué : le John Butler Trio. En fait, ça a commencé et terminé en tant que John Butler Trio, mais il y a tout de même eu un long moment – très notable par ailleurs – où c’était le John Butler Solo, voire le John Butler Duo.

En fait, parmi les chansons proposées, rien ne se ressemblait vraiment. La formule trio rappelle un peu le Dave Matthews Band, style jam-band aux chansons un peu lover, mais tout de même très impressionnant sur le plan technique. D’autant plus qu’ils ne sont que trois musiciens, soudés, fusionnés.  C’est rock, folk, un peu bluesy. Butler joue de la guitare électrique, du banjo, de la 12-cordes.

Puis, le bel Australien s’assied, désormais seul sur scène, pour l’interprétation de son classique Ocean, une pièce instrumentale à couper le souffle. Une virtuosité d’une quinzaine de minutes à la guitare 12-cordes. Et ça fonctionne du feu de Dieu…

Tout de suite après, sa compagne Mama Kin, qui jouait plus tôt en soirée sur la même scène, le rejoint pour un très joli duo country-blues intitulé Jenny. Superbes harmonies vocales.

Et ensuite, on termine cela avec d’autres jams du groupe, dont Don’t Wanna See Your Face. Le public ne se peut plus.

Il est charmeur, le John Butler, et bien que ses chansons ne réinventent pas le genre du jam-band à l’Américaine (même s’il est australien), son charisme et la dextérité de son band entier compensent amplement.


* Le Bluesfest d’Ottawa se poursuit mercredi avec notamment Run The Jewels, CHVRCHES, Hedley, Gaslight Anthem et De La Soul.

 

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